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La listériose tue au Canada : déjà 12 décès… et ce ne serait pas fini !

Publié le 26 août 2008 par Kamizole
listeriose-prelevement-pour-analyse.1219776821.jpgJ’ai été alerté en fin de matinée par un article sur le Post, «Epidémie : 12 morts de Listéria au Canada» mais je travaillais alors sur un autre sujet (la suppression d’une d’un supplément de la bourse accordée aux étudiants handicapés) et j’ai laissé cette info sous le coude gauche.
D’autant que je n’étais pas arrivée à ouvrir le lien avec l’article de Radio Canada auquel ce post faisait référence : «Lien confirmé avec les viandes». J’y suis arrivée plus tard en passant par Google. Quoique donnant des précisions intéressantes, l’article qui date déjà du 23 août ne faisait état que de 4 morts.
Ce nombre est hélas aujourd’hui largement dépassé puisque l’on arrive déjà à 12 victimes alors que selon le Figaro, «Listériose au Canada : 12 morts» d’autres cas peuvent se déclarer… pour l’instant, 29 cas supplé-mentaires de contamination par la même souche de listéria auraient été recensés, dont 13 en Ontario et 10 au Québec.
C’est (re)dire bien évidemment la gravité de la listériose, notamment chez les sujets fragiles (malades, et tout particulièrement chez les immunodéprimés, les femmes enceintes, les personnes âgées, les nouveaux-nés, etc…).
Or, il se trouve que les produits concernés, fabriqués par la société «Maple Leaf» (équivalent de Sodebo ou Fleury-Michon au Canada) qui a rappelé rien moins que 23 produits : paquets de dinde cuite tranchée, des tranches de rôti de boeuf cuit, du salami et différents types de jambon, etc… (ainsi que d’autres produits industriels fabriqués à partir de viandes traitées dans ses usines) auraient, selon Maple Leaf, été surtout vendus à des restaurants, à des hôpitaux et à des centres de soins de longue durée…
Or, c’est bien évidemment dans ces deux derniers établissements que l’on trouve les plus gros bataillons de population à risque ! Ce qui expliquerait au moins en partie le nombre très important des victimes.
Le PDG de Maple Leaf, Michael H. McCain a reconnu la responsabilité de Maple Leaf dans cette éclosion de cas de listériose et adressé condoléances et excuses aux personnes touchées par la maladie.
Il a affirmé que Maple Leaf avait toujours eu des critères de propreté et de fonctionnement élevés, et que de toute évidence, il y avait eu manquement cette fois-ci. L’usine de Toronto d’où sont partis les produits en cause est fermée et fait l’objet d’un nettoyage particulièrement attentif.
Il reste une chose : le délai entre l’apparition des premiers cas le 6 août et le rappel des produits suspectés, le 19 août…
L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a beau tenir ce délai pour «normal, compte tenu du temps nécessaire pour réaliser les tests et déterminer le profil génétique de la bactérie retrouvée dans les échantillons de viande contaminée», il me semble que le «principe de précaution» bien compris commandait de rappeler la totalité des produits susceptibles d’être contaminés, puisque les lots concernés semblent avoir été connus et qu’au surplus leur date de péremption allait du 30 septembre 2008 au 1er janvier 2009, période extrêmement longue.
Cela serait revenu moins cher (les victimes ou leurs ayant-droit, s’agissant des personnes décédées) vont se retourner contre la société Maple Leaf pour obtenir réparation de leur dommage et par ailleurs, cela aura également un coût en terme «d’image»…
Cette fois, je vais me risquer à un début d’hypothèse iconoclaste qui risque de m’attirer les foudres et les sarcasmes de quelques personnes mais ne peut-on engager des débats contradictoires avec la courtoisie nécessaire plutôt que l’invective sous la plume et le clavier ?
Admettons que toutes les règles d’hygiène les plus drastiques aient été grosso modo respectées pour l’essentiel et que la présence de la listéria soit due à un minime élément impondérable et quasi indétectable…
Alors, convient-il de s’interroger : pourquoi la bactérie s’est-elle développée avec une telle intensité et une telle fulgurance ?
Or, lors de discussions avec mes collègues infirmières et des internes, à l’heure du café d’après déjeuner, nous avons pas mal discuté de ces questions de respect des règles d’hygiène dans les services hospitaliers, notamment en raison des maladies nosocomiales assez (toujours trop !) fréquentes…
Et nous étions parvenus à la conclusion que parfois trop d’asepsie peut-être source de contamination par des germes normalement présents dans l’organisme, lequel n’est jamais «aseptique», la disparition de certains germes pouvant, dans certains cas, favoriser le développement de germes autrement plus redoutables.
Ce cas de figure se réalise bien évidemment avec les malades immunodéprimés vivant quasi «sous bulle» et chez qui, le moindre germe provoquera une maladie infectieuse aux conséquences souvent dramatiques.
Bien évidemment, il ne saurait être question, dans ce cas très particulier, de remettre en question les règles et précautions indispensables. Mais de se demander, si au-delà d’un respect scrupuleux des règles d’hygiène, il n’est pas une limite au-delà de laquelle «le ticket asepsie totale» n’est plus valable…

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