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The Visitor, film délicat sur les sans-papiers

Par Luc24

La critique                                                                                            

 

The Visitor

 

Film délicat sur le sujet sensible des sans papiers

 

Walter (Richard Jenkins) a soixante ans et il est veuf. Alors qu’il retrouve son appartement new yorkais afin d’assister à une conférence, il découvre une surprise de taille : un couple d’inconnus squatte chez lui ! Ce couple c’est Tarek (Haaz Sleiman), un jeune homme d’origine syrienne, et Zainab (Danai Jekesai Gurira) sa petite amie sénégalaise. Ils pensaient avoir obtenu ce logement légalement par un ami mais se rendent comptent qu’ils se sont fait avoir. Walter les met gentiment dehors…avant de leur offrir son hospitalité. C’est ainsi que Tarek et lui commencent à tisser de véritables liens d’amitié. Le jeune syrien l’initie au djembé, le pousse à écouter Fela Kuti, apporte beaucoup de fraicheur à sa vie de vieux garçon. Mais voilà qu’un jour, dans le métro, Tarek se fait contrôler…et embarquer ! Walter découvre alors que son nouvel ami et sa compagne sont des sans papiers. Comble de la malchance : la mère de Tarek (Hiam Abbass) débarque juste à ce moment-là à Manhattan pour lui rendre visite, convaincue que son fils y mène une vie paisible. Walter va apprendre à faire la connaissance de cette femme forte et pudique et en parallèle faire tout son possible pour sortir Tarek de son pétrin. La partie est loin d’être gagnée d’avance…

The Visitor

Lauréat du Grand Prix au Festival de Deauville 2008, The visitor est un film fort sur un sujet universel et on ne peut plus d’actualité. Dans un premier temps, nous suivons avec amusement la relation amicale qui se développe entre Walter et Tarek. Une amitié improbable, inattendue, qui donne lieu à des situations cocasses. A Manhattan il fait bon, on y joue du djembé dans les parcs et on ne soucie pas forcément des lendemains. Et soudain , en quelques secondes, tout bascule. Tarek est sans papiers et il est arrêté. D’abord optimiste et combatif, Walter va peu à peu comprendre de quelle atroce façon sont traitées les personnes comme son nouvel ami. On les enferme, ils espèrent sortir et puis du jour au lendemain on les mute on ne sait où, on perd leur trace et ils n’existent plus. Le film de Thomas McCarthy montre bien que l’on peut mener sa petite existence sans réaliser le drame de ces gens cachés et traités comme des moins que rien. Alors que Walter emmène la mère de Tarek à l’opéra, qu’ils passent de bons moments ensemble, le pauvre syrien perd de plus en plus espoir dans sa cellule. Son avocat semble résigné, les scandales auront beau éclater : tout restera sous silence.

The Visitor

Assez académique dans sa réalisation (plutôt feutrée), The Visitor déploie un scénario d’une rare justesse et d’une belle intelligence sur un sujet sensible. Entre moments tendres et violences sourdes (chaque personnage a son lot de secrets bien cachés), ce long métrage engagé sans être moralisateur est riche en émotion. Jamais lourd, le discours évite d’être trop explicatif et joue la carte d’une subtilité et d’une pudeur bienvenues. Exemple : lorsque Walter ramène une lettre en prison à Tarek, il ne la lira pas. On ne saura pas ce qui est marqué dessus mais peu importe, on parvient tout à fait à imaginer l’émotion du personnage. Puisque les faits parlent d’eux-mêmes, le spectateur est invité à la réflexion. Un spectateur que l’on considère comme adulte et intelligent. Voilà un beau film, très bien interprété, qui mérite qu’on s’y arrête. Allez donc rendre visite à Walter et Tarek !

Sortie le 29 octobre 2008

 

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LES COMMENTAIRES (1)

Par Mimi13
posté le 18 février à 11:21
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très beau film, touchant, sobre, efficace et très bien interprété.

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