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Righteous Kill de Jon Avnet

Par Geouf

Résumé: Partenaires depuis une vingtaine d’années dans la police de New York, « Turk » (Robert de Niro) et « Rooster » (Al Pacino) sont deux super flics inséparables. Leur dernière enquête concerne un tueur en série qui s’amuse à éliminer des repris de justice que la police n’a pas réussi à mettre en prison. Et n’étant pas dénué d’humour, celui-ci signe ses crimes en laissant derrière lui de courts poèmes.

 

Righteous Kill était censé constituer un événement. Rendez-vous compte : le premier film dans lequel Al Pacino et Robert de Niro se partagent l’affiche ET l’écran. Parce que Heat a beau être génial, la rencontre physique des deux acteurs ne durait pas plus de 10 minutes. C’est donc avec une certaine impatience que j’attendais ce nouveau film, impatience tout de même teintée d’une certaine méfiance. Parce que bien que de Niro soit un grand acteur, ses dernières prestations laissaient plutôt à désirer, tombant rapidement dans le cabotinage le plus ridicule (il arrive à plomber à lui tout seul le magnifique Stardust de Matthew Vaughn). Et puis surtout, le nom du réalisateur attaché au projet ne m’inspirait guère confiance, Jon Avnet étant certes à l’origine du sympathique George de la Jungle, mais aussi du pitoyable 88 Minutes, déjà avec Pacino en tête d’affiche. Et malheureusement, mes craintes étaient totalement fondées, puisque Righteous Kill est tout simplement minable.

Le film s’ouvre sur une vidéo de mauvaise qualité présentant le personnage de de Niro. Il est blessé à la tête et en train de confesser les meurtres qu’il a commis, quatorze en tout. Le film repart ensuite en arrière pour montrer comment tout a commencé et présenter le déroulement de l’enquête (tiens, c’est marrant, c’est le même genre de procédé que celui utilisé sur Inside Man. Ben oui, forcément, c’est le même scénariste !). Problème : dès cette intro, le spectateur est à moitié perdu, Avnet étant incapable de gérer les différents sauts temporels de son récit. Ainsi, les événements se passant quatre ans en arrière ont l’air de s’être produits deux jours plus tôt, et de plus, le réalisateur ne prend pas le temps de nous introduire correctement les personnages principaux (tout juste les voit-on s’entraîner sur un stand de tir pendant le générique, ce qui ne nous indique pas grand-chose sur leur personnalité). Et le reste est du même acabit, totalement décousu et bordélique. Le personnage de Carla Gugino est introduit n’importe comment et ne sert strictement à rien si ce n’est à jouer les poupées gonflables pour de Niro, les personnages de Donnie Wahlberg et John Leguizamo sont taillés à la serpe et balancés en plein milieu de l’intrigue sans prévenir (et en plus ils sont particulièrement stupides)… Seul 50 Cent tire à peu près son épingle du jeu, bien que son personnage n’apporte rien au film. Bref, c’est un beau bordel, mais c’est loin d’être la seule tare du film.

Car en plus de ça, l’intrigue est extrêmement poussive et inintéressante. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’on a déjà vu ça des centaines de fois et qu’Avnet est incapable d’instaurer ne serait-ce qu’une once de suspense à son histoire téléphonée. Ah oui, il essaie bien de nous lancer sur la fausse piste de de Niro coupable, mais franchement, impossible d’y croire, et surtout, les indices sur la véritable identité du coupable sont tellement évidents et surlignés qu’au bout de 20 minutes on a déjà deviné le fin mot de l’histoire. Le twist final, qui au passage repose sur la pire astuce scénaristique que j’aie jamais vue, est donc rapidement éventé et on s’ennuie ferme. Avnet et son scénariste essaient tant bien que mal de noyer le poisson en diluant leur micro intrigue dans un certain nombre d’histoires secondaires sans intérêt (au lieu de développer leurs héros), mais la sauce ne prend jamais. De Niro ne cabotine pas et a l’air d’y croire à peu près, mais Pacino a l’air de se foutre royalement de ce qui se passe (on le comprend) ce qui fait que leur rencontre « au sommet » est aussi plate que le reste du film, là ou on aurait dû avoir des étincelles. En une scène de dialogue, Michael Mann créait un face à face de légende dans Heat, alors qu’en un film Avnet arrive à rendre ces deux monuments aussi banaux que n’importe quel acteur lambda. C’est la différence entre être un génie et un tâcheron. Parce que c’est bien beau de citer Dirty Harry pour se la pèter, mais encore faut-il assurer derrière… Un grand merci donc à Avnet et aux producteurs l’ayant mis à la barre de ce film pour le très joli travail de sape.

Note : 3/10 (juste pour le casting et Carla Gugino)


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