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Joseph ouaknine.

Par Ananda

Encore un homme aux horizon culturels multiples, et à l'esprit ouvert.
Né en 1957, à Rabat (Maroc), Joseph Ouaknine vit désormais en France (région parisienne).
Outre la poésie, il s'est consacré à des genres littéraires très différents tels que le roman policier, le roman fantastique, les nouvelles.
Egalement très interessé par la science et par la réflexion philosophique, il se consacre à l'édition de livres artisanaux, dont, entre autre, ceux de la fameuse revue "Les Cahiers de Poésie", qu'il co-dirige avec le poète luxembourgeois Laurent Fels.
Dans ses textes, transparaît souvent un solide amour de la vie et des bonnes choses qu'elle nous offre.
Pour en savoir un peu plus : www.ouaknine.fr
Le livre.

   J'ouvre mon livre et glisse mon nez à l'intérieur. Je hume avec délice comme si j'allais déguster un bon plat....Quelle odeur, mes aïeux ! Quel bonheur ! Un suprême de papier ! Un velouté d'écriture ! Des chapitres succulents !
Savoureux ! Mon dieu ! Que je vais me régaler !
Les couloirs du temps.

   Les couloirs du temps sont des flots imprévisibles; nul ne sait jamais où ils mènent, et avec quelle force ils pénètrent dans les marées de l'univers...
La destinée.

   La destinée existe-t-elle ? Est-il hasardeux de penser que l'avenir de chaque individu est écrit à l'avance ? Est-il possible qu'une main, un esprit ou un coeur décide de chaque chose en ce monde ?
Un petit coup de pouce par-ci, un coup de grâce par-là...
   Le plus anodin des évènements peut parfois ressembler à de la fatalité... Pourquoi ?
La conscience.

   La conscience est une image précaire que reflète un miroir dont le cadre n'est qu'une parure. A travers ce miroir, l'illusion engendre la sensation d'exister qui, telle un rêve capricieux, ne procure qu'un plaisir imaginaire et il suffit de fermer les yeux pour que s'éteigne le mirage de cette apparence trompeuse !
   Ceux qui vivent les yeux fermés atteignent l'apogée d'une conception, que nul reflet ne peut dévoiler...

   (Extrait du "Miroir aux alouettes")

Ode à Royan.

L'estuaire de la Gironde a ceci de particulier qu'il m'a toujours donné l'impression d'être unique en son genre.
Est-ce à cause de sa longueur si exceptionnelle qui le rend si interminable ? Est-ce la teinte naturelle de son ciel clair, qu'il reflète tel un miroir aux alouettes, qui lui donne cette impression de n'avoir jamais rien à cacher et d'être aussi limpide que de l'eau de roche ? Que dire de ce microclimat perpétuel que je ne trouve nulle part ailleurs ? Quelle est cette mystérieuse protection qui défie le temps et chasse les nuages si loin vers l'horizon, refoulant la pluie plus loin que les Sables d'Olonne au Nord, et jusqu'à Saint-Jean-de-Luz au Sud ?
Lorsque j'observe les coulées tumultueuses de ses flots le long des berges, il me semble percevoir, du bord de l'écume frêle, les histoires de tout un pays et les légendes de tout un peuple. J'entends, au creux des vaguelettes, un doux clapotis, comme l'écho des lointains chants des coqs, et les mélodies fluettes des clochettes suspendues au cou des brebis dans les vallées. Quand je pousse mes pas jusqu'à caresser le sable chaud de ses plages, je me sens vaciller, presque de rive en rive, et si je hume à pleins poumons le souffle fier de son courant, je sens des effluves enchantés, des parfums divins, aussi tendres que le printemps, même au coeur de l'hiver.
Certes, sa notoriété n'est pas celle du Saint-Laurent ou du Rio de la Plata, mais c'est mon estuaire, celui que je préfère et que je vénère, jour et nuit, comme un dieu ! Il ne lui manque qu'un pont, un dernier pont pour l'enjamber et défier l'espace...Un pont qui rejoindrait les deux rives comme dans un rêve...Un pont inutile, peut-être, sauf pour les amoureux, les amants de la Gironde, les voyageurs d'un jour et les vagabonds d'un soir...Parfois, perdue dans mes pensées, je m'imagine au dessus des eaux, accoudée à la rambarde, les yeux perdus vers le large...
En remontant vers le Nord, au milieu de la grande côte, il y a une petite ville. Une ville comme il n'en existe qu'en France, et même qu'en Gironde ! De par son nom, elle fait penser à un sanctuaire interdit, mais c'est une capitale, la capitale de la Côte de Beauté par excellence ! Un lieu de villégiature, très touristique, surtout en pleine saison. Royan ! Depuis la dernière guerre, elle s'est modernisée, mais les vestiges du temps jadis sont encore visibles surtout vers la corniche de Pontaillac, l'endroit le plus aristocratique, et là encore, mon oeil nostalgique n'hésite pas à s'emballer lorsque je traverse le centre ville ou la place du marché.
La longue plage appellée Front de Mer, qui longe le parc en partant du centre et qui s'étend bien après Saint-Georges-de-Didonne, est plus que l'une des conches qu'on aperçoit entre les falaises, anses tièdes protégées des vents et du soleil; c'est une vraie plage le jour, avec ses baigneurs, ses planches à voile, ses pédalos et ses petits bateaux, mais ravissante et agréable au possible, dès que le soir enveloppe la jetée de son manteau sombre et étoilé. Les nuits du quatorze Juillet, croulante sous les pas des touristes ivres de bonheurs, elle est vivante, exubérante, débordante et endiablée.

   (Extrait de "Le pont des Anges")

Joseph OUAKNINE.
in "Esprit, es-tu las ? (Poésies, proses lyriques et pensées"), 2006.

  


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