Un juge espagnol a ordonné vendredi la saisie des exemplaires d'un magazine satirique qui représentait le prince héritier Felipe dans une scène intime de la vie conjugale avec son épouse, la pincesse Letizia, ont annoncé les responsables du tribunal.
La couverture du magazine "Jueves", publié mercredi, représentait le couple princier dans une posture sexuelle explicite. Le juge du tribunal national Juan del Olmo a décidé que le magazine devait être retiré de la vente.
Il a aussi réclamé aux éditeurs du magazine les noms des caricaturistes qui pourraient avoir ainsi diffamé la famille royale.
Une porte-parole du tribunal national, qui n'a pas pu être identifiée conformément au règlement du tribunal, a déclaré que diffamer la famille royale expose les contrevenants à deux ans de prison.
"Nous pensons qu'il s'agit d'une attaque frontale contre la liberté d'expression", a déclaré le directeur de "Jueves", Albert Monteys i Homer. Reporters sans frontières condamne dans un communiqué cet "acte de censure" et suggère à l'Espagne de "modifier le Code pénal dans un sens plus libéral".
Le dessin faisait référence à une mesure instituée par le Premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero pour stimuler le taux de natalité et qui consiste à offrir 2 500 euros aux familles espagnoles pour toute nouvelle naissance ou adoption.
Dans le dessin, le prince Felipe dit à sa femme: "Tu te rends compte, si tu tombes enceinte, je n'aurais jamais été aussi près de la sensation de travailler de toute ma vie."
Pour le juge Del Olmo, le dessin constitue" un acte de dénigrement délibéré qui est objectivement diffamatoire".
Il a ajouté que le croquis "est une caricature qui atteint l'honneur et la dignité intime des personnes qu'il représente".
"Cela pourrait être préjudiciable au prestige de la Couronne", a estimé Del Olmo.
Peu après l'annonce de la décision du juge, des articles sur le dessin présumé diffamatoire -souvent illustrés dudit dessin- ont fleuri dans les journaux et sur les sites Internet des stations de radio, dans un pays habitué à se régaler des commérages inoffensifs sur une famille royale largement respectée.
Le problème est venu de la frénésie des médias étrangers", s'est défendu l'éditeur de "Jueves", José Luis Martin.
"Le magazine est sorti mercredi matin et rien ne s'est passé. Jeudi après-midi, nous sommes apparus dans un programme de TV et des commentaires ironiques ont été faits", a-t-il observé.
Selon l'éditeur, quelqu'un a ensuite convaincu le ministère public d'entamer une procédure légale.
En 30 ans de publications, "Jueves" a souvent critiqué la monarchie espagnole, et s'est vu demander par la famille royale de méditer sur ses contenus avant de les publier, rapporte le quotidien espagnol "El Pais" sur son site Internet.
De nos jours, la censure dans les médias est rare en Espagne, bien qu'elle ait été couramment utilisée de 1939 à 1975, sous la dictature du général Francisco Franco. La dernière publication a avoir été censurée était un autre magazine satirique, "El Cocodrilo", en février 1986, et c'était déjà à cause d'une référence jugée irrespectueuse envers la famille royale.
Letizia a épousé Felipe, héritier du trône d'Espagne, en 2004. Ils sont parents de deux fillettes, Leonor et Sofia.
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