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Sa copine est dingue

Par Rose
Parfois, lorsqu’il fait froid et que le travail en retard ne vous donne justement pas envie de travailler, il est agréable de se glisser dans une histoire fantaisiste qui se passe à l’autre bout du monde. Point de femme fatale, point de prostitution adolescente cette fois dans ma rétrospective de cinéma coréen personnelle : juste un garçon (le fameux benêt) qui rencontre une fille jolie mais étrange. C’est « My sassy girl » de Kwak Jae-young.
Il porte des pulls roses, est frappé à coups d’aspirateur par sa mère quand il découche et suit en dilettante des cours dans une école d’ingénieur. Elle boit trop, passe son temps à houspiller les importuns et les malpolis dans le métro et à tenter de faire lire des scénarii fumeux. Tout le début du film est franchement comique, nourri de gags à répétition et de joyeuses parodies de films d’action dans lesquels l’héroïne tient toujours le beau rôle.
L’une de ces parodies réécrit ce qui semble être un grand mélo coréen : une jeune amoureuse morte demande qu’à ses funérailles soit immolé son ami, lequel proteste, mais en vain. Cette scène préfigure le ton plus grave de la suite du film, à mesure que les sentiments des jeunes gens s’approfondissent. La jeune fille impose à son prétendant des vexations (porter ses chaussures à talons) et des épreuves (lui apporter une rose en cours) de plus en plus difficiles, tout en se refusant à lui. Le scénario organise un chassé-croisé incertain ; les retrouvailles ne sont jamais durables.
C’est aussi la réalité de la Corée coupée en deux qui s’impose dans une scène à la frontière du tragique, lorsque, dans un parc d’attraction, les deux amis sont pris en otage par un soldat déserteur au cœur brisé. La dernière partie renchérira sur ces amours impossibles, multipliant les contre-temps. La jeune fille autoritaire et insupportable y gagnera en humanité, en particulier dans une jolie scène où, ayant envoyé son prétendant transi sur une colline de l’autre côté d’une rivière, elle lui crie (et il ne l’entend pas) combien elle est désolée de toutes les épreuves qu’elle lui impose.
Il est assez curieux de suivre cette relation un peu régressive où la fille fait la peste et où la séduction rime avec l’humiliation. Le triangle amoureux et le manque de délicatesse des amoureux l’un envers l’autre (et je ne vous parle pas de leur rencontre, durant laquelle la belle vomit ses tripes) évoquent aussi les mangas pour fille, pas toujours très subtils. Pourtant l’impression que laisse cette histoire est celle d’une grande tendresse ; les personnages semblent d’emblée attachants. C’est pourquoi je ne saurais trop vous conseiller, lors d’une soirée perdue, d’entrer dans la ronde de ces amours graves et douces, qui sont semble-t-il des amours véritables, puisque « My sassy girl » est l’adaptation d’un journal publié sur Internet. Hollywood va s’en emparer cette année, et qui sait ce qu’il en restera ?

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