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Une destruction programmée de plus, à double détente

Publié le 16 février 2009 par Enzodaviolo

Le 07 janvier dernier, Rachida Dati reprenait sa fonction au gouvernement, 5 jours après son accouchement par césarienne. Cette décision inique et surtout en aucun cas crédible, préparait par un effet d’annonce les mesures une fois de plus destructrice d’un omniprésident toujours prêt à casser du lien social.

Pas une femme, pas un médecin digne de ce nom n’est en mesure de vous affirmer que 5 jours après un acte chirurgical tel une césarienne, vous pouvez vous pavaner en talon aiguille sur les pavés ministériels. Bien sûr, je n’apporte ici que mon sentiment, je n’ai pas les preuves irréfutables pour étayer mon propos, mais j’ai la certitude que cette posture était préparé d’avance et que la naissance de la fille de Dati s’est effectuée bien avant les 5 jours rapportés en cœur par toute la presse aux ordres. J’ajoute que la décision de Dati la rend hors la loi au regard du droit applicable aux salariés puisque le délai minimal du congé maternité est en France de 8 semaines (2 semaines prénatales et 6 semaines postnatales).

Il faut dire qu’en matière familiale, il n’est pas facile de toucher à l’implication de l’Etat dans un pays où la politique familiale a fait ses preuves depuis longtemps, la France étant le pays européen après l’Irlande où la natalité est la plus prolixe, et il est évident que la durée des congés maternité et des congés parentaux n’y sont pas pour rien.

Je rappelle que ces congés n’ont rien d’obligatoires, ils sont totalement facultatifs, libre à chacun de les prendre ou non en fonction de ses aspirations sur l’éducation de ses enfants, mais ils ont indéniablement permis à la France de développer, par exemple, l’allaitement maternel, domaine où nous étions très en retard malgré les bénéfices indiscutables rappelés par le corps médical.

C’est alors qu’un mois et demi plus tard, le second étage de la fusée communication a pu se mettre en place, Sarkozy le libéral voulant certainement remettre aux travail ces fainéantes de femmes qui osent quitter leur travail pour élever leurs enfants, en diminuant les durées du congé maternité (16 semaines en France puis 26 semaines à partir du 3ème enfant), du récent congé paternité (11 jours consécutifs) et du congé parental (3 ans).

Sarkozy, comme tous ses congénères politiques, étant habituellement un spécialiste du benchmarking pour démontrer, comparaison avec les pays étrangers à l’appui, en quoi il serait mieux de faire comme les autres, voici quelques exemples de durée de congés familiaux dans les pays européens qui nous entourent, dont j’ai bien peur que pour une fois, il ne s’en inspire pas.

Si les Pays-Bas, l’Espagne et le Luxembourg proposent la même durée de congé maternité que la France, il est supérieur au Portugal, au Royaume-Uni, en Irlande, en Grèce, en Finlande (18 semaines), en Italie (20 semaines) ou au Danemark (28 semaines). La suède propose pour sa part un congé parental long et fractionnable (1 an). Seules l’Allemagne (plus faible taux de natalité en Europe) et la Belgique proposent 15 semaines de congés maternité.

Pour les congés parentaux, les situations sont très disparates mais plusieurs pays (Ukraine, Espagne, Slovaquie, Russie, Pologne, Norvège, Malte, Lituanie, Estonie, Bosnie) se sont calqués sur le délai français qui a clairement fait ses preuves dans l’incitation à s’arrêter de travailler pour élever ses enfants, et je dirais même, a contribué à envisager l’avenir avec des enfants pour les couples.

L’incitation à s’arrêter de travailler (environ 650 euros/ mois pour 2 enfants, ce qui reste somme toute assez faible et réservé aux couples qui le peuvent) n’est en aucun cas une régression en matière de plan de carrière pour les femmes, puisqu’il s’agit d’un choix délibéré et libre.

Cette vision sarkozyste, qui voudrait laisser croire qu’elle souhaite, par la réduction de la durée des différents congés familiaux, un égalitarisme pour l’évolution de carrière des deux genres, n’est en fait qu’un leurre traduisant une fois de plus uniquement une vision comptable de l’Etat par la réduction imaginée des dépenses de sécurité sociale, comme en matière hospitalière, en mettant en péril un point fort de la politique française d’après guerre.

En outre, si l’on raisonnait uniquement en matière de coût, ce qui est d’un cynisme évident en la matière, chacun pourrait imaginer les complications postnatales de femmes reprenant trop tôt leur travail ou de la diminution de la natalité engendrée par la réduction du congé parental et ses effets sur le financement des retraites. Même le raisonnement purement comptable ne tient pas.

Il ne reste alors plus que l’idéologie, celle qui préfère réduire les acquis sociaux au nom de l’égalité des genres, plutôt que de lutter dans l’entreprise contre les discriminations à l’embauche au moment d’une grossesse ou contre les discriminations salariales envers les femmes.

Exprimé avec une bonne dose de populisme, les choses semblent toujours tellement plus simples de premier abord….


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