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Elle est belle ma fille

Publié le 25 mars 2009 par Theclelescinqt

Elle est belle ma fille


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J'ai tellement rêvé d'avoir une fille.

L'éternel féminin m'a toujours plu. Les hommes sont intéressants sous un certain angle, hormis certains grands intellectuels ou artistes si évolués sur le plan culturel qu'on en ferait presque des copines, mais les femmes m'ont toujours semblé fascinantes.

Partout où mes regards se portent, les femmes sont les piliers de famille, du genre si elles tombent malades tout s'écroule. Evidemment, c'était avant que je ne rencontre mon mari, ce héros des temps modernes.

J'ai toujours écrit de petites histoires dont les femmes étaient les principales protagonistes. Petite, je passais mon temps à remplir des cahiers de dessins de princesses à crinolines. Longtemps, j'aurais voulu être styliste de mode, pour inventer des tenues pour femme. Quand j'ai lu, j'ai adoré les romans d'inspiration égyptienne, où les femmes sont si sensuelles et apprêtées, "La maison aux esprits" d'Isabel Allende, histoire typiquement féminine, et de manière générale tous les romans à l'eau de rose que ma mère achetait à France Loisirs.

Je n'ai jamais eu d'ami garçon, ou très peu, et c'était jamais bien clair. J'ai même eu droit une fois une grande déclaration d'un de mes principaux potes, à ma grande honte;  ça faisait des plombes que je le chambrais en lui disant que s'il était devenu aussi massif c'était que sa mère avait dû prendre des médicaments quand elle l'attendait. Il en convenait, d'ailleurs.

Enfin bref le sexe mâle et moi c'était mal parti, d'un point de vue social.

De plus, pour ne rien arranger, tous mes cousins ou presque sont des cousines. Une bande de filles. Des robes qui tournent et rien que ça. Des minauderies, des miaulements, des bouderies,...Nous aimions colorier, dessiner, lire, jouer aux barbies, coudre, tricoter, cueillir des fleurs, aller à la piscine, porter des bijoux en plastique, nous coiffer,...et c'est à peu près tout.

Autant dire qu'à l'école j'étais mal barrée.

En sixième, les gars me sont tombés dessus, parce que j'étais chiante, d'accord, mais soi-disant "mignonne". Une bande de cinquièmes m'a fichu une frousse bleue en me disant que le fils d'un des profs de maths, un troisième, "voulait sortir avec moi", et qu'il allait venir me le demander "ce soir".

"Et fais gaffe, y bave"; a rajouté cet enfoiré de cinquième.

Non seulement le fils du matheux était moche, lourdaud et bien trop grand pour moi, mais ça n'a pas arrangé mon rapport avec les maths.

Les garçons étaient décidément épouvantables. Remarquez, les filles ne sont pas toujours des anges non plus, ce qui explique que je vais en arrêter là avec les souvenirs de collège car je n'avais pas l'intention de gribouiller un thriller psychologique ce matin. Garçons ou filles, tous peuvent être froids et durs, sans parler des pestouilles chroniques. Mais quand j'ai commencé à penser aux enfants pour moi-même, je ne me voyais qu'avec des filles. Il n'y avait pas à tortiller, ma mère avait eu deux filles, mes oncles et tantes que des filles à deux exceptions près, je devais être un ventre à filles.

Première grossesse, un garçon. Je suis tombée des nues. Jamais je n'avais envisagé un truc pareil.

Bon.

Mon mari avait déjà un fils. C'était peut-être congénital.

Deuxième immédiate grossesse (l'aîné n'avait que quatre mois, je vous en prie, abstenez-vous) : garçon.

Je commençais à avoir la poisse. J'engueulai vertement mon mari qui avait souhaité un garçon, qui ne souhaitait que des garçons. Il a bien rigolé et quand ma fureur est un peu retombée, il m'a signifié qu'après tout il n'y était pour rien.

C'était vrai, bordel.

J'ai commencé à tendre l'oreille aux idées de régime fille, régime garçon, aussi idiotes à mon avis que les histoires d'ascendant astrologique ou de trèfle à quatre feuilles. On m'avait jeté un sort. Sûrement ma belle-mère, cette idiote toujours en train de critiquer les autres femmes, de dénigrer tous nos droits chèrement acquis, telle une belle syndromée de Stockholm, et qui, elle, ne voulait que des garçons. Elle en a eu deux, et certaines mauvaises langues, leurs épouses par exemple, murmurent parfois qu'elle aurait pu mieux réussir son coup, leur inoculer de bons caractères peut-être? Passons, les chiens ne font pas des chats.

Troisième grossesse, un gars nom d'un chien. Mon mari rigolait dans la salle de l'échographiste, tandis que je riais jaune. Rassurez-vous, je les adore, mes garçons. Je voulais au moins une fille, c'est tout, après avoir pensé que je n'étais de toute façon appelée qu'à mettre des filles au monde. La nature commençait à me jouer un drôle de tour.

Ma grand-mère si respectée avait eu trois garçons, puis deux filles. Si ça se trouvait, ça sautait une génération. En regardant mon père, le doute s'est confirmé : tout sautait une génération. Mon grand-père avait tout, sauf les deux pieds dans le même sabot.

Et puis, par hasard, je suis tombée sur le livre du docteur Papa, qui malgré son burlesque patronyme est un authentique docteur inventeur de la fameuse méthode régime fille/régime garçon. Distraitement dans cette librairie je me mis à survoler la liste des aliments constituant le régime garçon : caramba, c'était tout ce que je mangeais de manière quotidienne.  En fait pour faire des garçons il fallait manger comme moi. J'aurais pu prendre en stage toutes les petites mamans souhaitant repeupler la terre de valeureux guerriers belliqueux et de mâles dominateurs, sans compter les garçonnets Cyrillus en duffle-coat marine ou bleu ciel, l'objectif premier de ces dames.

A noter si j'ai l'occasion de tout reprendre de zéro dans une autre vie : adopter plus tôt le stérilet hormonal et lire avant toute chose le livre du docteur Papa.

Je ne vous ferais pas une liste exhaustive des aliments en question, car je serais bien en peine, après moult déménagements, de dire où j'ai fichu ce précieux bouquin qui ne me sera plus d'ailleurs d'aucune utilité. En tout cas, j'ai bien retenu que pour un garçon c'était, deux mois au moins avant la conception (parce qu'après on s'en fiche, on n'a jamais vu un chromosome X se transformer en un Y et inversement), l'overdose de sodium et de potassium, c'est à dire sel à gogo que l'on trouve dans les condiments, les sodas, le pain, la charcuterie, et potassium dans tous les nourritures un peu riches, céréales complètes, fruits secs, chocolat, bananes, chips,...Comme pendant des années je me suis nourrie de desserts allégés au chocolat, coca light, biscuits au sésame, moutarde, jambon blanc et chips, sans compter un resalage permanent (je sais, c'est pas bien), eh bien voilà le résultat.

Pour une fille, il s'agit de ne pas rigoler beaucoup : pas de sel, pas de potassium, que de calcium et du magnésium.  Le sucre ne joue aucun rôle, mais on peut l'adopter. Donc, laitages, lait, viande et poisson sans sel (pouah!), pas de charcuterie, de moutarde, de sodas, de fruits secs, de chocolat,.. pain sans sel (arghhh!), légumes à volonté sans sel,...Que du tradi et du bien fade, à l'image des blogs de couture actuels.

Donc, deux mois au moins avant la conception de notre quatrième boulet petit trésor, je me suis mise à adopter le régime fille, sans aucune conviction. Mais en fait, ouh là là, je faisais un régime! C'était pour maigrir! Et, bien que mon entourage soit habitué depuis des années à me voir perdre quatre kilos en six mois pour en reprendre cinq, j'ai quand même accompli le challenge, jusqu'à ce que je retombe enceinte (et dans le pot de moutarde par la même occasion.)

Et je l'ai eue ma fille.

Une rugbygirl, devrais-je dire. Une nudiste rugbygirl. Elevée avec quatre frères, elle leur fonce dans le lard sans se poser de question. La première fois qu'elle a vu un parc pour enfants, à Verte-Ville, elle a voulu dégommer toutes les donzelles qui prétendaient mettre un pied sur l'escalier du toboggan. Quand l'un de mes petits gars veut un câlin, elle le vire en hurlant sans ménagement. Mon cadet a peur des chiens, Andréa fait son timide en société (ça ne dure pas.) Nina n'a peur de rien, pas même d'être sans manteau par moins cinq. Elle adore les ballons, les vélos, les pistolets en plastique; à deux ans et demi elle m'accompagne en trottinette quand je pars faire les courses, et ça trottine sévère. La collectivité ne lui a pas laissé à mon premier départ une ombre d'inquiétude. On me parle de mon "petit garçon".

Cet après-midi je l'emmène chez la coiffeuse et vais la supplier de me la transformer en fille. Hier je lui ai acheté un ravissant petit sac en perles qu'elle a trimbalé partout au moins une demi-journée. Mais Cendrillon, elle s'en fout. Elle, elle aime Oui-Oui, Tro-Tro et Bob le bricoleur.

L'éternel féminin.

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