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En attendant que la "crise" passe

Publié le 07 avril 2009 par Letombe
Ils ne réformeront rien ! Les quelques mesures annoncées non seulement ne seront pas pour la plupart mises en place, mais de plus, même dans le cas contraire et si elles fonctionnaient, elles ne serviraient qu'à relancer une machine et un système qui nous ont justement conduits là où nous sommes. Augmenter considérablement les ressources du FMI (Fonds Monétaire international), c'est relancer une machine qui a prouvé qu'elle était inefficace pour lutter contre la pauvreté et qui a, par ailleurs, largement participé à la propagation du libéralisme économique. Mettre sur une liste "noire" les quatre paradis fiscaux des pègres mondiales et sur une liste "grise" les trente-huit paradis fiscaux des Etats riches et des multinationales, a quelque chose d'incompréhensible. Voir quarante-huit heures plus tard les quatre premiers rejoindre les trente-huit autres, juste grâce à quelques promesses évidemment invérifiables est ahurissant. Constater qu'à peine deux jours après son édition surmédiatisée, cette "terrible" liste se retrouve totalement vide, est plutôt incroyable. Si ce n'était pas si grave, on en rirait presque ! La multiplication des plans de relance et de leurs cortèges de milliards, vient elle confirmer que ce seront bien les modestes contribuables qui devront au final payer la casse et mettre sous perfusion l'économie mondiale. Les grands patrons, les cadres, les traders, les multinationales et les dirigeants politiques pourront ainsi continuer de se rémunérer copieusement en attendant que la "crise" passe.
 
Et oui, la "crise" va passer ! Du moins c'est ce que tout le monde a l'air de penser. Entre ceux qui n'y croient pas, ceux qui espèrent ne pas être frappés, ceux qui pensent que ça ne durera pas, ceux qui affirment que les économistes se trompent, ceux qui se sont tellement enrichis qu'ils peuvent tenir dix générations et ceux qui sont tellement pauvres qu'il ne peuvent pas tomber plus bas, il ne reste plus qu'une poignée de "farfelus" qui veulent réellement profiter de ce moment historique pour changer la donne mondiale. Le gouvernement mise sur leur disparition rapide. Il est vrai qu'en ce qui concerne les disparitions, il est devenu maître en la matière. Pouvoir d'achat, "Grenelle" de l'environnement, transparence politique, survie de Gandrange, croissance économique et tant d'autres promesses ont disparu au fond du chapeau de ces brillants magiciens et nous ne sommes pas prêts de les revoir.
Le profit, la compétition, la rentabilité et l'enrichissement personnel imposaient avant la crise leurs lois destructrices aux dépens de l'Homme. Ils continueront de le faire tant que nous ne serons pas en mesure de changer radicalement nos politiques. Pour cela nous ne pouvons pas compter sur nos hommes politiques actuels. Ils ne peuvent ni ne veulent le faire puisqu'ils sont totalement dépendants de ce monde économique et financier. Nicolas Sarkozy a beau essayer de cacher un peu ses amis milliardaires du Fouquet's, ce sont pourtant eux qui l'ont fait, qui l'ont financé directement et par le biais des partis politiques, qui l'ont soutenu et qui ont mis à sa disposition des moyens et une machine de communication qui l'ont fait élire. Tous ces gens forment une élite qui nourrit et protège ses membres. Ils ne remettront jamais en cause un système qui les a propulsés chacun aux sommets de leurs différentes sphères.
Nous savons malheureusement qu'en filigrane, derrière les "costumes-cravattes" et les "tailleurs-pantalons" de nos superbes dirigeants, venus discuter des réponses à apporter à une "crise" qu'ils ont tous activement et largement contribué à faire naître, à l'exception peut-être de quelques politiciens sud américains, il y a des licenciements qui jettent dans le doute des milliers d'ouvriers, des hommes qui sombrent dans le chômage et parfois dans l'alcoolisme, de la violence conjugale et des jeunes maltraités, des femmes seules qui ne trouvent plus de quoi nourrir leurs enfants, des salariés en dépression qui se suicident, des retraités qui ne prennent qu'un repas par jour, des gamins qui vont à l'école sans déjeuner, des familles qui dorment dans des fourgonnettes, des personnes qui renoncent à se faire soigner les dents ou la vue faute de moyens financiers, des hommes qui glissent lentement dans l'exclusion, des divorces et d'autres nombreux drames du quotidien.
Nous ne les voyons plus ! Nous nous sommes habitués à côtoyer la misère et à regarder ces vies disparaître dans notre téléviseur. Nous pouvons tranquillement regarder le tiers monde mourir de faim et passer nonchalamment devant un clochard dormant sous des cartons. Notre univers se limite à nos petits quotidiens que l'on cherche à rendre plus ou moins douillets. Nous avons préféré les oublier et même parfois les mépriser !
Nous devrions pourtant comprendre, qu'à la vue de cette inhumaine misère sociale qui grandit chaque jour, le fait de voir l'actualité occupée par, la poignée de main que Barack Obama n'a pas tendue à Nicolas Sarkozy, les points communs entre Michelle Obama et Carla Bruni, l'entrée potentielle de la Turquie dans l'Union Européenne dans 10 ans minimum, le coup de téléphone portable que passait Silvio Berlusconi alors que Angela Merkel l'attendait, la petite ballade de tout ce beau monde sur le pont des deux rives à Strasbourg et le comportement imbécile d'une poignée d'anarchistes, entre parenthèses copieusement orchestré et mis en scène, puis exploité par l'UMP pour faire renaître des peurs ancestrales et justifier un dangereux retour à "l'ordre", ait quelque chose pour le moins d'incongru, voire d'irréel.

Frédéric Courvoisier-Clément
http://lavoixvouzinoise.over-blog.com

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