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Critique de “The Eternal” (2009) par Sonic Youth

Publié le 20 mai 2009 par Eddie

The Eternal (2009)The Eternal

par Sonic Youth

Album 4 étoiles

Année : 2009
Label : Matador / Beggars
Stéréotypes : Rock, Pop-rock, Post-Punk
Liens : Site - MySpace

Sonic Youth m’avait perdue en chemin depuis quelques disques. Entre les rééditions et EPs qui sonnaient “forcés”, les voici sortis de la major Geffen et de la bouche même de Thurston Moore : “The last four or five records we did were just so compromised by that situation” et “it feels great” d’être de nouveaux “libres”. C’est pas que j’avais perdu la foi en Sonic Youth après quelques disques auxquels je n’ai rien compris et qui me sont passés à des kilomètres au-dessus de la tête (trop expérimental, sans mélodies, indigestes, mis à part une bonne moitié de Rather Ripped (2006) qui était excellente), c’est juste que… j’sais pas trop, peut-être que je voulais ne plus trop croire en eux pour encore mieux apprécier ce disque. Ouais, des fois je m’amuse à tester différentes formes de conditionnement psychologiques pour apprécier au maximum de ce qui entre dans mes cages à miel. Musicophagie hardcore, les enfants.

Toujours est-il qu’après de nombreuses écoutes de The Eternal, la sentence tombe : même en ne faisant que creuser le sillon qu’ils ont ouvert il y a plus de 25 ans, Sonic Youth est loin au-dessus de la très grande majorité des groupes de rock contemporains. Ils ont dépassé ou approchent tous la cinquantaine, ont enregistré 16 ou 17 albums, et continué de balancer des riffs agressifs qui s’imposent dans la milliseconde. Ce disque aurait pu s’appeler Eternal Youth que je leur aurais pardonné la facilité. Comment dire ça clairement… Ils se rappellent à moi comme une valeur sûre.

“Sacred Trickster” est du Sonic Youth pur jus, le terrain est connu et facilite l’entrée en matière. Et puis vlam, “Anti-Orgasm”, avec ses paroles très intello-prétentieuses (il paraîtrait qu’il y a des références à Yves Klein - je ne connais de lui que son bleu), mais surtout cette atmosphère vrombissante, cet alliage toujours ultra-efficace entre la batterie de Steve Shelley et les guitares de Moore et Ranaldo. Forcément après l’avoir écouté des centaines d’heures, il serait facile d’oublier à quel point ce truc m’avait retourné au départ, et de faire la fine bouche en découvrant que le groupe ne change pas vraiment de recette. Mais pourquoi changer quand vous avez sous la main une mécanique aussi bien huilée et qui arrive à produire autant de bonnes chansons ? J’vois pas. C’est bon, c’est même très bon, ça frise même leurs plus hauts sommets (”Malibu Gas Station”, “What We Know” - PUTAIN que cette chanson est énormissime - ou “Walkin Blue”).

Prises dans leur ensemble ou séparément, chaque chanson tient plus que parfaitement la route. Ce que j’aime particulièrement dans les chansons de Sonic Youth, c’est qu’il y a toujours de la place pour s’y étendre de tout son long et se laisser dériver. Alors oui, c’est un peu moins expérimental, moins noisy que certaines de leurs productions. Je ne peux toujours pas m’aventurer à employer le mot “accessible” pour parler d’un disque de Sonic Youth parce que je sais que si je fais écouter ça à ma mère, elle va me retourner les mêmes réflexions que lorsque je lui balance quelque chose comme Butch McKoy : “Beaucoup de bruit pour rien !”. Seulement voilà, ce disque me paraît plus pop, je distingue des touches de psychédélisme… Ou alors c’est moi qui écoute tellement de trucs que le commun des mortels prendrait pour un bruit de tronçonneuse passé en boucle qui me délecte devant la moindre apparition de lignes de basse mélodiques distinguables derrière un mur électrique ?

Non, je n’y crois pas. The Eternal est juste rempli de chansons qui s’imposent d’elles-même sans effort, avec la précision instrumentale coutumière du groupe, et les voix inchangées de Moore et Gordon. La voix de cette dernière n’est pas celle de la rockeuse complètement bousillée par la vie, c’est une voix complètement à part. Qu’elle murmure ou crie, Kim Gordon hypnotise. C’est magnétique. Sur “Massage the History”, qui conclut le disque dans une sorte de long trip à la Goo avec en plus ses passages de guitare acoustique ensorcelants, sa voix me fait penser à notre Jane Birkin période Gainsbourg.

J’peux pas non plus m’empêcher de penser que le groupe risque de se complaire dans ce style déjà si familier. Même si leurs précédents disques très expérimentaux ne m’inspiraient rien de bon, j’me disais que le prochain pourrait tout d’un coup éclairer le reste, qu’ils finiraient par me donner les clés pour l’apprécier. The Eternal sonne comme un retour de Sonic Youth à leur catalogue d’il y a plus de 20 ans. Sachant que les disques de ce catalogue font partie de mon panthéon personnel, je vous mentirai en disant que cet album ne m’a pas intensément plu. Il est aussi, peut-être, le prémice d’une fructueuse collaboration avec l’excellent label Matador.

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