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« La Party » : ne vous fiez pas aux apparences !

Publié le 15 juin 2009 par Jul

Un acteur indien de second plan, Hrundi Bakshi (Peter Sellers), est recruté comme figurant dans un remake de "Gunga Din". Ce que les producteurs ne savent pas, c’est qu’il est vraiment très maladroit ; ils ne s’en rendent compte que lorsque le très coûteux décor du film explose quelques secondes trop tôt sous leurs yeux ! Bakshi est aussitôt mis sur liste noire, mais suite à une erreur il est invité à la soirée annuelle du studio. De gaffe en gaffe l’acteur va transformer la soirée en un gigantesque chaos …

« La Party » : ne vous fiez pas aux apparences !

Juste après avoir vu le film :

Le film sorti en 1969 a vieilli : les 70 premières minutes sont connotées années 60, de nos jours seules les 25 dernières (à partir du moment où Bakshi tombe dans la piscine) constituent le véritable intérêt du film : le public a en effet évolué, il supporte moins les rythmes lents et le côté « gentil » propre à l’époque. 25 minutes durant lesquelles l’acteur, que jusqu’ici les autres regardaient de haut en se demandant pourquoi on avait invité un tel gaffeur, va transformer la maison en piscine géante, le tout dans une ambiance surréaliste et au rythme d’un orchestre qui ne s’arrête plus. Avec l’aide d’une jeune actrice dont la carrière finit avant même d’avoir commencé (Michèle Monet jouée par Claudine Longet), il va offrir une belle surprise à la crème du show-biz hollywoodien qui croit savoir s’amuser et préfère le mot "paraître" au mot "être". Comme le prouve ce dialogue génial : "Mais qu’est-ce vous vous croyez !" "Euh. En Inde nous ne nous croyons pas, nous savons qui nous sommes !"

… Et puis repartira tranquille le lendemain matin avec Michèle, en héros de la fête, laissant un autre se faire taper dessus à sa place.

Quelques recherches plus tard :

Et pourtant …

Sous ses apparences de comédie sympa et vieillotte, encore aujourd’hui relativement méconnu en France (soit quarante ans après sa sortie), "La Party" est un grand classique de la comédie américaine, considérée même par certains comme le film le plus drôle de l’histoire du cinéma. Il constitua à l’époque une formidable avancée technique puisqu’on utilisait pour la première fois le retour vidéo sur un plateau de cinéma. Beaucoup plus étudié qu’il n’en a l’air, "La Party" est en fait une parodie de "La nuit" d’Antonioni (1961, autre chef-d'oeuvre dans un autre genre) ; ses personnages ressemblent à ceux de Jacques Tati, chacun étant une source de gags et observant en même temps qu’il est observé.

Si le film est lent et sans intrigue, c’est justement parce que tout repose sur le déchaînement paroxysmique des gags. Edwards a préféré le comique visuel du burlesque américain, à la seule différence que le rythme de son film est beaucoup plus lent ; il met volontairement le spectateur en situation d’attente et d’énervement, afin de retarder la chute le plus possible. Mais on ne tombera jamais dans l’ennui grâce à des gags imprévisibles. On se souviendra entre autres de celui du "birdy num num" (si vous cherchez d’où vient le nom d’un des grands groupes d’électro actuels, inutile d’aller voir ailleurs). Chaque situation en suit une autre dans une logique apparemment brouillonne, mais qui se révèlera par la suite totalement infernale.

« La Party » : ne vous fiez pas aux apparences !

Avec un concept simple "comment ruiner une de ces soirées privées d’Hollywood dont tout le monde parle sans jamais y être allé", Blake Edwards (connu pour la série de "La Panthère rose", "Elle", "Victor/Victoria", "Diamants sur canapé") retrouvait son acteur fétiche Peter Sellers (génie de la comédie qui joua dans 75 films en 30 ans, entre autres "Dr Folamour", "Lolita" et "La Panthère rose", et qui avait un don pour interpréter plusieurs personnages dans un même film, il est LA référence des comiques actuels : Woody Allen, Mike Myers, Michael Palin des Monty Python). Ou plutôt, Sellers retrouvait Edwards, puisque "La Party" a été pensé, réalisé, joué, écrit par le premier autour du deuxième qui n’avait plus qu’à le suivre avec sa caméra. Ce qui n’est pas si facile quand on doit filmer un génie de l’impro dans tous ses délires !

Moralité : Attention œuvre culte, ne vous fiez surtout pas à sa lenteur.


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