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L’important, c’est le gris

Publié le 16 décembre 2009 par Tommy

« Devenir fou, ça l’a rendu meilleur. En tout cas, il est devenu un meilleur père. » Olivia D.

Après plusieurs épisodes plan-plan, FRINGE se réveille (mais un peu tard puisque c’est à un grand mois sans la série qui nous attend) pour nous donner un exemple de ce que la série pourrait devenir si elle s’appliquait à utiliser l’épatante panoplie mythologique établie l’année dernière.

Avec GREY MATTERS, c’est le retour des métamorphes, ces combattants androïdes échappés d’une autre dimension et, semblerait-il, isolés (on peut à ce titre se poser la question de savoir s’ils ont traversé en même temps que Walter ou Bell). Et il est grand temps, car on sait bien que la mythologie ne suffit pas, les bons ne sont jamais aussi héroïques que lorsque le méchant de service est à la hauteur.

On ne peut pas dire que les scénaristes manquent de suite dans les idées. L’année dernière ils nous donnaient un David Robert Jones (le véritable nom de David Bowie) qui perdait la tête. Cette saison, nous avions fait –en partie, la connaissance de Thomas Jerome Newton (nom du personnage qu’interprétait le même Bowie dans L’Homme qui venait d’ailleurs -The Man Who Fell to Earth un film de Nicholas Roeg de 1976).
Et bien, Newton a maintenant retrouvé toute sa tête et grâce à Olivia, il est à même de reconstituer l’incroyable puzzle qui permettrait à une armée d’invasion de passer la fameuse porte déjà ouverte par Walter (d’où le message donné par les glyphes : PORTAL). On s’en doutait un peu, dans le monde de Newton, un terrible fléau sévit (BLIGHT, autre message donné par les glyphes dans l’épisode August).

Malheureusement, je ne suis pas arrivée à faire l’impasse sur les détails techniques. La vision simpliste de la cache imaginée par Bell marcherait sans doute dans un épisode de la 4ème dimension, mais on est dans FRINGE et j’attribuerai donc un carton rouge à l’explication approximative de l’intervention pratiquée par William Bell sur son collègue. Je ne reviendrais pas sur les zones du cerveau qui serviraient d’unités de stockage, idée totalement absurde, mais sur le protocole. De deux choses l’une : soit un tissu cicatriciel s’est formé autour de la substance blanche prélevée interdisant toute connexion nerveuse ultérieure, soit la greffe a réussi (cela explique les désordres psychiques des greffés) empêchant le prélèvement du tissu original. En d’autres termes, difficile d’avoir le beurre et l’argent du beurre.
Cela étant dit, je veux bien admettre (pour des raisons dramatiques) qu’on décalotte complètement le crâne du pauvre Joseph Slater (Jeff Perry, échappé de Grey’s Anatomy).

Une fois digérés ces détails sans importance, il faut prendre sur soi pour gober le nombre effarant de clichés qui émaillent l’épisode. Mais on a vraiment envie de le faire car ces 42 minutes apportent des réponses à des questions que nous ne nous étions même pas posées. Par exemple les fringales de Walter. Ce qui n’était qu’un truc un peu rigolo prend toute sa dimension ici. Walter essaie tout simplement de manière empirique de recouvrer la mémoire en utilisant comme déclencheurs odeurs, textures et saveurs. Bien vu !

L’épisode nous permet aussi d’entrevoir le véritable Walter, celui que Peter voulait à tout prix bannir de sa vie. Aux antipodes du Walter que nous avons appris à aimer, Walter 1.0 est absolument terrifiant de dureté. On est presque content que Bell l’ait amputé et qu’il ne puisse plus jamais redevenir cet individu imbuvable. Noble est encore une fois magistral dans cette transformation qui dure moins de deux minutes, mais quelles minutes !

Jeannot Szwarc signe une mise en scène dynamique et inventive (je pense par exemple à Peter assis dans la salle blanche devant le tunnel de l’aimant de l’appareil IRM, une merveille). Quant aux scénaristes, ils tricotent une trame invisible de références aux autres épisodes. Outre le nom du chef des métamorphes, on notera la maison de famille des Bishop à Cambridge, la société Laston Hennings Cryonics qui conservait les têtes coupées dans Momentum Differed, le retour de William Bell (du point de vue bleuté de Walter) et bien sûr le disque de Thelonius Monk qu’on entend au labo (on voyait une photographie de Monk dans le bureau de Bell dans le World Trade Center), pour ne citer que celles-ci car l’épisode est aussi truffé de marqueurs verts/rouges.

Pour finir, j’attirerais l’attention sur le jeu de mots du titre. Grey matter, c’est la substance grise qui constitue la partie des tissus du système nerveux central concentrant les corps cellulaires des neurones. Mais L’important, c’est le gris, c’est bien ainsi qu’on pourrait traduire le titre, ce qui vous l’avouerez, pose bien d’autres questions.

En conclusion un épisode central, bien équilibré dans l’exposition des personnages, qui bien que prévisible offre des moments inoubliables.

BONUS

WALTERISME(S) DE LA SEMAINE

A l’entrée de l’hôpital psychiatrique :
« Et vous, vous êtes le docteur Bishop? » « Oui, et je suis parfaitement sain d’esprit. »

Chez lui :
« Il me faut Violet Sedan Chair. Leur premier album m’a toujours aidé à redescendre quand j’ai pris trop de Valium. »

Après son enlèvement :
« J’ai vraiment mal à la tête et une terrible envie de poulet. »

Note
Simon Paris : c’est le nom du personnage interprété par Leonard Nimoy dans la série Mission: Impossible.



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