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Marie-Luce en Guadeloupe a flingué la visite de Nicolas en Haïti

Publié le 18 février 2010 par Juan

On ne pouvait rêver pire coïncidence. La visite "historique" de Nicolas Sarkozy en Haïti a été occultée de l'agenda de Sarkofrance à cause de la ministre ... de l'Outre-Mer.
La visite express
Le président français a inventé un nouveau concept: la visite historique de moins de quatre heures !
Difficile de penser que ce déplacement était utile, difficile de le critiquer également. Le pays est dévasté. Le tremblement de terre du 12 janvier a détruit la capitale Port-au-Prince, fait environ 210.000 morts et 1,2 million de sans-abri. Jamais un président de la République française ne s'était rendu en Haïti depuis l'indépendance du pays en ... 1804.
Et pourtant.
Le protocole fut maladroit, tant le pays est dévasté. René Préval n'avait pas l'esprit à ça: "En d'autres circonstances, cela aurait été un plaisir de célébrer la première visite d'un président français à Haïti. Mais nous sommes dans un moment spécial de deuil national, nous pleurons nos morts". Le président haïtien accueillit tout de même vers 7 heures son homologue français. Sarkozy a fait son habituel discours à l'ambassade française, dévastée également. Des barbelés ont remplacé les murs détruits, rapporte Le Monde. On croise "marchands de souvenirs, tentes de fortunes, coqs en cages, étendages de linge". Le premier ministre canadien avait grillé de 24 heures notre Monarque national. Il était là lundi et mardi. Pour deux jours. Il a promis de reconstruire le siège du gouvernement.
Lors d'une conférence de presse avec son homologue haïtien, René Préval, le président français a confirmé ce que l'on savait déjà : la France va annuler la dette d'Haïti à son égard, soit 56 millions d'euros. L'effort est nécessaire, mais dérisoire. Le Monarque a promis une aide exceptionnelle de 326 millions d'euros. En fait, l'enveloppe se décompose comme suit: une aide d'urgence déjà débloquée de 24 millions d'euros, 65 millions d'euros de contribution française à l'aide européenne, 20 millions d'euros d'aide française ordinaire annuelle, l'annulation de 56 millions d'euros de dette, 40 millions de cession de matériel et 50 millions par an supplémentaires en 2010 et 2011 pour la reconstruction. Pas un mot sur la « pétition internationale citoyenne » qui réclame à la France la « restitution de la dette de l’indépendance pour la reconstruction d’Haïti » de 90 millions de Francs or qu'ont dû être payés par Haïti à la France pour la reconnaissance de son indépendance.
Sur place, Nicolas Sarkozy a joué au donateur désintéressé: "L'aide internationale devra être massive et s'inscrire dans la durée. Mais c'est aux Haïtiens et à eux seuls de définir un véritable projet national et ensuite de le conduire. (...) Le rôle de la communauté internationale et de la France est d'aider les Haïtiens à reprendre le contrôle de leur destin." Une conférence internationale est prévue le 31 mars. mais, fidèle à son habitude, Nicolas Sarkozy ne pouvait attendre cette rencontre collective. Il fallait qu'il se précipite sur les lieux, lâche ses billets et puisse repartir en France en disant: "prem's !". La diplomatie sarkozyenne souffre toujours du narcissisme du président français.
La grosse gaffe
Marie-Luce Penchard a-t-elle exprimé tout haut ce les ministres font tout bas ? La ministre ultra-marine de l'Outre-Mer s'est emportée dans un discours, relayé par Rue89. Mal lui en a pris.

« Nous en sommes à une enveloppe de plus de 500 millions d'euros aujourd'hui pour l'Outre-mer, et ça me ferait mal de voir cette manne financière quitter la Guadeloupe au bénéfice de la Guyane, au bénéfice de la Réunion, au bénéfice de la Martinique.
Parce que, même si je vis en Métropole, mon coeur est ici et restera ici, et je n'ai envie de servir qu'une population, c'est la population guadeloupéenne ! »
"Rien pour la Réunion" a rapidement et justement résumé le site Linfo.re. Patrick Balkany, le député UMP si proche de Nicolas Sarkozy et supposé ex-amant de Brigitte Bardot, a réclamé sa démission mercredi 17 février: "Je pense qu'on devrait la sanctionner. Je pense qu'elle devrait être virée du gouvernement".  La vie est dure en Sarkofrance. La ministre a fait publier un communiqué éloquent sur les travers du cumul des mandats. Vingt ministres sont candidats lors des prochaines élections régionales. Veulent-ils tous détourner leur fonction nationale et républicaine au profit de leurs électeurs d'un scrutin ? Marie-Luce Penchard justifie cette position schizophrène:
« Dans le cadre de sa campagne, elle affirme sa volonté de susciter un développement du territoire en mobilisant les crédits publics mis à la disposition de la Guadeloupe.
Marie-Luce Penchard ne s'exprimait donc pas en tant que ministre de l'Outre-mer. (…) Elle a toujours été attentive à séparer rigoureusement son engagement politique local et ses responsabilités ministérielles. »
La ministre a deux vies, deux identités, deux comportements, deux clientèles. Aux uns, les Guadeloupéens, elle promet de capter l'essentiel des crédits publics de l'Outre-Mer. Aux autres, les ultra-marins de Guyane, Mayotte, Martinique, elle promet de les traiter avec égalité. Allez comprendre... Nicolas Sarkozy a toujours encouragé le cumul des mandats. C'était même sa marque de fabrique personnelle. Le cumul des mandats signifie surtout la confusion des enjeux, des responsabilités, des fidélités. Marie-Luce Penchard en est devenue l'une des plus belles illustrations.

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