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“Plastic Beach”, de Gorillaz : le démon Albarn

Par Kub3

Cinq ans après le mythique Demon Days, les cartoonesques Gorillaz reviennent sur le devant de la scène. Alors  même que l’on vient de découvrir un continent de déchets plastiques en plein Atlantique Nord, c’est justement sur une Plastic Beach que les personnages barrés de Damon Albarn et Jamie Hewlett nous invitent. Moins revendicatif que ses prédécesseurs, ce troisième album fait à l’inverse preuve d’une grande maturité. Un voyage musical de bout en bout pour un compositeur définitivement au-dessus du lot.

“Plastic Beach”, de Gorillaz : le démon Albarn

Avec 16 titres et une durée totale frôlant l’heure,  il y en aura toujours pour dire que l’album s’étire un poil. Ces gars là n’auront qu’à retourner écouter les chansons de poche de Vampire Weekend. Car si Albarn prend son temps, c’est pour mieux nous mettre à l’aise, se servir une bière et lézarder sous le soleil de Plastic Beach. Murdoc, bassiste effrayant, s’y est réfugiée pour refonder la bande. Revoilà donc 2D, Noodle et Russel repartis dans des trips impossibles. Comme ici, avec le clip de Stylo, dans lequel ils croisent la route d’un certain Bruce Willis :

Mais le chanteur des Blur ne se contente pas de jouer sur l’artifice de son groupe imaginaire. La musique elle-même est un prodige de subtilité, truffée de petites trouvailles et autres transitions improbables. Sur White Flag, un thème aux accents d’orient cède tout à coup la place  à un rap bondissant et jouissif. Mais surprise : ce qu’on avait pris pour une banale intro revient se faire une place en plein milieu du morceau, le tout dans une parfaite harmonie.

Un autre bon exemple est Empire Ants. Elle s’annonce d’emblée comme un titre chiant au possible ayant pour unique utilité de permettre de faire une petite pause, dans le confort d’une atmosphère haïtienne et d’une boîte à rythmes simplistes. Pourtant, après deux minutes, le ton se transforme en une pop rétro à laquelle vient se mêler la voix plaintive (et franchement agréable) de Yukimi Nagano, la chanteuse du groupe Little Dragon.

Les Suédois ne sont pas les seuls à avoir été conviés. On peut même dire que ça se bouscule au portillon. Snoop Dogg ouvre l’album avec son flow caractéristique (Welcome to the World of the Plastic Beach), juste après une instru digne d’un film hollywoodien. De son côté, Lou Reed patiente un peu avant de nous exposer ses idées sur Some Kind of Nature. Mos Def, quant à lui, a droit à une double ration : en plus de Stylo, l’Américain donne de la voix sur l’excellent Sweepstakes, cocktail détonnant de rap solide, de sons purement électro et de trombones à coulisse. Parions que les remix de ce titre ne vont pas tarder. On regrettera tout de même que certaines participations soient sous-exploitées, notamment celle de Mick Jones (chanteur des Clash) sur Plastic Beach.

Ce troisième opus ne contient peut-être pas de tubes potentiels, dissociables et propices au matraquage radio, comme Feel Good ou Clint Eastwood. C’est néanmoins le prix à payer pour une œuvre composite mais brillant par sa cohérence.

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Gorillaz - Plastic Beach

Sortie le 08 mars 2010

La tracklist :

1. Orchestral Intro (ft. Sinfonia ViVA)
2. Welcome to the World of the Plastic Beach (ft. Snoop Dogg and Hypnotic Brass Ensemble)
3. White Flag (ft. Kano, Bashy, and the National Orchestra for Arabic Music)
4. Rhinestone Eyes
5. Stylo (ft. Bobby Womack and Mos Def)
6. Superfast Jellyfish (ft. Gruff Rhys and De La Soul)
7. Empire Ants (ft. Little Dragon)
8. Glitter Freeze (ft. Mark E Smith)
9. Some Kind Of Nature (ft. Lou Reed)
10. On Melancholy Hill
11. Broken
12. Sweepstakes (ft. Mos Def and Hypnotic Brass Ensemble)
13. Plastic Beach (ft. Mick Jones and Paul Simonon)
14. To Binge (ft. Little Dragon)
15. Cloud of Unknowing (ft. Bobby Womack and Sinfonia ViVA)
16. Pirate Jet

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