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Creation et arts sonores, petite(s) et grande histoire

Publié le 05 mai 2010 par Desartsonnants

ARTS SONORES,

UNE HISTOIRE DE FILIATIONS

EN CONNEXIONS

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Si accumuler des ressources, tenter de comprendre les enjeux et les courants contemporains de la création sonore, d'en cerner les pratiques, d'en reconnaître les acteurs et les lieux incontournables est captivant, les motivations  premières de cette démarche ne me semblent pas en fait  se résumer à cela.
Ce qui est pour moi plus important encore qu'une sorte d'état des lieux, même s'il se double de réflexions et d'analyses, est certainement de réfléchir à ce que pourraient constituer les prémices à une histoire du son, de la création sonore.  Certes, je ne suis pas le seul, fort heureusement,  à me poser cette question. Alain de Filippis, Michel Risse, Jean-Roberts Sédano, Manuel Holtenrbach, Jean-Philippe Renoult, et bien d'autres que je ne cite pas ici, oublie ou ne connais pas, œuvrent à une construction de cette histoire du sonore, chacun avec ses approches, personnelles, ses parcours, réseaux, affinités…
La tache peut d'ailleurs paraître herculéenne, voire utopique. Mais chaque fois que l'on s'attelle à une histoire, qu'elle fût du sonore, des arts visuels, des grandes guerres, de la gastronomie... la tâche n'est pas mince.
C'est en fait en croisant différentes approches, techniques, sociologiques, culturelles… que l'on a une infime chance de trouver une porte pou rentrer dans  le sujet. Mais qu'importe, c'est le peu de chemin parcouru par chacun  qui amènera une pierre, si petite soit-elle, à l'édifice.
Aussi il devient passionnant, au-delà des genres des lieux et des hommes, de voir  comment les choses se lient et se relient, se répondent et s'alimentent entre elles. Comment par exemple une performance sonore a pu être captée, puis a donné lieu à une nouvelle œuvre dite de support, qui elle-même aura permis une installation, qui aura  été conceptualisée et adaptée au regard du lieu, de l'espace acoustique, du discours…. laquelle installation aura inspiré tel artiste, qui l'aura à son tour décliné, réinterprété, ou s'en sera inspiré pour… Cette fiction autour d'un éventuel parcours d'œuvre(s) n'est  somme toute pas si éloignée de la réalité que cela, surtout dans un XXIe siècle où les réseaux démultiplient les circulations possibles, jusqu'à parfois même l'éclatement et la dissolution des sources originelles.
Il est également intéressant de voir comment l'espace d'accueil d'une œuvre, le contexte, la commande, la volonté de l'artiste, les outils technologiques dont il dispose, ses affinités avec tel ou tel dispositif, la maîtrise qu'il en a à l'instant T, vont orienter cette petite et grande histoire du sonore en mouvement. Sans parler des lectures qu'en feront les publics, médias, spécialistes tous azimuts… Il est de plus difficile de présumer des traces, des persistances, des résistances de telle œuvre ou de tel artiste au fil du temps, des courants, des modes et des politiques culturelles mises en œuvre ou abandonnées. Nombre d'artistes semblent avoir eu leur heure de gloire à certaines époques pour finir une poignée de siècles plus tard, avec, dans le meilleur des cas, quelques lignes dans une encyclopédie spécialisée.


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Que garderont les siècle futurs du spectralisme, des courants audio-naturalistes, de la création radiophonique ? Cependant, ils auront existé, maillé et impacté le paysage artistique et culturel, et l'histoire même du sonore de  par leur approche spécifique.

Mais revenons à la problématique de liens et de filiations, en prenant par exemple une entrée environnementale. Des approches "pastorales" du chœur baroque, de l'orchestre classique et romantique, en passant par les musiques de  bruits de Pierre Schaeffer, l'écologie sonore de Murray Schaffer, les musiques anecdotiques de Luc Ferrari, les créations radiophoniques de Yann  Parenthoën, l'écoute des micro-sons du Lubéron par Knud Viktor, les soundwalks de Max Neuhaus, la mémoire des lieux et des gens par Nicolas Frize, Les installations environnementalles d'Aciréne, de Pierre Mariétan, de Paul Panhuysen, les phonographies de Chris Watson, Boris Jolivet, Yannick Dauby, l'acousmatique ornithologique de Bernard Fort, jusqu'à l'archéologie sonore (Archéophonie) de Michel Risse, et plus encore si affinité… Quels croisements, filiations, chemins de traverses, contestations, distanciations, rencontres inopinées, provoquées, reconnaissance des pairs ou affinités fortuites… ?
Il me manque souvent, lorsque je tente de tricoter des fils qui tisseraient une modeste approche historique du sonore, le fait de me référer à des travaux, des récits, des publications  ayant brossé un paysage d'une création en transversalité, même si des ouvrages tout a fait passionnants autour des relations arts-plastiques musiques, créations sonores multimédia, radiophoniques ont été écrites, et de fort belle façon. Il me manque souvent des passerelles qui pourtant me sembleraient logiques et utiles entre musiques expérimentales, arts plastiques, radiophonie, lutherie, entre des discours politiques, écologiques, sociaux allant dans le même sens, et qui constitueraient des liants évidents, permettant de donner à la création sonore des approches moins parcellaires, voire moins chapellisées.
Il me semble que ce recul  fait souvent défaut dans les enseignements des écoles d'arts, les universités formant aux métiers de la culture, et même dans certains établissements qui auraient me semble t-il beaucoup à gagner de ces approches croisées des domaines du sensible tel que le sonore au sens très large du terme  (écoles de design, d'architecture, de paysage, d'urbanisme…).
Il est difficile de refaire le Monde, mais je pense que les activistes sonores devraient se pencher sur la question. D'ailleurs, dans le cadre des Etats Généraux du son organisés il y a quelques années dans le Nord-Isère, certains d'entre nous (qui se reconnaîtrons certainement s'il lisent cet article) avaient envisagé de travailler autour d'un début d'histoire du son, sujet à l'époque qui passionnait beaucoup. Cependant, les vicissitudes de la vie, le manque de moyens, car même les grandes et belles idées culturelles se trouvent freinées voire anéanties sans ressources financières, ont mis à mal, en entout cas en stand-bye ce beau projet.
Peut-être un jour...

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