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LCD Soundsystem : "Si ça sonne bien, on est libres"

Publié le 27 mai 2010 par Albumsono
Soundsystem sonne bien, libres

Quelques jours avant la sortie de son troisième album sous l'identité LCD Soundsystem, James Murphy se confiait à nous entre deux concerts parisiens. L'occasion de parler de "This is happening", de la création et de sa fatigue d'être un musicien professionnel. Rencontre.

Comment avez-vous trouvé votre concert du samedi 8 mai au Bataclan, à Paris ?

Très amusant.

Les murs étaient suintants, nan ?

C’était dégoûtant. Après être être allés backstage minutes pour se rafraichir, quand on est revenus, c’était comme marcher dans la gueule d’un chien.

Vous avez joué quelques morceaux de votre dernier album, « This is happening » ?

Juste quelques-unes pour le moment car l’album n’est pas censé être sorti. Mais quelqu’un a fait fuiter l’album sur Internet. On n’avait pas prévu de jouer autant de chansons nouvelles pour ce premier tour. Cela fait deux ans qu’on n’avait pas joué, donc on voulait plutôt jouer des chansons anciennes. Vu la taille des concerts, on joue pour des gens qui nous voient pour la première fois.

La fuite de votre album sur Internet, ça vous énerve ?

Le disque devrait sortir quand l’artiste le décide. Par exemple, vous faites de la cuisine pour vos amis et que vous sortez chercher le courrier. En revenant, vous voyez l’un de vos amis la manger et la donner à d’autres personnes, eh bien vous direz : « ah non non ! Je prépare le dîner »… C’est juste impoli. C’est ce que je pense à propos de l’album. L’album sort les 17 et 18 mai. Je voulais servir des cocktails et des petits hors-d’œuvre ! Ne commencez pas à manger pas le gâteau. Je voulais faire la tournée avec juste un single, puis sortir l’album, puis mettre davantage de morceaux. C’est comme si quelqu’un lisait votre journal personnel. Pire, c’est comme s’il le lisait et le copiait et le postait sur Internet après.

Vous avez enregistré l’album
dans un manoir en Californie ?

Une partie. Chaque fois que j’enregistre un album, je sors de New York deux ou trois mois. Puis je rentre à New York pour le terminer dans mon studio. Cette fois c’était Los Angeles. Cela paraissait très rock’n’roll. Je savais que ça allait être notre dernier album, donc je voulais faire quelque chose de ce genre une fois dans ma vie. C’était moins cher que de louer un studio. J’ai emballé tout mon matériel, je l’ai mis dans un camion et je l’ai envoyé à LA. Je l’ai déballé, et on était prêt à bosser.

Combien de temps avez-vous mis ? Avec combien de personnes ?

Trois mois. Il y avait un noyau dur de cinq personnes. Mais parfois jusqu’à vingt personnes. Des amis qui passaient juste pour se baigner dans la piscine, s’amuser.

I can change :

LCD, c’est qui ? Vous ? Un groupe ?

Un exemple : Il y a plusieurs types de metteurs en scène, certains se mettent en scène dans les films, d’autres pas. Certains font des films à gros budgets, d’autres petits. Martin Scorsese travaille souvent avec Robert De Niro. On dira que l’un est réalisateur, l’autre acteur. Mais leur relation est plus différente. Ils parlent du film, du script… Leur relation est plus floue, que dans un film très gros budget où les acteurs doivent se plier à ce qu’on leur demande de faire. Ma collaboration avec Pat et Nancy est de cet ordre-là. Je suis comme le réalisateur, c’est sûr. Mais ce n’est pas moi qui donne des ordres, c’est collaboratif. J’ai la responsabilité du metteur en scène. Parfois je travaille seul, parfois avec des gens, c’est très libre..

Vous êtes comme un chef d’orchestre alors ?

Non, c’est assez autocratique.

Vous n’êtes pas comme ça ?

Non, je suis plus comme James Brown.

Ah ouais ?

Oui. « Be Funky ! »

Vous avez mis trois mois à composer donc ?

J’écris quand j’enregistre. A Los Angeles, J’ai fait 6 ou 7 morceaux sur les 9 que compte l’album. A New York, j’ai écrit « Pow Pow » et « Drunk Girls ».

La première que vous avez enregistrée, c’est ?

« All I Want » et après, « Somebody’s calling me ».

Justement, qui vous appelle ?

Tout le monde. C’est chiant. J’ai écrit ce morceau une nuit où j’avais pris du Xanax. Je l’ai composé dans ma chambre. Quand je me suis réveillé, on l’a enregistré.

Pourquoi du Xanax ?

Parce que j’étais stressé. Alors j’en ai pris, je me suis assoupi. Au milieu de la nuit, je me suis réveillé, j’ai fait une petite démo. Au matin, je me suis réveillé, j’avais oublié que j’avais fait ça, j’ai réécouté et je l’ai retravaillé. J’ai retravaillé les paroles, mais j’ai gardé ce côté endormi.

Quand est-ce que vous avez commencé à chanté ?

J’étais chanteur de classique quand j’étais petit. Mon école avait une chorale réputée. On allait en tournée, en Europe.

Vous travaillez toujours votre voix ?

Non, j’ai toujours détesté ma voix, même si je m’y suis habitué. J’aime quand elle marche, comme un outil. Mais elle est souvent abîmée, c’est très frustrant.

Elle est abîmée aujourd’hui ? Pourquoi ?

A l’after-party, j’ai fait un set jusqu’à 6 h 30 du matin au Baron. On devait crier pour se faire entendre.

La chanson « Home » a un côté très Talking Heads…

C’est la guitare, comme dans « Pow Pow ». Je suis un gros fan de la manière dont David Byrne joue de la guitare, de manière minimale et physique à la fois. Surtout à l’époque de leur album « Remain in Light ».

Pourquoi des pandas dans le clip de « Drunk Girls » ?

C’était drôle. Je déteste faire des vidéos. Mais là, c’était sympa. Mon label n’était pas au courant. Je l’ai payé moi-même et réalisée avec Spike Jonze. Au départ, ça devait être moi tout seul.

Qui a eu l’idée ?

Tous les deux. J’aime les « bad ideas ». C’était bien de travailler avec lui.

Avez-vous été blessé ?

Un petit peu, je saignais, je me suis coupé la lèvre, j’ai été frappé des poings et des pieds. Mon genou. Pat s’est fait attaqué à l’extincteur, Nancy par des œufs.

Drunk Girls :

Dans une vidéo sur votre site, vous dites que vous aimez être « out of control » ?

J’aime arranger les choses de manière à ne pas avoir à réfléchir. Par exemple avec le groupe. Je suis plus préoccupé que ça sonne bien sur scène que n’importe quoi d’autre. Si j’oublie les paroles, tant pis. Si ça sonne bien, on est libres.

Vous affirmez aussi que c’est votre dernier disque. C’est la fin de LCD comme un groupe de rock professionnel, qui fait des albums, des clips et des tournées. Pourquoi ?

Parce que je veux faire autre chose. J’ai 40 ans, un jour je vais mourir. Je ne vais probablement pas vivre au-delà de 70 ans. Tous les membres de ma famille n’ont jamais dépassé 70 ans.

Ça va, vous êtes encore loin ?

Non, juste 30 ans. Et j’ai 40 ans, j’en ai presque fini. Et le temps passe plus vite quand on vieillit. Dix ans auparavant, j’ai fondé DFA, et j’ai l’impression que c’était il y a une minute. Je veux faire plein d’autres choses. J’adore être dans un groupe, faire des disques et des tournées. Je veux lire des livres, être avec mes amis, produire des gens... Je continuerai à faire de la musique comme LCD, mais retourner en livrant un EP par ici, un single par là. Interviews, budgets, télé, etc… Je ne veux plus faire ce job à plein temps.

Recueilli par Lil' Joe


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