Magazine Côté Femmes

Aggiornamento

Publié le 02 juin 2010 par Juval @valerieCG

En 2002, Elsa Dorlin soulignait le danger de récupération raciste du féminisme par la droite française.

Si être féministe n’a jamais été chose facile, il semble que, paradoxalement, alors que la société est moins sexiste, cela se complique. Il n’y a plus guère de lois ouvertement sexistes et le dernier combat à mener concerne la réforme des mentalités. Ce combat contre ce qui apparait comme l’évidence, l’état de nature des hommes et des femmes sera de loin le plus long.

C’est là que le féminisme se trouve confronté à deux réactions. L’une est courante et habituelle ; les violences sont niées et vues comme des actes isolés, sur lesquels aucune analyse globale ne peut être menée.
L’autre, relativement récente, consiste à imputer à l’Autre cette violence. L’assassinat de sa femme et de ses 4 enfants par un “Jean” sera porté au crédit du stress et du surmenage. L’assassinat de sa femme par un “Mohamed” sera mis sur le compte de sa culture d’origine – du moins celle qu’on fantasme à propos de son prénom – forcément mortifère. Ce qui est dans un cas vu comme un élément isolé, du à un individu épuisé, malade, fou, est interprété dans l’autre comme l’expression tangible d’une culture misogyne, forcément misogyne.

Ces dernières années le féminisme a été mis à rude épreuve avec les affaires autour de l’islam et du voile. Une profonde scission a vu des féministes telles que Christine Delphy trainée dans la boue car elles osaient être contre une loi sur le port du voile.
Malgré certains avertissements, il était difficile de penser un seul instant que la droite et l’extrême droite pourraient s’emparer du féminisme qui a toujours été, en France, historiquement, porté par la gauche.
Consciemment ou non, cette appropriation du féminisme permet à beaucoup de ne pas s’interroger sur leur propre société. Imaginer que le sexisme n’est du au fait que de quelques immigrés permet de ne pas revenir, de ne pas s’interroger sur les fondements sexistes de notre société.
Isoler les violences vécues par “les femmes des quartiers” permettait de dire que ces violences étaient spécifiques, différentes et que leurs auteurs l’étaient tout autant.

En 2003, lors du projet de loi sur les signes ostensibles à l’école, alors que jamais ni Chirac ni Stasi n’avait manifesté un quelconque intérêt pour les droits des femmes, ces derniers furent mis en avant pour justifier la loi. Aucun-e féministe, pas même la secrétaire d’Etat à l’égalité et à la parité ne faisait partie de cette commission. S’il avait vraiment été question des droits et de la dignité des femmes, on peut s’étonner de ce choix.
En 2010, ce fut Eric Raoult, auteur du délicieux “Les viols et les tournantes ne se passent pas par moins 30° mais surtout quand il fait chaud et quand un certain nombre de petites jeunes filles ont pu laisser croire des choses” qui est responsable du rapport parlementaire sur la burqa.
Il n’était pas question de demander à la secrétaire d’Etat à l’égalité et à la parité de rédiger ce rapport puisque le poste a disparu mais on aurait pu supposer, que ce projet, puisque prenant explicitement, là encore, appui sur les droits des femmes pour interdire la burqa, aurait été rédigé par quelqu’un ayant quelque connaissance en la matière.

Même si l’on aurait pu se réjouir que les droits des femmes soient évoqués, lorsqu’il s’agit de le faire hors de la présence de celles et ceux qui les analysent quotidiennement, on appelle cela un jeu de dupes.

En restant au strict niveau du féminisme, est ce que vraiment 2000 femmes en burqa représentent un danger majeur face aux 1.3 millions de femmes vivant sous la violence de leur conjoint ?
(Chiffre qui je n’en doute pas sera nié. La rhétorique consiste d’un côté à souligner que le nombre des burqa est bien supérieur à 2000 mais qu’en revanche, on exagère beaucoup les violences conjugales).


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