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Kalima - le chant des sirènes

Publié le 03 juin 2010 par Paulo Lobo
Kalima - le chant des sirènesIl y a tant de personnes à qui je voudrais écrire ou parler, tant de personnes réelles ou imaginaires, qui ont une place dans mon coeur, dont je sens la présence loin de moi.
Mais il y a aussi ces chemins en forêt et ces chemins dans les villes, quand je suis seul entouré d'arbres ou seul entouré de gens: j'ouvre la fenêtre et déjà ça va mieux.Et puis il y a aussi Kalima, un disque, des chansons, que je traîne en moi depuis des semaines, depuis des mois. J'ai commencé à écrire en pensant à autre chose, mais Kalima a surgi dans ma tête, des sons, des mélodies, comme les volutes de fumée de quelqu'un en face de moi et qui m'hypnotisent. Ce texte que je veux coucher sur le papier pour dire les musiques, la voix, les sons. Ce texte que j'ai toujours ajourné parce qu'il y a la difficulté de rendre justice à un disque, à une respiration, à un jardin secret.Un disque comme un tableau abstrait ou coloré, fait de mille tonalités et mille teintes, que l'on ne peut ressentir ou appréhender qu'en l'écoutant ou en le regardant fixement.Comme cette frêle jeune fille tout à l'heure à l'arrêt de bus, dans sa tunique à rayures, dont les yeux bleu océan m'ont happé, longuement.Et que je voulus photographier, un jour plus tard, dans une vie ultérieure.Kalima, c'est la recherche intimiste de la beauté, une quête qui se dessine par petites touches, comme ces phrases qui virevoltent et qui tournent sur elles-mêmes, qui se cherchent et hésitent, dans une sorte de vertige aimé, qui se posent et observent une pause, comme un papillon qu'on contemple un moment, avec étonnement, sur la fleur, puis qui s'envole soudain… Vous voyez la couleur de son battement d'ailes? Comment parler de Kalima?Comment définir ce cd et comment vous dire que je l'aime? Que je l'aime bien et même plus.Dire les faits, peut-être, d'abord, Sascha Ley au chant, Laia Genc au piano, Anne Kaftan au saxo et à la clarinette. Dire que ça ressemble à un disque de jazz, mais que ça ne l'est pas - il y a un peu de David Sylvian là-dedans… Dire aussi, ne pas oublier de le dire, même si c'est facile de le dire, qu'il s'agit d'un trio féminin de charme. Dire tout ça, et on n'a rien dit encore.Alors j'ai enregistré mes pensées pendant que j'écoutais les titres et je décide de les transcrire en partie dans ce qui suit, plus ou moins telles que me les crache mon Iphone.Il s'agit d'un disque sur lequel je veux savoir très peu de choses, ni le comment, ni le pourquoi, ni le c'est quoi. C'est un disque que j'écoute et qui suscite des impressions en moi toujours différentes, des émotions saugrenues, des couleurs, mille nuances, changeantes suivant les lumières de chaque moment, suivant les humeurs de mon être.Un disque ouvert, plein de silences et de soupirs infinis et épanouis.Du jazz, non; une musique qui s'aventure dans des territoires plus lointains, plus intimes. Un cd qui ne révèle que petit à petit, qui, toujours un peu plus fortement, s'immisce en moi et devient indispensable quand je l'écoute, quand il m'écoute.C'est une armoire que j'ouvre et de laquelle s'échappent des sons, des senteurs, des bruits, des silhouettes, des ombres chinoises, des souffles…Un disque qu'il faut étudier, ressentir, expérimenter, plusieurs fois, par épisodes successifs et entêtés. Une chanson par-ci, une chanson par-là.Des longues envolées nordiques qui suscitent la chevauchée mentale.Des paysages sonores qui s'imposent dans l'arrière-plan de la voiture et des synapses.Ce disque de Kalima, on l'écoute lentement et il prend son temps pour distiller son enchantement. Comme des sirènes qui auraient décidé de ne pas se presser pour me croquer. Elles chantent, doucement, contemplativement, et elles savent pertinemment bien qu'elles finiront par m'avoir. Quelque chose de cruel, en somme.Une musique qui ressemble à une architecture, des édifices qui s'érigent tranquillement, faits pour durer, faits pour être habités par tous ceux qui voudront entrer.La clé est sur la porte.  
Le MySpace de Kalima: www.myspace.com/triokalima     

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