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Anticonstitutionnellement

Publié le 26 septembre 2010 par Malesherbes

Mardi 21 septembre, le plateau de l'émission Ce soir (ou jamais) sur France 3 réunissait Emmanuel Todd, Jacques Attali, Agnès Verdier-Molinié, Didier Porte, Alain Bauer et Eric Fassin. La première partie de cette revue de presse était titrée La France au ban de l'Europe.

Manuel Todd, remarquable à l'écrit mais emporté par sa fougue à l'oral, s'écrie : " Si, il y a quelque chose de très très grave, c'est le genre de Président qu'on a. Je suis désolé, j'veux dire, qu'un système comme le système français arrive à avoir ce machin à la tête de l'Etat ". Craignant pour sa place, Frédéric Taddeï intervient alors : " N'exagérez pas, je vous rappelle qu'on est sur le service public ". Eh oui, Monsieur le laquais, vous l'avez bien dit, il s'agit en effet du service public, au service du public qui finance ce service par ses impôts, pas au service d'un président régulièrement élu mais qui présentement, pour de basses visées électorales, viole avec allégresse la Constitution qu'il a le devoir de défendre.

Emmanuel Todd fait alors référence à la Constitution, dont l'article premier stipule que tous les Français sont égaux et dont l'article 5 précise que le Président doit veiller à son application. Il poursuit ainsi : " Actuellement, nous avons un Président de la République, j'veux dire, qui travaille contre la question, j'veux dire, contre le respect de la Constitution ". Attali chasse alors d'un revers de la main cette accusation, geste d'autant plus surprenant que précédemment il avait condamné avec vigueur la politique ségrégationniste du Président : " Là, vous devenez excessif, vous êtes au-delà ... ". Todd pointe alors l'article 68 qui évoque la destitution éventuelle du Président pour grave manquement à ses fonctions de Président. Le forum qui suit ce compte-rendu m'a permis d'apprendre que les conditions d'application de cet article sont fixées par une loi organique dont l'existence reste douteuse.

Todd reprend alors : " un Président de la République française qui, j'veux dire, en situation de crise économique, j'veux dire, de déroute économique, consacre son énergie à pourchasser quelques gitans, n'est plus dans sa fonction ". Agnès Verdier-Molinié s'indigne " vous exagérez complètement ! ". Taddeï intervient sottement à son tour: " Je vous rappelle que c'est plutôt, en l'occurrence, c'est la Charte européenne [...] c'est pas la Constitution française ". Ce journaliste fait ainsi étalage de sa totale inculture. Ce sont les traités internationaux qui s'imposent aux législations nationales. Notre Président a donc transgressé et notre Constitution et la loi européenne.

La lumineuse Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation iFRAP, nommée par Christine Lagarde, le 14 octobre 2008, membre du comité exécutif de l'éminent COnseil pour la Diffusion de la Culture Economique, intervient alors, la mine désolée : " Non, mais ça suffit, ça va trop loin, la Commission est allée trop loin, peut-être qu'il y a eu une circulaire, un peu malencontreuse, mais faut pas non plus en faire un plat, c'est ridicule ". Non, chère Madame, c'est vous qui être grotesque, la circulaire n'est pas malencontreuse, elle est la très exacte transcription des propos racistes tenus le 30 juillet 2010 à Grenoble par notre bien-aimé Président : " J'ai demandé au Ministre de l'Intérieur de mettre un terme aux implantations de campements sauvages des Roms ".

Didier Porte rappelle alors le comportement de matamore de Sarkozy, parle d' " un type qui a le niveau de maturité affective d'un gamin de 17 ans ". Attali s'exclame alors " non, n'exagérez pas, mais attendez, vous parlez du Président de la République, y a des limites ". Non, Monsieur Attali, quand les bornes sont franchies par un Président au langage de voyou, il n'y a plus de limites. Le respect ne se décrète pas, il se mérite. Mais Porte poursuit : " Sarkozy qui va dans les sommets internationaux avec un petit tabouret pour être plus grand ou avec des talonnettes... ". Taddeï l'interrompt : " c'est pas vrai, Didier Porte ". Mais si, hélas, et que penser d'un journaliste qui n'a pas vu ce que des centaines de milliers de Français ont pu déplorer. Porte reprend : " mais si, j'suis désolé, y a des images ". Bien sûr, on a même vu une visite d'usine avec des participants sélectionnés pour leur petite taille. De là à imaginer que c'est peut-être ce souci qui a amené la suppression de l'exigence d'une taille minimum pour intégrer la police, il n'y a qu'un pas.

On est abasourdi quand on voit tant d'intelligences (à moins que...) se prosterner devant un individu qui a su porter si haut son indignité.

L'extrait que j'ai commenté ici est présenté par Médiapart à cette adresse (mais j'ignore si les non-abonnés peuvent y accéder) et la totalité de l'émission est disponible ici.


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