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Le corps des femmes dans les séries télé

Publié le 04 octobre 2010 par Godsavemyscreen

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Très souvent associé au sexe ou à la reproduction, le corps des femmes dans les séries est étroitement lié au corps des actrices. De la grossesse de Lucille Ball dans I Love Lucy à la transformation physique d’Ellen Parsons (Damages) et de Peggy Olson (Mad Men), de l’hyper-sexualisation des héroïnes et super-héroïnes à l’impact de la maladie, de la question du désir aux femmes fatales et aux prostituées, quels fantasmes les séries véhiculent-elles à travers la représentation des corps féminins ?

Femmes enceintes : la grossesse camouflée ou exploitée

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S’il est des séries dont le pitch inclut d’emblée la grossesse de l’un des personnages – c’est le cas pour Skyler White dans Breaking Bad), nombreuses sont celles où scénaristes et producteurs ont dû s’adapter en cours de route aux transformations du corps des actrices. Repousser le tournage, intégrer un ventre rond à l’intrigue ou tout mettre en œuvre pour le dissimuler : petit tour d’horizon des grossesses télévisées…

Si Lucille Ball, l’héroïne de I Love Lucy, fut la première actrice-productrice à intégrer sa grossesse dans un scénario, elle dut toutefois – après une première grossesse dissimulée – batailler pour imposer son choix, à une époque où le mot « enceinte » et les ventres ronds n’avaient pas droit de cité dans les séries télé. Bien des années plus tard, nous avons tous en mémoire la très peu ordinaire grossesse de Phoebe : l’actrice Lisa Kudrow étant enceinte lorsque débute le tournage de la quatrième saison de Friends, les scénaristes décident d’intégrer sa grossesse à l’écran. Phoebe est célibataire et n’a eu aucune aventure récente ? Qu’à cela ne tienne, elle deviendra mère porteuse pour son frère, et accouchera de triplés à l’occasion du centième épisode.

Dans la sixième saison de Grey’s Anatomy en revanche, la grossesse d’Ellen Pompeo / Meredith sera dissimulée, et ce bien qu’il eut été relativement simple de l’intégrer au scénario ; opérée pour un don de foie à destination de son père, Meredith passera ainsi beaucoup de temps allongée, le ventre toujours caché sous un savant empilement de couvertures. Quant à Bree Van de Kamp, si sa grossesse fut simulée au cours de la quatrième saison – Bree tentait de persuader le voisinage que le futur enfant de sa fille était en réalité le sien -, celle de son interprète Marcia Cross fut habilement dissimulée, forçant l’équipe à faire preuve de beaucoup d’ingéniosité : vêtements amples, plans serrés, mise en scène ultra précise intégrant toujours au premier plan un objet ou un personnage pour faire écran, la grossesse de l’actrice ne fut jamais dévoilée. Une belle performance, quand on sait que Marcia Cross mit au monde des jumelles…

Le corps à l’épreuve : lorsque la maladie est mise en scène

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Si la question de la maladie en général, et du cancer en particulier, traverse les séries de ces dix dernières années – non qu’elle soit absente des écrans avant, mais le propos est ici resserré autour de cette période -, elle n’est que très rarement abordée sous un angle réaliste. Les personnages féminins perdent leurs cheveux – leur chute n’est toutefois jamais montrée-, se battent et finissent quasi invariablement par remporter leur combat contre le cancer, combat dont elles sortent la plupart du temps grandies et convaincues de l’immense beauté de la vie.

Qu’il s’agisse de Lynette dans Desperate Housewives ou de Samantha dans Sex and the City, on demeure encore bien loin de la représentation du corps malade de Walter White dans Breaking Bad : la libido en berne, les vomissements, la fatigue, le désespoir et l’envie de rendre les armes ont été si justement décrits par Vince Gilligan et son équipe que l’on est en droit de se demander si la crudité de l’approche n’est pas réservée aux seuls personnages masculins. The Big C, la dernière dramedy lancée par la chaîne câblée Showtime, semble pour le moment s’inscrire dans une tendance similaire : si le personnage de Cathy et les effets psychologiques de la maladie sont décrits avec beaucoup plus de finesse, il n’en reste pas moins que l’impact de la maladie sur le corps, pas plus, par ailleurs, que les coûts financiers des soins, ne font l’objet d’un quelconque traitement. La question du rapport au corps dans The Big C n’est pour autant pas délaissée, mais abordée sous l’angle un peu plus glamour de la découverte du désir et de la sensualité.

Corps de femmes et découverte du désir

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Qu’il s’agisse d’adolescentes (Sarah dans Big Love) ou de personnages de femmes mûres (Carmela dans Les Soprano, Ruth dans Six Feet Under), toutes ont en commun de partir à la découverte de leur propre désir. Désir naissant pour les unes, désir trop longtemps étouffé pour les autres, qui ont toujours placé le bien-être de leurs enfants et leur famille avant le leur.

Des rêveries de midinette de Carmela Soprano, fantasmant des étreintes torrides avec le kitchissime Furio, à ses tentatives infructueuses avec des amants effrayés par son Parrain de mari, de la détresse de Ruth Fisher à la mort de son époux, qu’elle trompait toutefois déjà avec le coiffeur Hiram, à ses délires sous Extasy dans la toile de tente et à son obsession pour le jeune sous-locataire, ces personnages qui se découvrent femmes après des années de dévouement et d’oubli de soi comptent parmi les plus beaux portraits féminins de ces dernières années.

Le corps comme marchandise : femmes prostituées

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Les figures de prostituées ne sont pas légion sur le petit écran – du moins pas à ma connaissance - ; deux personnages viennent pourtant à l’esprit, deux regards sur la prostitution à priori diamétralement opposés : celui de Trixie (Deadwood) d’une part, qui du moins dans la première saison survit entre la misère et l’asservissement, entre les coups portés par son mac Al Swearengen et les humiliations quotidiennes. A l’autre bout de la lorgnette, Hannah, l’héroïne de Secret Diary of a Call Girl (série britannique), évolue dans un univers totalement idéalisé : point de mauvaises rencontres, des situations cocasses mais jamais éprouvantes, du fric et du glamour… un job comme un autre en somme, pour une fille qui n’avait d’autre raison de choisir cette profession que l’appât du gain et un goût certain pour le sexe. Même si Secret Diary of a Call Girl n’appelle pas franchement à la réflexion, se contentant de traiter le sujet de manière légère et anecdotique, elle a au moins le mérite de fournir une autre vision du métier de prostituée ; un métier aux multiples facettes, répondant à des motivations très diverses, et bien loin de se résumer à ces deux seules extrémités : l’esclavagisme ou la prostitution de luxe.

Les femmes fatales, ou le corps comme objet de fantasme

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Souvent considérées comme appartenant au camp du « mal », les femmes fatales, contrairement aux bimbos – Cordelia dans Buffy contre les Vampires, Penny dans The Big Bang Theory - qui ne sont « que » de jolies filles un brin écervelées, considèrent leur corps et leur pouvoir de séduction comme un simple moyen d’arriver à leurs fins. Manipulatrices, avides de sexe et (souvent) de pouvoir, ces personnages sont toujours d’une grande beauté et réveillent les fantasmes les moins avouables. Parmi elles, les extraterrestres ont très souvent incarné ce mélange de beauté glacée, de manipulation, d’insatiable appétit sexuel et de cruauté : le personnage de Diana, dans la série originale V, tout comme celui d’Anna, dans le remake, ou encore le fameux Numéro 6 de Battlestar Galactica, sont assez emblématiques de cet archétype féminin.

Dans un genre différent mais véhiculant elles aussi leur lot de fantasme, les figures de guerrières, de combattantes, d’héroïnes justicières à la Buffy (ou davantage encore celle de Faith, le pendant obscur de Buffy), Sidney Bristow (Alias), Max (Dark Angel), Nikita ou encore Xena, pour n’en citer que quelques unes tant la liste est longue, sont traditionnellement incarnées par des personnages hyper-sexualisés, aux tenues parfois directement inspirées des tendances SM, corps affutées comme des lianes et poitrines plus qu’avantageuses : machines de guerre tout autant que machines de sexe, leur puissance et leur combativité est quasi systématiquement associée à une incroyable énergie sexuelle.

Je ne résiste pas à la tentation de mentionner ici deux personnages de femmes, deux super-héroïnes qui, si elles ne correspondent pas à l’archétype de la femme fatale, entretiennent un rapport à leur corps suffisamment particulier pour être citées : Claire Bennet (Heroes) et Jaimie Sommers (The Bionic Woman) ont en commun un corps… hors du commun. Alors que Claire possède la capacité de se régénérer à une vitesse extraordinaire, testant sans cesse ses limites pour comprendre le fonctionnement de son corps – un comportement somme toute très typique de l’adolescence – et n’hésite pas à se sectionner volontairement un orteil au milieu d’une séance très girly de pose de vernis à ongles, Jaimie – dotée d’une jambe, de bras et d’une oreille bioniques - connaît parfaitement les siennes et préfère de loin la méthode douce au combat rapproché. Ni franchement aliens ni tout à fait humaines, ni femmes fatales ni asexuées, toutes deux tentent d’accepter le corps qui leur a été donné. Un cheminement de femme, bionique ou pas…


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