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Black Milk : Album Of The Year

Publié le 23 octobre 2010 par Crazyhorus

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Malgré une pointe d’humour et une bonne dose de provocation, difficile de ne pas s’attirer les foudres de la critique avec un tel titre. On a beau s’appeler Black Milk, être natif de Detroit, avoir sorti un dernier album convaincant (Tronic en 2008) et travaillé avec une variété impressionnante de MC (Slum Village, Phat Kat, Pharoahe Monch, GZA, Royce da 5’9”, KRS-One, Buckshot etc.), tout ceci ne met pas à l’abri d’un retour de flamme.  C’est donc avec une assurance presque présomptueuse que le MC/Beatmaker de Motor City nous présente sa dernière galette à travers la sobriété d’un 365 peint en rouge vif en guise de cover afin d’illustrer le propos. 

Annoncé en grande pompe via une campagne promotionnelle soutenue qui a su entretenir le buzz, Album Of The Year ne pouvait manquer sa sortie. Car depuis août dernier, le single “Deadly Medley” affublé d’un sample incendiaire de Blackrock, semblait placer l’opus sous d’heureux auspices, deux ans après l’excellent Tronic sur lequel notre homme s’est véritablement révélé. Attendu au tournant, Black Milk doit négocier un virage peu évident tant les attentes sont grandes. Trop peut être. Doté d’un flow aussi plat que l’électrocardiogramme d’un mort, Curtiss Cross a toujours réussi à pallier cette carence grâce au caractère singulier de certaines de ses productions. Pour le cas présent, ce sont particulièrement ces dernières qui s’avèrent décevantes. Tel un ras de marée, les drums anarchiques noient l’album dans une débauche de beats sans saveur qui confère plus au vacarme qu’à une réelle musicalité. En découle une matière sonore difficilement supportable sur la longueur (”Gospel Psychedelic Rock”, “Keep Going” ) et difficile à équilibrer. Travailleur forcené, Black Milk semble s’être perdu dans ses productions à l’apparente complexité mais dont l’ensemble est - avouons-le - assez homogène. Cela ne suffit pourtant pas à faire de l’opus une réussite absolue. Plus que jamais, le ton monocorde ainsi que le flow linéaire du MC apportent peu de variations dans l’interprétation des morceaux (”365”, “Round Of Applause”). Jalonné par des  hooks d’une efficacité limitée (”Oh Girl”), l’album prend racine dans un terreau médiocre d’où sont extraits des titres peu exaltants, à l’exception du magnifiquement noir “Black & Brown” et de “Closed Chapter” et son riff de guitare élancé. Pour le reste, Album Of The Year hésite entre titres convenus et fausse prise de risque.

2010 n’aura donc pas été l’année du grand retour comme cela était annoncé. A force de surenchère et de prétention, Black Milk risque de récolter les fruits pourris de son effervescence laborieuse. Comme le disait Paul Valery, “le plus farouche orgueil naît surtout à l’occasion d’une impuissance”. Voilà qui pourrait servir.

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