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Qui a osé dire : «Nicolas Sarkozy est un bouc émissaire» ?

Publié le 26 octobre 2010 par Kamizole

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C’est l’écrivain Denis Tillinac. Fort ami de Jacques Chirac et devenu un soutien politique de Nicolas Sarkozy. C’est en cherchant autre chose sur le Journal du Dimanche que je me suis attardée sur plusieurs titres me faisant de l’œil dont celui-ci Sarkozy, un “bouc émissaire” (Tillinac) (23 oct. 2010). Je ne saurais dire ce que Denis Tillinac vaut comme écrivain. Ce style d’auteurs régionalistes que l’on regroupe sous l’appellation «d’Ecole de Brive» n’est pas ma tasse de thé. Non point que je ne m’intéresse à l’histoire et donc au passé notamment des régions mais pour le peu que j’en ai pu lire et sauf exception je n’y trouve pas grand intérêt. Parlez-moi en revanche de la sublime Marie Rouanet qui ne cesse de me ravir mais ses souvenirs empruntent la langue des poètes.

Comme analyste politique et en particulier de la geste sarkoïdale dont il se fait le chantre, à lire ses récentes déclarations, Denis Tillinac ne vaut pas tripette. Nicolas Sarkozy serait selon lui placé dans une situation de «bouc émissaire» car il paierait «son style bretteur, batailleur mais aussi son courage». Si le style c’est l’homme, il est évident que les Français sont de plus en plus nombreux à ne pas supporter celui de Nicolas Sarkozy. Ni sa personne. Ni sa politique.

Les journalistes étrangers sont d’ailleurs encore bien plus critiques que nous à cet égard. J’avais signalé il y a quelque temps un article de Christian Duplan dans Marianne (n° 701 du 25 septembre au 1er octobre 2010) qui est encore sur ma tablette sous l’ordinateur : «A l’étranger, les canards lui volent dans les plumes», florilège des appréciations peu amènes de la presse internationale. Ce style de remarques peu flatteuses ne date certes pas d’aujourd’hui mais c’est une nouvelle cerise sur le gâteau empoisonné qu’ils ne nous envient pas. C’est peu de dire combien Nicolas Sarkozy a pu dégrader l’image de la France et plus encore de son président ce dont nous n’avons pas à être fiers…

Je ne sais si Denis Tillinac apprécie dans sa vie d’être mené à la hussarde dans une direction qu’il refuse avec la plus grande énergie. Perso, j’ai toujours été rétive à la manière forte et je déteste tout particulièrement que l’on cherchât à m’imposer quelque chose. J’admets tout à fait volontiers les contraintes liées à la vie sociale, les règles nécessaires, qu’elles fussent liées au travail ou au respect des autres, à la courtoisie et toutes les formes de la politesse que mes parents m’inculquèrent, sans chichis absurdes.

Mais pour le reste, la personne qui imaginerait possible de me faire plier à ses volontés ne doit pas encore être née. Sinon, elle passera rapidement son chemin. Pas plus d’ailleurs qu’il n’est dans mes intentions ou manières d’être de chercher à contraindre qui que ce soit. Je l’ai dit et le répète, je n’ai nulle propension au pouvoir.

Quant au «courage» que signale Denis Tillinac, c’est précisément le plus grand point d’achoppement car il considère qu’il en faut pour nous imposer de nous soumettre aux diktats de l’ultralibéralisme. Il ne fait preuve d’aucune originalité. Discours cuit et recuit au point de sentir le brûlé : «Ses prédécesseurs, en parti-culier Jacques Chirac et François Mitterrand, ont voulu protéger les Français Cela leur a donné l’illusion que nous étions et que nous serions toujours demain et après-demain dans une démocratie sociale de redistri-bution. Or Nicolas Sarkozy a osé dire que cette République-là ne peut plus exister dans un contexte de mondialisation»…

Je considère au contraire qu’il nous faut beaucoup de courage pour nous inscrire en faux contre ce prétendu “réalisme” qui nous impose rien moins qu’un esclavage des temps modernes, au nom d’une idéologie politico-économique qui nous semble à bon droit monstrueuse car elle soumet l’économie – étymologiquement «admi-nistration de la maison» - à des règles qui mécon-naissent totalement et l’économie réelle et surtout ! les besoins les plus essentiels des êtres humains. Bien curieuse demeure où l’homme est considéré comme quantité négligeable, simple “variable d’ajustement” d’intérêts mercantiles et financiers.

Je connais parfaitement le discours convenu : nous serions obligés de nous adapter de gré ou de force car tous les pays s’y soumettent et la France ne pourra faire encore longtemps “lit à part”… La belle affaire ! Je prône le divorce pur et simple. Ce ne serait pas la première fois que la majorité – lato sensu – se goure profondément. Pendant des siècles, il fut coutume de bander les pieds des petites filles chinoises afin qu’elles n’eussent pas de grands pieds. Au prix d’atroces souffrances et de muti-lations, d’une gêne considérable pour marcher. Mais sans doute ne voulait-on pas qu’elles s’éloignent par trop de leur logis ou n’aient la tentation de s’enfuir à tire d’aile ? Aujourd’hui cette coutume est considérée comme une barbarie sans nom.

Combien de temps faudra-t-il pour que cette société appelée aujourd’hui «post-moderne» soit unanimement considérée comme tout aussi barbare quant à ses conséquences sur l’humanité tout entière ?

Je le dis et le répète, ce système n’est pas viable. Ni économiquement, ni socialement ni moins encore humainement et écologiquement. Il se cassera forcé-ment la gueule tôt ou tard. Je ne saurais dire quel sera le deus ex machina qui sera à l’origine de son effondrement mais l’implosion est inscrite dans ses gènes si je puis m’exprimer ainsi. Seule la date nous reste inconnue. J’espère que Dieu me prêtera vie assez longtemps pour connaître cela.

En attendant, il restera à pousser Nicolas Sarkozy vers la sortie. Je relisais hier soir l’article consacré à la soirée organisée par Marianne au Théâtre de la Porte Saint-Martin : «Face à Nicolas Sarkozy, quel front républi-cain ?» en septembre 2010 (Marianne n° 700 du 18 au 24 sept. 2010). J’ai beau être socialiste je constate que ce sont les politiques qui déconnent complètement en campant sur des positions d’arrière-garde politiciennes en diable, lors même qu’ils sont tous d’accord pour dresser un bilan critique du socialisme. C’est “touche pas à mon pré-carré” et surtout pas de mésalliances.

Ce sont paradoxalement les non-politiques qui expri-ment des idées avec lesquelles je ne puis qu’être totalement d’accord. Aussi bien Benjamin Stora (historien) qu’Edwy Plenel (journaliste, directeur de Médiapart et à ce titre désormais bien connu, n’en déplaise à Eric Woerth et bien d’autres !) ainsi que Jean-François Kahn (Marianne). Tous rappelant le précédent historique du Conseil National de la Résistance (CNR) qui, bien avant la Libération, rassembla des personnalités hétéroclites, «allant des communistes aux gaullistes pour libérer le pays de l’occupation nazie et construire le modèle social – l’Etat-providence – tant décrié aujourd’hui à l’Elysée et au Medef».

Je suis persuadée qu’il existe un socle commun de convictions politiques et sociales sur lequel il est possible de rassembler les femmes et les hommes de bonne volonté, au-delà des clivages partisans. Prolonger le «Tous ensemble» des manifestations et grèves contre la réforme des retraites. Ne me demandez pas de prévenir l’avenir mais je demande si ce ne sont pas les citoyens qu’ils fussent militants ou non des partis politiques, des syndicats ou tout autre mouvement ou associations qui devront se mobiliser pour imposer que leurs dirigeants fassent front commun contre Sarkozy.

Moins sérieusement, d’abord un bouc ça pue ! Ensuite, il faut faire particulièrement gaffe. Le bouc émissaire, fût-il blessé n’en devient pas pour autant doux comme un agneau, bien au contraire. Il peut se mettre redouta-blement en furie. Diablement dangereux. J’avais lu dernièrement sur Libé cette surprenante information : Un randonneur américain tué par un bouc (18 oct. 2010). A bon entendeur salut ! et n’ayez garde d’oublier «qu’il ne faut jamais vendre la peau du bouc avant de l’avoir tué»… au sens symbolique s’entend : politiquement.

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