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ORPHAN (ESTHER) (Jaume Collet-Serra - 2009)

Par Actarus682

http://thezaz.nationallampoon.com/files/2009/06/orphan.jpgLe thème de l’enfant tueur est devenu au fil du temps un genre cinématographique à part entière (le chef d’œuvre indéboulonnable ¿Quién puede matar a un niño? (Les révoltés de l'an 2000) de Narciso Ibáñez Serrador constituant le mètre-étalon du genre). L’on peut également citer Le village des damnés, La malédiction, Les proies ou encore The children, oeuvrant tous sur le terrain de l’enfance meurtrière, apportant son lot de perversité et de violence à une période de la vie a priori exempte de tout soupçon.

Le metteur en scène espagnol Jaume Collet-Serra (La maison de cire) apporte aujourd’hui sa pierre à un édifice déjà fortement balisé et codifié en racontant l’histoire d’Esther, petite fille de 9 ans adoptée par un couple d’Américains ayant perdu son troisième enfant à la naissance. Esther ne tardera pas à éveiller les soupçons de sa mère par son comportement étrange, jusqu’à ce que l’incroyable vérité ne soit révélée.

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Cette révélation finale, twist extrêmement surprenant et impossible à prévoir, apporte non seulement un éclairage inédit aux comportements de la jeune fille, mais souligne en outre l’idée force du métrage: l’enfance percue comme une période tout sauf innocente, et pouvant renfermer en son sein perversité, machiavélisme et vilenie, ou lorsque les atours de l’enfant masquent des comportements d’adulte. Cette idée maîtresse, sous-tendant l’intégralité du métrage, est exploitée dans des scènes extrêmement culottées pour un film de studio, comme celle dans laquelle Esther (la révélation Isabelle Fuhrman) manipule la petite fille sourde et muette du couple, ou encore la séquence de drague entre une Esther apprêtée comme une adulte et son père adoptif, séquence aux relents d’inceste extrêmement surprenante en ces temps de censure imposée à tour de bras.

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Mais Orphan ne s'en tient pas uniquement à cette vision transgressive de l’enfance, et propose en filigrane une réflexion sur la mort, plus précisément le rapport des êtres à la mort (le deuil de la mère, l’épisode des fleurs blanches) trouvant son point d’orgue dans une scène d’une beauté et d’une sensibilité absolues dans laquelle la mère explique par le langage des signes à sa petite fille sourde et muette ce qu’est devenue sa petite sœur, morte à la naissance. Cette scène, d’une tristesse infinie, demeure indiscutablement la plus forte du métrage.

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Cependant, Jaume Collet-Serra a tendance à se perdre dans une mise en scène pas toujours inspirée, en usant et abusant d’effets absolument gratuits (voir ces jump scares ineptes totalement hors de propos). En outre, la fin du film, d’une banalité confondante, aurait mérité plus d’attention de la part du metteur en scène. Enfin, il est navrant de constater qu’aujourd’hui encore, des génériques de films continuent de plagier celui de Se7en (le générique de fin de Orphan est un décalque éhonté de son illustre prédecesseur).


Malgré ces regrettables réserves, Orphan demeure un film de genre réussi, subversif à souhait, tout en revêtant une aura poétique mêlée d’une extrême mélancolie.




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