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Come back Africa

Publié le 22 mars 2011 par Www.streetblogger.fr

Come back Africa

J’ai vu hier pour la première fois un film dont j’avais beaucoup entendu parler, Come back Africa du réalisateur américain Lionel Rogosin.

C’est une excellente fiction-documentaire sur les conditions de vie en Afrique du sud dans les années 60.

Je parle de fiction-documentaire parce qu’en fait Rogosin fait des films dans lesquels il n’y a pas d’acteurs professionnels, que des gens du commun, des gens comme les autres qui jouent leur propre rôle. La façon qu’à Rogosin de filmer ces personnes dans l’environnement social dans lequel elles évoluent fait que l’on peut également parler de documentaire. Son premier film On The Bowery, sur ce fameux quartier de New York, montre sans voyeurisme le quartier et la population qui y vit alors. La nature de leurs relations, faites de violence, de ruse et d’incertitudes, est exposée sans aucune idée de moralisation ou de dénigrement.

Rogosin affirmait avoir fait ce premier film, en 1956, pour se préparer à celui qui était pour lui un objet de passion, Come back Africa, qu’il réalisera en 1959.

C’est l’histoire de Zacharia un pauvre fermier venu de son village du Zoulouland pour trouver du travail à Johannesburg. Il commencera par les mines, seul endroit où il n’a pas besoin de deux permis, un pour travailler et un pour résider. Hélas, le travail dans les mines ne paie pas beaucoup et rapidement Zacharia cherche une autre place. Il va aller de petits boulots en petits boulots, ayant plus ou moins de chance dans ces différents travails. Sa femme le rejoindra à Sophiatown, où il réside, avec leurs enfants. A travers les différentes aventures ou mésaventures de Zacharia, dont un incident avec un tsotsi (les brigands des shantytown) qui tournera au tragique, Rogosin nous propose un portrait sans concession du système inhumain de l’apartheid. Le scénario du film fut écrit en collaboration avec Lewis Nkosi et Blake Modisane, deux journalistes engagés qui travaillaient à l’époque pour le magazine Drum.

Le tournage s’est fait clandestinement, les autorités sud-africaines n’auraient certainement pas vu d’un très bon œil son récit s’il en avait officiellement livré la teneur.

D’ailleurs une fois l’œuvre projetée, aux Etats-Unis, les réactions violentes publiées dans les journaux sud-africains en disent suffisamment long sur le sentiment du gouvernement sud africain à propos de l’apartheid.

C’est grâce à Rogosin que Miriam Makeba, qui apparaît dans son film pour la première fois au cinéma, à pu quitter l’Afrique du sud. Et c’est en en faisant la tournée de promotion qu’elle rencontrera à Londres Harry Belafonte qui lui donnera la chance de faire la carrière que l’on connaît.

Il n’y a pas vraiment de rapport avec le Hip-hop. On pourrait en trouver un en disant que Rogosin s’est fait le CNN des shantytown avant que les rappeurs ne deviennent le CNN des ghettos américains, mais la comparaison serait tirée par les cheveux. Certes Rogosin et certains rappeurs ont ou avaient à cœur de dire la vérité, de dénoncer une réalité sordide qui se joue dans une indifférence qui l’ait davantage, mais comparer un mass media avec ces voix artisanales qui mènent au grand art ne serait pas flatteur.

Le seul rapport qu’il y ait vraiment, à mon niveau, avec le Hip-hop, c’est que c’est Apkass, un rappeur français d’origine congolaise, qui m’a longtemps parlé de ce film. J’ai enfin eu la chance de le voir et j’en profite pour vous dire qu’Apkass est en concert vendredi 25 mars, dans le cadre du festival chorus des hauts de seine, en première partie de Baloji à Nanterre dans la salle Daniel Féry à partir de 20h.

Bon film et bon concert, quel que soit l’ordre dans lequel vous voulez le faire.

Come back Africa

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