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En-dedans et au-delà (by Cécile)

Publié le 30 mai 2011 par Lifeproof @CcilLifeproof

Êtes-vous déjà allés dans un temple ou dans une cathédrale simplement parce qu'il s'agit d'un lieu où nous sommes invités à nous recueillir et que, parfois, cela fait du bien ? Avez-vous déjà écouté des chants d'église car ils nous emmènent avec eux loin de la matérialité de la vie ? Et cela sans pour autant être nécessairement croyant ? Je l'ai déjà fait et je le referai... Mais jusqu'au 2 juillet, je n'irai ni dans un lieu de culte ni je n'écouterai un album de musique religieuse chez moi si j'en ressens le besoin. À la place, j'irai à l'Aubette 1928 afin de m'immerger dans l’œuvre sonore The Forty-Part Motet de Janet Cardiff.

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 The Forty-Part Motet, Janet Cardiff, 2001 - Vue de l'exposition à l'Aubette 1928 / Strasbourg

Le 18 mai dernier, j'ai eu l'occasion de rencontrer la créatrice de cette œuvre étonnante, Janet Cardiff. Artiste canadienne résidant à Berlin. Elle travaille sur les rapports entre sons et vie mais aussi sons et cinéma et elle nous a raconté avoir reçu un jour un cd qu'elle a écouté chez elle : « Spem in alium nunquam habui » de Thomas Tallis mais, hélas, ce support et cette façon de l'entendre ne rendait pas justice à la puissance sonore qui pouvait se dégager de cette œuvre. En effet, comment une chaîne hifi avec deux ou même quatre hauts-parleurs pourraient rendre compte des voix de quarante chanteurs qui élèvent les mots de ce chant dans le transept d'une église ? Elle a alors proposé ce projet de The Forty-Part Motet à son compagnon qui lui a dit que ce ne serait pas une réalisation facile. Effectivement a priori...

 

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Vue de l'installation de The Forty-Part Motet de Janet Cardiff à Séoul (photo: Myoung-Rae Park)

Quand on entre dans la salle de bal de l'Aubette 1928, on est entouré de 40 hauts-parleurs, chacun d'entre eux diffuse une voix et chaque voix a été enregistrée à part des autres. Le motet « Spem Alium nunquam habui » a été composé en 1573 par Thomas Tallis (compositeur et organiste anglais) pour 40 chanteurs répartis en 8 chœurs regroupant 5 tessitures de voix chacun : soprano, alto, ténor, baryton et basse. Être dans une église et écouter ces voix s'élever, créer des harmoniques et nous entraîner à leur suite doit être une expérience formidable. Mais, au fond, comment savoir ? Et aussi, serions-nous entourés par ces chanteurs ou nous feraient-ils face ? L’œuvre de Janet Cardiff nous offre la possibilité de nous plonger dans cette musique et dans ces sons qui en deviennent presque palpables, elle sculpte l'espace avec eux et nous entoure d'eux.

  Un piètre aperçu de ce que ça peut être...

La première écoute a été impressionnante, positivement. Lors de la seconde (le même jour), j'ai à nouveau ressenti cette sensation d'être envahie par les sons et transportée par, avec et en eux. Au début, on entend des chanteurs qui toussotent, font des bruits de gorge, discutent entre eux (drôle) puis le silence se fait, alors commence le chant. Une première voix tout d'abord puis une seconde et ainsi de suite jusqu'à ce que l'espace de la salle de bal soit saturé par les sons qui se font de plus en plus présents, de plus en plus pressants et de plus en plus forts et impérieux dans leur désir de nous entraîner à leur suite pour nous libérer à la fin. On est entourés par des sons qui, en nous pénétrant, nous invitent au recueillement, à la méditation, à faire le vide et à aller au-delà de soi et de ses sens. Néanmoins, à la fin de cette seconde écoute, j'étais suffisamment émue pour qu'une larme m'échappe, la musique est belle et fait voyager vers l'ailleurs de notre choix...

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Janet Cardiff à l'Aubette le 18 mai 2011

Depuis j'y suis retournée... Et j'irai encore prochainement. N'hésitez pas à faire de même, il s'agit là avant toute chose d'une expérience qui, selon l'état d'esprit dans lequel on est au moment de notre visite à l'Aubette, peut se révéler très enrichissante. Avec The Forty-Part Motet, Janet Cardiff nous convie aussi à modifier notre rapport à l'art, on ne vient pas voir une exposition ou une œuvre, on vient la vivre.

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The Forty-Part Motet de Janet Cardiff à l'Aubette 1928 du 14 mai au 2 juillet 2011 / Place Kleber, Strasbourg

The Forty-Part Motet, Janet Cardiff, 2001 / Durée : 14' (11' de chant, 3' de pause) / Version retravaillée de « Spem in Alium Nunquam Habui » de Thomas Tallis (1573) / Chanté par le Salisbury Cathedral Choir / Enregistrement et post production : SoundMoves/ Edité par George Bures Miller / Produit par Field Art Projects avec l’Arts Council of England, the Salisbury Festival, BLATIC Gateshaed, the New Art Gallery Walsall et le Festival NOW de Nottingham

Horaires d'ouverture : du mercredi au samedi de 14h à 18h

Êtes-vous déjà allés dans un temple ou dans une cathédrale simplement parce qu'il s'agit d'un lieu où l'on est invités à se recueillir et que, parfois, cela fait du bien ? Avez-vous déjà écouté des chants d'église car ils nous emmènent avec eux loin de la matérialité de la vie ? Et cela sans pour autant être nécessairement croyant ? Je l'ai déjà fait et je le referai... Mais jusqu'au 2 juillet, je n'irai ni dans un lieu de culte ni je n'écouterai un album de musique religieuse chez moi. À la place, j'irai à l'Aubette 1928 afin de m'immerger dans l’œuvre sonore The Forty-Part Motet de Janet Cardiff.

Photo

Le 18 mai dernier, j'ai eu l'occasion de rencontrer la créatrice de cette œuvre étonnante, Janet Cardiff. Artiste canadienne résidant à Berlin, travaillant sur les rapports entre sons et vie mais aussi sons et cinéma, elle nous a raconté avoir reçu un jour un cd qu'elle a écouté chez elle : « Spem in alium nunquam habui » de Thomas Tallis mais, hélas, ce support et cette façon de l'entendre ne rendait pas justice à la puissance sonore qui pouvait se dégager de cette œuvre. En effet, comment une chaîne hifi avec deux ou même quatre hauts-parleurs pourraient rendre compte des voix de quarante chanteurs qui élèvent les mots de ce chant dans le transept d'une église ? Elle a alors proposé ce projet de The Forty-Part Motet à son compagnon qui lui a dit que ce ne serait pas une réalisation facile. Effectivement...

Photo

Quand on entre dans la salle de bal de l'Aubette 1928, on est entouré de 40 hauts-parleurs, chacun d'entre eux diffusant une voix et chaque voix ayant été enregistrée à part des autres. Le motet « Spem Alium nunquam habui » a été composé en 1573 par Thomas Tallis (compositeur et organiste anglais) pour 40 chanteurs répartis en 8 chœurs regroupant 5 tessitures de voix chacun : soprano, alto, ténor, baryton et basse. Être dans une église et écouter ces voix s'élever, créer des harmoniques et nous entraîner à leur suite doit être une expérience formidable. Mais, au fond, comment savoir ? Et aussi, serions-nous entourés par ces chanteurs ou nous feraient-ils face ? L’œuvre de Janet Cardiff nous offre la possibilité de nous plonger dans cette musique et dans ces sons qui en deviennent presque palpables, elle sculpte l'espace avec eux.

Photo / vidéo ?

La première écoute a été impressionnante, positivement. Lors de la seconde (le même jour), j'ai à nouveau ressenti cette sensation d'être envahie par les sons et transportée par, avec et en eux. Au début, on entend des chanteurs qui toussotent, font des bruits de gorge, discutent entre eux (drôle) puis le silence se fait, alors commence le chant. Une première voix tout d'abord puis une seconde et ainsi de suite jusqu'à ce que l'espace de la salle de bal soit saturé par les sons qui se font de plus en plus présents, de plus en plus pressants et de plus en plus forts et impérieux dans leur désir de nous entraîner à leur suite pour nous libérer à la fin. On est entourés par des sons qui, en nous pénétrant, nous invitent au recueillement, à la méditation, à faire le vide et à aller au-delà de soi et de ses sens. Néanmoins, à la fin de cette seconde écoute, j'étais suffisamment émue pour qu'une larme m'échappe, la musique est belle et fait voyager vers l'ailleurs de notre choix...

Depuis j'y suis retournée... Et j'irai encore prochainement. N'hésitez pas à faire de même, il s'agit là avant toute chose d'une expérience qui, selon l'état d'esprit dans lequel on est au moment de notre visite à l'Aubette, peut se révéler très enrichissante. Avec The Forty-Part Motet, Janet Cardiff nous convie aussi à modifier notre rapport à l'art, on ne vient pas voir une exposition ou une œuvre, on vient la vivre.

The Forty-Part Motet de Janet Cardiff à l'Aubette 1928 du 14 mai au 2 juillet 2011

Place Kleber, Strasbourg

The Forty-Part Motet, Janet Cardiff, 2001

Durée : 14' (11' de chant, 3' de pause)

Version retravaillée de « Spem in Alium Nunquam Habui » de Thomas Tallis (1573)

Chanté par le Salisbury Cathedral Choir

Enregistrement et post production : SoundMoves/ Edité par George Bures Miller

Produit par Field Art Projects avec l’Arts Council of England, the Salisbury Festival, BLATIC Gateshaed, the New Art Gallery Walsall et le Festival NOW de Nottingham

Horaires d'ouverture :

du mercredi au samedi de 14h à 18h

Êtes-vous déjà allés dans un temple ou dans une cathédrale simplement parce qu'il s'agit d'un lieu où l'on est invités à se recueillir et que, parfois, cela fait du bien ? Avez-vous déjà écouté des chants d'église car ils nous emmènent avec eux loin de la matérialité de la vie ? Et cela sans pour autant être nécessairement croyant ? Je l'ai déjà fait et je le referai... Mais jusqu'au 2 juillet, je n'irai ni dans un lieu de culte ni je n'écouterai un album de musique religieuse chez moi. À la place, j'irai à l'Aubette 1928 afin de m'immerger dans l’œuvre sonore The Forty-Part Motet de Janet Cardiff.

Photo

Le 18 mai dernier, j'ai eu l'occasion de rencontrer la créatrice de cette œuvre étonnante, Janet Cardiff. Artiste canadienne résidant à Berlin, travaillant sur les rapports entre sons et vie mais aussi sons et cinéma, elle nous a raconté avoir reçu un jour un cd qu'elle a écouté chez elle : « Spem in alium nunquam habui » de Thomas Tallis mais, hélas, ce support et cette façon de l'entendre ne rendait pas justice à la puissance sonore qui pouvait se dégager de cette œuvre. En effet, comment une chaîne hifi avec deux ou même quatre hauts-parleurs pourraient rendre compte des voix de quarante chanteurs qui élèvent les mots de ce chant dans le transept d'une église ? Elle a alors proposé ce projet de The Forty-Part Motet à son compagnon qui lui a dit que ce ne serait pas une réalisation facile. Effectivement...

Photo

Quand on entre dans la salle de bal de l'Aubette 1928, on est entouré de 40 hauts-parleurs, chacun d'entre eux diffusant une voix et chaque voix ayant été enregistrée à part des autres. Le motet « Spem Alium nunquam habui » a été composé en 1573 par Thomas Tallis (compositeur et organiste anglais) pour 40 chanteurs répartis en 8 chœurs regroupant 5 tessitures de voix chacun : soprano, alto, ténor, baryton et basse. Être dans une église et écouter ces voix s'élever, créer des harmoniques et nous entraîner à leur suite doit être une expérience formidable. Mais, au fond, comment savoir ? Et aussi, serions-nous entourés par ces chanteurs ou nous feraient-ils face ? L’œuvre de Janet Cardiff nous offre la possibilité de nous plonger dans cette musique et dans ces sons qui en deviennent presque palpables, elle sculpte l'espace avec eux.

Photo / vidéo ?

La première écoute a été impressionnante, positivement. Lors de la seconde (le même jour), j'ai à nouveau ressenti cette sensation d'être envahie par les sons et transportée par, avec et en eux. Au début, on entend des chanteurs qui toussotent, font des bruits de gorge, discutent entre eux (drôle) puis le silence se fait, alors commence le chant. Une première voix tout d'abord puis une seconde et ainsi de suite jusqu'à ce que l'espace de la salle de bal soit saturé par les sons qui se font de plus en plus présents, de plus en plus pressants et de plus en plus forts et impérieux dans leur désir de nous entraîner à leur suite pour nous libérer à la fin. On est entourés par des sons qui, en nous pénétrant, nous invitent au recueillement, à la méditation, à faire le vide et à aller au-delà de soi et de ses sens. Néanmoins, à la fin de cette seconde écoute, j'étais suffisamment émue pour qu'une larme m'échappe, la musique est belle et fait voyager vers l'ailleurs de notre choix...

Depuis j'y suis retournée... Et j'irai encore prochainement. N'hésitez pas à faire de même, il s'agit là avant toute chose d'une expérience qui, selon l'état d'esprit dans lequel on est au moment de notre visite à l'Aubette, peut se révéler très enrichissante. Avec The Forty-Part Motet, Janet Cardiff nous convie aussi à modifier notre rapport à l'art, on ne vient pas voir une exposition ou une œuvre, on vient la vivre.

The Forty-Part Motet de Janet Cardiff à l'Aubette 1928 du 14 mai au 2 juillet 2011

Place Kleber, Strasbourg

The Forty-Part Motet, Janet Cardiff, 2001

Durée : 14' (11' de chant, 3' de pause)

Version retravaillée de « Spem in Alium Nunquam Habui » de Thomas Tallis (1573)

Chanté par le Salisbury Cathedral Choir

Enregistrement et post production : SoundMoves/ Edité par George Bures Miller

Produit par Field Art Projects avec l’Arts Council of England, the Salisbury Festival, BLATIC Gateshaed, the New Art Gallery Walsall et le Festival NOW de Nottingham

Horaires d'ouverture :

du mercredi au samedi de 14h à 18h


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