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Chronique de la solitude

Par Borokoff

A propos de Medianeras de Gustavo Taretto 1 out of 5 stars

Chronique de la solitude

A Buenos Aires, Martin, un web-designer trentenaire vit seul et cloitré chez lui. En face de son immeuble, Mariana (Pilar Lopez de Ayala) rêve de devenir architecte mais doit se contenter d’un boulot de « décoratrice » de vitrines. Ces deux êtres seuls parviendront-ils à se rencontrer ?

Medianeras reprend la trame et l’histoire d’un court métrage éponyme que Gustavo Taretto réalisa lui-même en 2006, avec déjà Javier Drolas dans le rôle de Martin. Fallait-il faire du court métrage Medianeras (en français, murs mitoyens) un long ? C’est la question lancinante qui revient tant le premier long métrage du réalisateur argentin parait  laborieux, fastueux dans son intrigue et ce scénario dont on connait d’avance la chute.

Pourtant, le film s’ouvrait sur un constat architectural pour le moins surprenant : Buenos Aires est une capitale qui brille par son manque d’homogénéité voire de logique dans la juxtaposition de ses bâtiments. Une église à bulbes orthodoxe peut y côtoyer un immeuble de verre, des maisons au style victorien se perdre entre des grattes ciels ou encore des HLM donner sur… des terrains vagues. Contraste saisissant dans cette ville construite dos au fleuve et dont le ciel est bardé de câbles en tout genre. Ce côté complètement irrationnel et décousu de l’architecture de Buenos Aires, Taretto le compare avec subtilité et poésie au sentiment amoureux. Mais il critique en même temps les architectes de ces « cages à poules » et autres barres d’immeubles, responsables à ses yeux de l’isolement et de la solitude des êtres dans les grandes villes.

Chronique de la solitude

Dans L’Homme d’à côté de Gaston Duprat et Mariano Cohn, on se souvient que le prétexte d’un mur mitoyen donnait lieu à une querelle de voisinage à la fois cocasse et dramatique entre un designer « bobo » et un Argentin au parler beaucoup plus rustique.

Ici, il ne s’agit pas de faire un portrait acide de la bourgeoisie, mais les architectes en prennent pour leur grade dans ce qu’ils ont créé d’incommunicabilité voire d’impossibilité de se rencontrer entre les êtres.

Martin survit entre dépression et paranoïa, angoisse et phobies, tocades et solitude. Fragile, comme cette végétation qui pousse entre les fissures des murs et qui lui rappelle sa propre « faiblesse ». La tristesse de son existence, depuis qu’il s’est fait « larguer » par une copine qui lui a en plus laissé son chien, renvoie à celle de Marianna, architecte frustrée qui a du mal à se remettre d’une relation de quatre ans.

Chronique de la solitude

Mais que faudrait-t-il à cette histoire pour que l’on s’y intéresse davantage ? Comment expliquer que l’on se sente un peu étrangers à la vie de ces deux paumés ?

Sans doute le scénario manque-t-il d’épaisseur ou de consistance pour un long métrage. Medianeras met en parallèle plus qu’il ne confronte véritablement ces deux solitudes. Cette symétrie provoque de l’ennui renforcé par le fait que le film reste dans une certaine banalité voire une pesanteur du quotidien. Le spectateur sort de sa torpeur à la fin du film, plus imaginative (merci Daniel Johnston), lors d’un « tchat » poignant et drôle entre Martin et Mariana.

Quant à la morale de l’histoire, le constat qu’Internet, les réseaux sociaux, les téléphones portables et toutes ces « nouvelles » technologies de communication ont eu pour effet paradoxalement de faire se replier les gens sur eux-mêmes, ils ne font qu’ouvrir des portes… déjà ouvertes hélas.

www.youtube.com/watch?v=IYvpqVT3YFQ


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