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L'éveil d'une nouvelle conscience par D.T Suzuki

Publié le 05 juillet 2011 par Joseleroy

"L'ÉVEIL D'UNE NOUVELLE CONSCIENCE DANS LE ZEN
par D. T. Suzuki.
Ma position en ce qui concerne « l'éveil d'une nouvelle conscience » peut se résumer ainsi :
Cette formule n'est pas très heureuse, car ce qui est éveillé dans l'expérience zen n'est pas une nouvelle mais une ancienne conscience, endormie en nous depuis que nous avons perdu 1' « innocence », pour employer le terme biblique. Cet éveil est en réalité la redécouverte ou l'exhumation d'un trésor perdu depuis longtemps. ( Dans le Lankavatara Sutra, il est fait allusion au retour au village natal, font chaque chemin est familier. Dans toute la littérature zen, nous trouvons des expressions telles que « rentrer à la maison » ou « voit sa famille dans xn village étrange », etc )
En chacun de nous existe plus ou moins profonde, plus ou moins forte, une éternelle aspiration à quelque chose qui transcende le monde ies apparences contradictoires. Mais ici encore le verbe « transcender » n'est pas très heureux car il implique une idée de dépassement, c'est-à-dire de séparation, de dualité, et je ne voudrais pas donner à penser que ce quelque chose dont je parlais est étranger au monde où nous nous trouvons nous-mêmes.
(...)
On voit peut-être mieux pourquoi il ne me semble pas très heureux de parler de l'«éveil d'une nouvelle conscience ». L'aspiration qui est en nous est celle d'une chose que nous avons perdue et non d'une chose inconnue dont la nature nous échapperait. Toute nostalgie implique une connaissance antérieure de son objet, même si nous ignorons sa pré­sence en nous. L'aspiration dont je parlais est une ombre du kokoro (néant) originel qui se projette sur la piste de la voie intérieure. L'objet même de cette aspiration ne saurait être atteint avant que nous ne revenions à la demeure que nous avons quittée sans le savoir.  L'éveil d'une "nouvelle conscience " consiste dès lors à nous retrouver dans cette demeure où nous vivions avant même d'être né. (...)


L'idée que l'éveil d'une nouvelle conscience corresponde à ce « retour à la maison », nous la retrouvons dans le christianisme. La « maison du père » dont il y est question peut n'être que celle où je suis né, où j'ai grandi et d'où je suis parti de mon plein gré. Mais en réalité, quelque volonté que j'en aie, je ne peux pas quitter ma vraie demeure. Seule mon imagination a pu me faire croire que je l'ai quittée et prendre conscience de ce fait, c'est m'éveiller à la nouvelle conscience dont nous parlions. Il n'y a là rien de « nouveau ». Je retrouve simple­ment ce que je pensais avoir perdu. En réalité, je ne l'avais jamais perdu ni quitté, je l'avais sans cesse porté avec moi, en moi — mieux : j'étais, je suis cela, et cela est moi.


Dans le Zen, Yeno exprime cette idée de « retour » ou de « reconnais­sance » lorsqu'il demande à ses disciples de voir « leur visage originel (ou premier) ». Ce « visage », c'est celui que nous avions avant même d'être nés. En d'autres termes, c'est le visage de l' « innocence » qui était la nôtre avant que nous ayons mangé le fruit de l'arbre de la connaissance. « L'arbre de connaissance », c'est la voie extérieure, celle de l'intelligence, qui nous fait oublier la voie intérieure, celle de "l'innocence. » Encore une fois, la plupart des gens prennent ce mot, à tort, dans son acception morale. L'innocence correspond à ce qu'Asvaghosha appelle « l'Illumination originelle », ce que nous n'avons jamais perdu, même après l'avènement de la « connaissance », parce que sans elle notre existence n'a pas de signification et la « connaissance » elle-même serait impossible. " D.T. Suzuki, dans Le monde du zen, Stock, 1968

 

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