Magazine Humeur

Jan Karski - un geste philosophique

Publié le 20 juillet 2011 par La Bienveillante @Ema_Dellorto

Euh, ouais.

Titrer un post de blog Jan Karski, bon, c'est un exemple de geste philosophique.

Y a le geste historique, c'est sûr.

willybrandtkniefallwarschauerghettojpg.jpeg

Y a le geste politique aussi.

7630336848_tommie-smith-lors-de-la-remise-de-medailles-du-200-m-des-jo-de-mexico-en-1968.jpg

Mais je dirais, quand vous faîtes un geste philosophique, il n'est pas besoin de faire un gros mouvement.

On se fait pas suer.

C'est le message, un peu, que veut nous transmettre Yannick Haenel, l'auteur du livre titré Jan Karski, car "Le nom de cet homme, Jan Karski, est le titre [du] roman et « J'y tenais, dit-il. C'est un geste philosophique"

Et moi qui ai la chance d'éviter les rentrées littéraires françaises, de ne jamais lire de romans français, de lire des japonais, des anglais, des autrichiens, des indiens, des américains, pas trop de sud-américains, j'avais évité le romain français Jan Karski.

Une chance jusqu'à ce que j'aille en Avignon et pénètre dans un théâtre qui pré-ci-sé-ment joue Jan Karski.

La voix. De Paris. Fait envie.

Mais : non.

"Ce qui frappe en entendant le texte dit par ce pro hors pair du monologue qu'est Laurent Poitrenaux, c'est son côté boursouflé, ses envolées moralisatrices dans une langue surannée qui semble vouloir être celle d'un Thomas Bernhard rewrité par Chateaubriand"

Donc la mise en scène, je laisse le soin à Armelle Héliot de vous la décrire pré-ci-sé-ment.

On va se coltiner le texte puisque "rien de ce qui était problématique dans le texte n'a trouvé de réponse sur scène". Dit.

festival d'avignon,avignon,2011,arthur nauzyciel,shoah

Jan, résistant polonais, témoin des HORREURS commises dans le Ghetto de Varsovie et dans un camp de mi-concentration mi-extermination.

Jan alerte, Roosevelt.

Ca c'est vrai. C'est vrai.

Roosevelt rote. C'est pas écrit. Ce qui est écrit par Yannick c'est Roosevelt baille, Roosevelt digère.

"... corps brûlés à la chaux vive pendant des heures tatata..."

Pof, un baillement.

Pas trop intéressé. Limite, satisfait.

Parce que, tu vois, «chaque fois qu’un collaborateur de Roosevelt ou de Churchill se demandait quoi faire des juifs, il se posait la même question que Hitler – il se posait une question hitlérienne.» Dit le livre.

festival d'avignon,avignon,2011,arthur nauzyciel,shoah

A la réflexion, tout ça, l'extermination des juifs, ne serait pas arrivée, si Yannick avait été Président des Etats-Unis en 1943, Yannick aurait écouté Jan.

Mais c'est pas possible, car il n'était pas né, de même que n'était pas née la Shoah, même si l'extermination était bien vivante elle. Même génocide, le mot, n'aurait rien évoqué avant 1944 parce qu'il n'existait pas plus que Haenel.

Dommage car Yannick, lors de cet entretien, aurait écouté, n'aurait pas maté les jambes de sa secrétaire comme, dit le livre, Roosevelt les a matées.

Ca, ça n'a rien à voir avec ce qu'on apprend dans un autre livre de Yannick Haenel, que Yannick Haenel découvre à l’âge de dix ans Nuit et brouillard, d’Alain Resnais, projeté en classe par une maîtresse vêtue d’une «robe blanche brodée de fleurs pâles» qui le «trouble», alors que l’horreur des camps et des corps efflanqués le saisit".

Ecrire un livre peut être un geste merdique.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


La Bienveillante 718 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines