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Cette semaine : Christian Gailly

Par Eric Bonnargent
Cette semaine : Christian GaillyIls ne sont plus si nombreux, après tout, lesécrivains qui savent allier avec quelque allure l'excellence et le succès populaire, la décence et la renommée. Aussi bien, la trajectoirelittéraire de Christian Gailly semble pareillement insensible aux engouements conventionnelsque son écriture, chaloupant entre poésie amère etprose espiègle, s’indiffère du vacarme ambiant. 
Christian Gailly est de ces auteurs danslesquels on tombe. On y arrive toujours un peu par hasard, parce qu’on a entenduprononcé son nom, parce qu’on a croisé l’un de ses titres en devanture sans yprendre garde et qu’une petite voix nous a sitôt fait revenir sur nospas, parce que quelque chose nous a touché dans les quelques portraits qu’on a delui – une franche courtoisie dans le regard, une lointaine mélancolie dans la voix, eton imagine la belle lenteur d’une démarche, une certaine manière de s’effaceren battant les trottoirs de la ville ou en commandant un café en terrasse –,parce qu'enfin l'on se sent vite chez soi dans cet univers un peu las, presquedéfaitiste mais non dénué de solide ironie, où il vient lover ses histoires. On le lit, puis très vite on s'aperçoit que la bonne méthode pour le lire consiste à ne pas en avoir, qu'il faut se laisser faire, épouser l'incessant soliloque de ses personnages toujours un peu déphasés, friables, touchants de candeur ou d'inaptitude, leur manière d'étonnement devant le cours du monde ou la marche des hommes, leur écholalie muette.
Il est d’usage, à son propos, de s’en référer àdeux traditions croisées : celle, pour aller vite, qui de Beckett aura héritéd’une certaine densité métaphysique, où le sens de l’épure fait figured’éthique et l'élan vers l’absurde peut exprimer un certain embarras àvivre dans ce monde-ci ; celledu jazz bien sûr, disons d’un certain jazz, où j’entends, pour ma part, l’inapaisable aspiration individualiste et libertaire d’un TheloniousMonk s'entremêler au romantisme tenu d’un Bill Evans venant apaiser, mais jamais résoudre,son hyper-sensibilité au monde.
Trois des romans de Christian Gailly seront cettesemaine au menu :Les oubliés(lundi), Un soir au club (mercredi), Lily et Braine (vendredi). 

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