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Lana del rey mon (ancien) amour

Publié le 17 octobre 2011 par Acrossthedays @AcrossTheDays

LANA DEL REY MON (ANCIEN) AMOURJe sais pas trop pourquoi j’écris ça, mais je me suis dit que je devais le faire. Plus parce que j’en ressens le besoin qu’autre chose. Louis, d’Across The Days, m’avait proposé il y a quelques temps de présenter Lana Del Rey, et finalement j’ai préféré écrire sur les débuts méconnus des grandes stars du business de la musique mainstream d’aujourd’hui. En gros sur Lady Gaga, Justin Bieber, Katy Perry et les Black Eyed Peas (d’ailleurs, c’est là). Ce texte-ci, je sais pas trop quoi en faire, mais j’ai envie de l’écrire. Je veux pas y présenter Lana Del Rey, je veux juste y décrire mon rapport avec elle.

Lana Del Rey, je l’ai rencontrée au début du mois de juillet, par son clip de Video Games. Une nana, toute seule, devant sa webcam, quelques extraits de vieux films, et une chanson en or. Tout de suite, je m’éprends pour sa voix d’or, son visage fascinant, son côté si mystérieux. Quelques autres morceaux peuplent son compte Youtube, tout autant de pépites.

Une séduction immédiate

Ce qui m’a tout de suite attiré chez elle, c’est cette façon (et cette facilité) qu’elle a de faire rentrer le spectateur/auditeur chez elle, de lui raconter sa vie, par un regard caméra tout pixellisé vers sa webcam. Ce simple regard, sans même être aguicheur, séduit tout de suite. Ce simple en regard en dit long. Il dit sa vie, il dit les difficultés de cette même vie. Pendant que sa bouche (trop) refaite susurre des paroles de rupture, impossible de quitter ses yeux. C’est cette relation qu’elle a avec son public, cette facilité (ce besoin?) de se livrer et de ne rien cacher qui plaît, qui captive, qui attire. C’est ce qui la rend si follement magnétique.

Et pourtant, que de mystère autour d’elle. Il faut chercher (maintenant, c’est plus facile, mais à l’époque il a fallu fouiller) pour trouver des traces antérieures de celle qu’on découvre s’appeler en réalité Lizzy Grant. Née à New York City, elle a grandi dans le nord de l’Etat du même nom, s’est déjà essayée à la musique à une soirée open mic après laquelle elle a signé un contrat et a sorti un EP,  Kill Kill, contenant la chanson-titre ainsi que les titres « Yayo » et « Gramma » (Blue Ribbon Sparkler Trailer Heaven). A l’époque, le disque est retiré des étagères trois mois après sa sortie, et tombe dans l’oubli. Mais Lizzy reviendra. Elle ne le sait pas encore mais ses chansons sont trop fortes pour passer inaperçues.

Alors voilà, en ce début du mois de juillet, alors que les titres de The Weeknd me hantent encore des mois après les avoir découverts, je rencontre Lana Del Rey. « Video Games ». Quelques dizaines de milliers de vues, pas de quoi en faire un plat. Encore moins de quoi en faire une star. Mais ce qui se passe sous mes yeux, c’est un miracle. C’est comme si j’étais tombé amoureux. Je tombe dans le piège. Mais comment ne pas y tomber ? Comment ne pas céder aux charmes de ce personnage, dont on ne sait trop quelle est la part d’honnêteté. Je me demande même si tout ça n’est pas qu’une gigantesque opération commerciale. C’est trop beau, c’est trop facile. Je me suis fait avoir trop vite. Mais la démarche est trop juste pour sonner faux. C’est simplement Lizzy qui a créé Lana. Et Lana, c’est Lizzy. Je le sais, je le sens.

Un jour, je ne peux plus garder ce secret pour moi, je la présente à une amie, et je me souviens encore de ce que j’en disais : « Je te le dis, c’est une future grande. C’est le truc de l’année. Si c’est pas cette année, ça sera l’an prochain, mais elle peut pas rester inconnue, c’est pas possible. Le seul truc qui m’attriste, c’est que quand elle commencera à être connue, je me connais, je me sentirais fier mais surtout dépossédé. »

Une date : le 10 octobre

Le 10 octobre (et donc quelques mois plus tard), Lana Del Rey a fait beaucoup parler d’elle. Pas un seul magazine n’a pu se refuser à écrire au moins quelques lignes sur elle. Elle divise, elle hypnotise, elle révulse, mais elle est là. Mais surtout, le 10 octobre, elle passe sur le plateau de l’émission musicale britannique Jools Holland. Il est loin le temps où elle contrôlait ses images, certes pixellisées, mais choisies, montées, comme elle le voulait. Non, elle est passée par la case « buzz », et maintenant, elle doit faire face à des caméras qui ne laissent rien passer.

Jools Holland la présente, s’écarte et le projecteur la montre. Pire, cette lumière blanche qui ne laisse aucune place aux musiciens qui l’accompagnent semble la mettre en joue. Il l’éclaire, elle. Il n’éclaire qu’elle. Elle se tient, là, debout, les pieds serrés, le corps enserré dans une robe blanche qui laisse apparaître ses jambes galbées jusqu’à ses talons blancs. Tout est blanc ou noir sur ce plateau. Elle n’est pas à sa place, elle le sait, ne veut pas le montrer, mais son malaise transpire malgré elle, ce qui la rend encore plus touchante.

Le projecteur la met en joue, elle s’agrippe à son micro d’une main alors que l’autre hésite, joue nerveusement avec le fil du micro, passe quelques doigts dans ses cheveux impeccables. Je la disais future grande ? Maintenant que la voilà presque grande, ça y est, je me sens dépossédé. Lana ne sera plus comme avant, elle ne répondra plus « I know we will » quand on lui demandera « Do you think we’ll be in love forever ? » (des paroles tirées d’une de ses chansons).

LANA DEL REY MON (ANCIEN) AMOUR

La perte d’un être cher

Ça y est, j’ai perdu ma Lana. Je dis bien ma Lana. Celle que j’ai tant aimée, et que j’aimerais toujours autant. Celle que des crétins vont se mettre à aduler. Celle que certains penseront connaître depuis toujours. Celle que tout le monde connaîtra. Tout ce monde là, jamais il ne connaîtra ma Lana. La Lana que j’ai chéri, la Lana que j’ai câlinée, la Lana que j’ai écoutée sans cesse, la Lana dont j’ai recherché le moindre morceau, la moindre photo. La Lana qui m’obsédait.

Ce n’est pas moi qui me lasse de Lana, ce n’est pas Lana qui se lasse de moi, c’est ce monde, qui enlève tout, et qui m’a enlevé Lana. Chaque fois qu’elle se montre là où je ne voulais pas la voir, chaque fois qu’elle s’approche de son rêve, je perds un bout de ma Lana. Ma Lana finira en lambeaux.

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