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Zone euro : la leçon démocratique grecque

Publié le 01 novembre 2011 par Hmoreigne

Zone euro : la leçon démocratique grecqueN’en déplaise à Nicolas Sarkozy, la décision du Premier ministre grec de soumettre le plan d'aide européen décidé le 26 octobre dernier à l'approbation de ses concitoyens est un bel exemple de démocratie.

Berceau de la démocratie, la Grèce en rappelle la définition à ceux qui l’avaient oublié : l'exercice du pouvoir sur le peuple par le peuple. Les partenaires européens de la Grèce n’ont pas, comme on peut le lire ici ou là, à se sentir trahis. Car de toute évidence, le plan de secours pour la Grèce et la zone euro adopté difficilement le 26 octobre dernier n’est pas viable sans un consentement minimum des principaux intéressés à savoir, les peuples condamnés à l’austérité.

Il ne s’agit pas de céder à un quelconque populisme mais si le vieux continent une spécificité qui lui donne toute sa valeur et sa place dans la mondialisation, c’est la notion de démocratie.

Si les autorités allemandes semblent déplorer ce choix de recourir à un référendum, il ne faut pas oublier que le flottement dans les décisions prêté à la Chancelière tient au fait qu’elle a, à l’inverse de son homologue français, constamment rendu compte devant son parlement.

Le coup d’éclat grec met au grand jour le talon d’Achille de la construction européenne : des avancées technocratiques et économiques qui ont, sur la base d’une pseudo élite éclairée, fait les choix à la place des peuples.

La situation actuelle constitue un retour de manivelle pour des institutions européennes qui ont toujours remis aux calendes grecques la mise en place d’une europe politique c’est-à-dire pleinement démocratique.

L'incompréhension voire la consternation qui prédomine chez les décideurs de la zone euro au lendemain de l’annonce de la décision du Premier ministre grec George Papandreou témoigne du fossé qui s’est creusé entre les opinions publiques et les dirigeants sur la question européenne.

Certes, comme le clame l'opposition grecque,  la décision du chef du gouvernement socialiste est porteuse d'instabilité d'ici à l'organisation du scrutin mais on ne voit pas comment il aurait pu passer outre une opinion publique nationale qui considère le plan de Bruxelles comme une atteinte à la souveraineté de leur pays.

A juste titre, le ministre finlandais des Affaires européennes, Alexander Stubb, estime que le référendum équivaudra à un vote sur l'appartenance du pays à la zone euro. Mais ce choix et ses lourdes conséquences n’appartiennent qu’au seul peuple grec.

Joint au téléphone par RTL, le socialiste Pierre Moscovici, ancien ministre des affaires européennes, a estimé que, "les Grecs ont le droit de choisir leur destin !"  avant d'ajouter que "derrière tout ça, il y a un procès qui peut être fait, c'est celui de l'Europe elle-même, de ses tergiversations, de ses incertitudes (...) cela fait tout de même 18 mois qu'on pressure ce pays, ses dirigeants (...) il est donc assez logique qu'à un moment donné Georges Papandréou cherche une forme de vaccination populaire".

Même son de cloche pour  Jean-Luc Mélenchon qui a rappelé sur France Info "qu’il y a eu 13 grèves générales en Grèce et chacune a réclamé un référendum". "Georges Papandréou savait qu'il ne pourrait pas tenir plus longtemps sans consulter le peuple grec". "C'était un minimum de démocratie" a jugé le leader du Front de Gauche.

Sans surprise, Christian Estrosi pour l’UMP évoque à l'opposé "une décision incompréhensible". "Quand on sait le mal que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont eu à faire adopter ce plan courageux, je déplore cette décision qui me paraît totalement irresponsable de la part du Premier ministre grec". "Lorsque l'on est en situation de crise et que d'autres veulent vous aider, il est insultant de tenter de sauver sa peau plutôt que prendre ses responsabilités".

Le FN par la voix de Florian Filippot, directeur de la campagne présidentielle de Marine Le Pen, se réjouit de la décision pour une autre raison. En bon nécrophage, il plaide en faveur "d’une fin organisée et concertée de l'expérience malheureuse et ratée de l'euro".

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