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Bienvenue chez les ch’tis - Enfin une comédie réussie !

Par Bebealien

En France, on est persuadé d’être géniaux surtout au cinéma. Pour caricaturer le personnage de Denisot aux guignols, on aime les films prétentieux et les titres pompeux comme « Je vais bien car je prend le train », « Ceux qui m’aiment ne m’attendent pas », « Je vais bien car ceux que j’aime prennent le train » ou « J’aime ceux qui ne m’attendent pas au train », autant de bouses sur les célibataires trentenaires en mal d’amour.
J’avais fait d’ailleurs un petit poste sur le sujet ici . Heureusement Danny Boon s’éloigne totalement de ces sinistres références et pond une comédie réussie.

Bienvenue chez les ch’tis – E’l’chnord c’est bein, biloute ! Hein ?

Philippe Abrams, directeur de la Poste à Salon de Provence attend avec impatience se nouvelle mutation qui le rapprochera de la côte. Pour éviter de se faire doubler par quelqu’un d’autre, il met en place un stratagème qui va se retourner contre lui. Au lieu de la côte d’azur, il est muté à Bergues, dans le Nord-Pas-de-Calais. Persuadé qu’il part dans un endroit pire que l’Alaska, il voit ses préjugés tomber un à un devant l’accueil chaleureux qu’il reçoit. N’arrivant par à faire comprendre à sa femme que finalement il se sent bien dans sa nouvelle vie, il décide de lui faire croire que le Nord est pire que le bagne…

Une affiche à l’image du film, légère et drôle

Scénario très léger donc, presque vaudevillesque. Mais là où la plus part des réalisateurs seraient tombés dans du Max Pécas de bas-étage, Danny Boon tire l’ensemble vers le haut. Tout en stigmatisant les préjugés d’une majorité des français sur la région nord, vue comme le pays des corons, de la misère et de la bière, il nous montre un film où ses personnages sont très fortement attachants.

Bienvenue chez les ch’tis est drôle, vraiment. Et là encore, pour faire rire, Danny Boon ne suit pas la recette classique consistant à accumuler des gags énormes à la limite du vulgaire. Chez lui les personnages sont agréables et c’est le décalage de culture qui fait rire. On ne rit pas au dépend des personnages, mais au dépend des situations. Ce qui fait une sacrée différence.

Kad Merad jouant le mari blessé de retourner dans le Nord, pour mentir à sa femme

En effet, ce film sonne comme une déclaration d’amour de Boon à sa région et surtout à ses habitants, décrits comme chaleureux, accueillants et un petit peu alcooliques. Sa description est à telle point réussie que finalement le Sud de la France, toujours représenté comme une terre qui fait envie, donne l’impression d’être emplie de gens superficiels, égocentriques et inintéressants.

La tournée du courrier. Un grand moment du film. Prévisible, mais rudement efficace

Kad Merad dans le rôle titre délivre comme d’habitude une interprétation touchante, son petit fonctionnaire se redécouvrant au contact de gens simples, ouverts et tolérants. Les meilleures scènes du film se déroulent d’ailleurs au milieu, lorsqu’il commence à se fondre dans le moule et essaie par exemple de passer commande au restaurant, ou bien en faisant la tournée du courrier. Mais Danny Boon dynamise également tous les clichés, dans une séquence où le Nord est représenté tel que dans l’esprit des gens du Sud (ou des parisiens), autour d’un barbecue qui fait beaucoup rire…

Kad Merad découvrant le mystère de la Fricadelle avec ses collègues

Autour de Kad Merad, le casting est impeccable, que se soit Danny Boon dans son rôle de facteur encore dans les robes de sa mère (Line Renaud), dragon très protecteur, Philippe Dusquenes (les Deschiens), Guy Lecluyse (vu dans les émissions de l’été de France 3) ou Anne Marivin (le quotat jolie ch’ti du film) ou encore une apparition de Galabru en sage se rappelant le Nord des années 30… Seul ombre, Zoé Felix, relativement transparente en femme amoureuse….

Réussite totale donc, car le film arrive à faire rire sans jouer sur de grosses ficelles, et révèle même quelques moments d’émotions. Et je peux maintenant l’avouer : A y est j’ai enfin trouvé une bonne comédie française ! Comme quoi Thomas Langmann peut aller se rhabiller avec son Astérix de pacotille…


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