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François Hollande se rend à Florange : "Il est grand temps d'agir"

Publié le 25 février 2012 par Letombe

François Hollande s'est rendu vendredi 24 février à Florange en Moselle pour soutenir les salariés d’Arcelor Mittal qui luttent contre la fermeture du site de métallurgie. 2500 emplois sont menacés. Pour le candidat, il est temps d’agir.

Retrouvez l'intégralité de l'intervention de François Hollande à Florange :

 

Mardi 21 février, Nicolas Sarkozy a affirmé à propos d'ArcelorMittal qu'on « fera tout pour que Florange rouvre ». Depuis la fermeture du premier haut-fourneau de Florange en juin 2011, les salariés attendent toujours la concrétisation de cette promesse.

Pourtant des solutions existent: voter une loi portant sur les outils de production, c'est l'annonce faite aujourd'hui par François Hollande; faire de ce site industriel une des usines les plus modernes du monde. Une façon de réinventer ce secteur en maintenant les emplois en France. Il est temps d'agir. 

SOMMAIRE DU DOSSIER FLORANGE

>> Les solutions pour sauver Florange

>> L'implication de François Hollande auprès des ouvriers de Florange

>> Entretien avec Aurélie Filippetti, député de la Moselle

>> Les propositions dans le programme de François Hollande

>> Lire : "Gandrange, nous avons à préparer l'avenir

>> Le déplacement heure par heure: le récit d'une journée


Que faut-il faire pour SAUVER Florange: LES ENGAGEMENTS DE FRAnçois hollande

1) François Hollande a proposé de voter une loi pour protéger les outils de production

A Florange, accueilli par une intersyndicale en plein combat, François Hollande a pris l’engagement, vendredi 24 février, de déposer une loi au Parlement pour préserver les outils de production et faire en sorte, notamment, qu'une reprise d'activité soit toujours recherchée

« Je viens devant vos pour prendre des engagements. Je suis conscient de l’angoisse qui est la votre »
Florange, François Hollande, le 24 février 2012

François Hollande qui était déjà venu à Gandrange et à Thionville il y a tout juste un mois a souhaité ce matin venir soutenir les hauts fourneaux lorrains en pleine révolte alors que leurs outils de productions sont paralysés. Une situation grotesque : Arcelor-Mittal -agissant comme un financier et non un industriel- ne souhaite plus voir sa production d'acier réalisée par Florange, mais ne souhaite pour autant pas laisser son outil de production, qui reste compétitif,  à un éventuel concurrent. Une situation insupportable pour les salariés à laquelle François Hollande souhaite remédier par l'intermédiaire d'une loi, qui sera très rapidement déposée par les députés socialistes.

L'idée de ce texte : rendre obligatoire, pour éviter la fermeture, d'une part la recherche d'un entrepreneur en capacité, d'autre part, sous le contrôle du juge, la cession des outils de production. Dans le cas présent, cette loi rendrait impossible à Arcelor-Mittal de laisser ainsi pourrir la situation des hauts fourneaux.

2) Le projet de faire de Florange un des sites industriels les plus modernes d'Europe

Mais, il existe aussi un plan pour poursuivre l'activité. Le projet ULCOS (voir ci-dessous) qui consiste à enterrer dans le sol une partie du CO2 emis est une prouesse technologique et une avancée écologique qui permettrait à la France de respecter les engagements européens en matière environnementale. Le haut-fourneau P6 de Florange devrait tourner avec cette technologie d’ici 2015. Cela ferait de Florange la seule usine sidérurgique au monde à produire de l’acier propre délesté de 65% de ses émissions de carbone. Ainsi, la conduite à bien du projet ULCOS serait une réelle avancée dans la lutte contre le changement climatique.2600 emplois sont en jeu. Cela donnerait à ce site de production, un avantage technologique et compétitif déterminant dans la compétition internationale. C’est pourquoi, Catherine Trautmann, présidente du groupe PSE au Parlement européen et chargée des questions européenne dans l’équipe de campagne de François Hollande, a présenté cette idée le 23 juin 2011 devant le Parlement européen.

 

COMPRENDRE: En quoi consiste le projet ULCOS qui pourrait sauver Florange?

Le projet ULCOS, vient des initiales Ultra Low CO2 Steelmaking. Il permettrait de produire de l'acier avec une très basses émissions de CO2. Pour cela une partie des émissions de dioxyde de carbonne lâchée normalement dans l'atmosphère serait stocké dans le sous-sol, en profondeur. Chaque tonne d’acier produite dans le secteur sidérurgique s’accompagne normalement de l’émission de deux tonnes de CO2 environ. La sidérurgie est, en France, l’un des secteurs qui émet le plus de CO2. Ce système sera mis en œuvre à Florange-Hayange pour la partie captage et la partie stockage s’effectuera vraisemblablement dans le département de la Meuse du fait de la nature de son soubassement géologique. Une façon de protéger l'air de notre planète et d'innover sur un plan industriel et technologique.

François Hollande s’investit dans la défense du projet ULCOS qui peut être financé non seulement par des subventions publiques mais aussi un investissement privé. Le coût total du projet est estimé à près de 650 millions d’euros (le chiffrage dépend des options technologiques qui seront validées avec l’Etat et l’UE). La répartiton se ferait ainsi:

>> L’Etat : 150 millions d’euros

>> Les collectivités locales (Région Lorraine et département de la Moselle): 30 millions d’euros

>> L'Europe : 256 millions d’euros (subordonné à la sélection du projet ULCOS). Une demande de subventions européennes de 256 millions d’euros a été déposée. François Hollande a d’ailleurs rencontré José Manuel Barroso à ce sujet le 30 novembre 2011

>> ArcelorMittal : 214 millions d’euros

Cette quasi-inaction est incompréhensible alors que la fermeture du site met en péril près de 2 000 emplois dans un secteur qui n’est pas déclinant. Même si Eric Besson, ministre de l’Industrie, est intervenu timidement auprès de José Manuel Barroso en faveur du projet ULCOS, le gouvernement n’a rien fait pour soulager la peine du grand nombre d’ouvriers de Florange au chômage partiel ou pour la réouverture des hauts-fourneaux. François Hollande s’était d’ailleurs opposé à l’octroi du chômage partiel pour ArcelorMittal sans la contrepartie d’investissements sur les hauts-fourneaux. En effet, l’absence d’investissements dans les outils de production en Lorraine depuis plusieurs années expliquent, en partie, les difficultés conjoncturelles de ce site. Les investissements de maintenance ont même été réduits depuis octobre 2011. Pourtant, un haut-fourneau est fait pour tourner en permanence, il se dégrade lorsqu’il n’est pas utilisé.

La défense de certte solution est déféndue depuis plusieurs mois par François Hollande


Entretien avec Aurélie Filippetti, député de la Moselle

Après Gandrange, c'est le site de Florange qui est en péril, quelle est la responsabilité de N. Sarkozy dans cette nouvelle crise sociale?

Elle est lourde. Il a commencé son mandat en venant à Gandrange en février 2008 au lendemain de son voyage de noces. Il le termine à Florange avec l'arrêt des hauts fourneaux.

Entretemps la France a perdu 200 000 emplois industriels. Et l'aciérie de Gandrange a fermé ses portes. Jamais Sarkozy n'a réellement pesé face à Mittal. Jamais il n'a défendu le projet européen Ulcos qui donnerait un avenir à la sidérurgie lorraine, auprès du Président de la commission européenne.

Il n'a pas inscrit la sidérurgie dans la liste des 10 secteurs industriels stratégiques pour le pays, et aujourd'hui il prétend sauver Florange comme il l'avait promis à Gandrange il y a 4 ans ! En octobre dernier c'est nous qui avions demandé que des budgets de maintenance soient obligatoirement affectés par Mittal aux hauts fourneaux, comme condition sine qua non des accords de chômage partiel pendant la suspension de l'activité des hauts fourneaux. Aujourd'hui Mittal qui a fait 2,3 milliards de dollars de bénéfices en 2011, dont 1 milliard à été retourné en dividendes pour les actionnaires, ne doit plus bénéficier d'argent public sans contrepartie.

Or la politique de Sarkozy à a été de défiscaliser les heures supplémentaires d'un côté, sur les sites qui tournent et de financer le chômage partiel y compris dans les grands groupes. Or la compétitivité n'est pas une question de coûts salariaux puisque l'Allemagne a des coûts plus élevés que la France dans l'industrie, mais de tissu industriel et de préservation de la qualité du savoir faire, de formation et de qualification.

Que propose François Hollande pour préserver cette entreprise et ces emplois?

D'abord travailler avec les syndicats, qui ont été sans cesse bafoués par Nicolas Sarkozy. Ce sont eux qui ont la meilleure expertise sur l'avenir de l'industrie. Et les collectivités locales qui ont été là pour soutenir les salariés jetés sur le carreau. Ensuite François Hollande tiendra parole comme il l'a toujours fait dans cette affaire : porter le projet Ulcos au plus haut niveau européen, pour emporter la décision européenne. Si ce projet-pilote de captage-stockage de CO2 est implanté en Lorraine (le choix revenant à la Commission européenne) ce sera la meilleure garantie de pérennité pour les hauts fourneaux de Florange et la sidérurgie lorraine et française.

Le deuxième aspect c'est la redéfinition d'une nouvelle politique industrielle, l'entrée de représentants des salariés au sein des conseils d'administration des grands groupes, la priorité donnée à la recherche-développement. La sidérurgie doit ainsi être réorientée vers les procédés les plus efficaces en matière environnementale. La France peut devenir pionnière en Europe et dans le monde.

Le succès de la politique industrielle allemande repose sur une bonne cogestion avec les syndicats, sur un positionnement sur le haut de gamme. Il faut donc relancer la formation des salariés, avoir une anticipation des départs en retraite massifs dans certaines branches industrielles et embaucher des jeunes via les contrats de génération pour organiser les transferts de savoir faire. Cela sera le meilleur moyen de préparer l'avenir de l'industrie et par là de la reprise de l'économie française.

Les propositions du programme de François Hollande

Cette énième crise sociale, que le Président-sortant n’a pas su gérer confirme la pertinence des priorités de François Hollande tant en matière de politique industrielle – en particulier l’introduction d’une banque publique d’investissement et la modulation du taux d’impôt sur les société en faveur de la réaffectation des bénéfices à l’investissement – que d’ambition industrielle européenne à travers budget de croissance en Europe.

 

Je créerai une Banque publique d’investissement. À travers ses fonds régionaux, je favori- serai le développement des PME, le soutien aux filières d’avenir et la conversion écologique et énergétique de l’industrie. Je permettrai aux régions, pivots de l’animation économique, de prendre des participations dans les entreprises stratégiques pour le développement local et la compétitivité de la France. Une partie des financements sera orientée vers l’économie sociale et solidaire.

Je favoriserai la production et l’emploi en France en orientant les financements, les aides publiques et les allégements fiscaux vers les entreprises qui investiront sur notre territoire, qui y localiseront leurs activités et qui seront offensives à l’exportation. À cet effet, je modulerai la fiscalité locale des entreprises en fonction des investissements réalisés. En parallèle, j’engagerai avec les grandes entreprises françaises un mouvement de relocalisation de leurs usines dans le cadre d’un contrat spécifique. J’instaurerai, pour les entreprises qui se délocalisent, un remboursement des aides publiques reçues. Une distinction sera faite entre les bénéfices réinvestis et ceux distribués aux actionnaires. Je mettrai en place trois taux d’imposition différents sur les sociétés : 35% pour les grandes, 30% pour les petites et moyennes, 15% pour les très petites.

Je défendrai un budget européen (2014-2020) au service des grands projets d’avenir. Je soutiendrai la création de nouveaux outils financiers pour lancer des programmes industriels innovants, notamment dans les domaines des technologies vertes et des transports de marchandise ferroviaires. Et je militerai auprès de nos partenaires pour une Europe de l’énergie.

 

 

Crédit photo :  © Jean-Christophe Verhaegen / AFP

 

François Hollande

François HOLLANDE : Priorité à l’emploi industriel


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