Magazine Société

[Europe - Banksters] Espagne: grève générale sur fond de récession et d’austérité

Publié le 29 mars 2012 par Yes

[Europe - Banksters] Espagne: grève générale sur fond de récession et d’austérité

L’Espagne fonctionnait jeudi au ralenti en raison d’une grève générale contre la réforme du travail et la politique d’austérité du gouvernement de droite, ponctuée de manifestations comme à Madrid où des milliers de grévistes ont envahi la ville, sous haut dispositif policier.

 photo : Cesar Manso, AFP

Agitant des drapeaux rouges et des pancartes avec les mots “Réforme du travail, NON”, les piquets de grève se sont installés aux portes des usines, des marchés de gros de Madrid et Barcelone, des banques ou des stations de transports en commun.

Avant même la grande manifestation convoquée en fin de journée, des groupes de manifestants se sont éparpillés dès le matin dans le centre de Madrid, quadrillé par les forces de l’ordre. Quelques milliers d’entre eux bloquaient une avenue centrale, tandis que des cordons de policiers étaient déployés sur la place de la Puerta del Sol, en plein coeur commerçant et touristique.

“Ne reculons pas d’un pouce face à la réforme. Grève générale”, scandaient les manifestants. D’autres se déplaçaient à vélo, en un convoi avançant au pas, de façon à ralentir la circulation.

Alors que les syndicats ont annoncé très vite un “immense succès”, le ministère de l’Intérieur faisait état d’une grève peu suivie.

Le face-à-face entre grévistes et policiers a parfois été tendu pendant la nuit, comme devant la station de bus de Carabanchel à Madrid, où un manifestant a été blessé au visage, ou devant le marché de gros de Barcelone où les grévistes ont brûlé des pneus.

58 personnes ont été interpellées, six policiers légèrement blessés ainsi que trois grévistes dans des incidents mineurs, selon le ministère de l’Intérieur.

Les syndicats Comisiones Obreras (CCOO) et UGT, qui appellent les Espagnols à manifester dans une centaine de villes, dénoncent la réforme du marché du travail approuvée le 11 février par le gouvernement, dans le but de combattre un chômage record qui s’établit à 22,85%. Selon eux, cette réforme aura pour seul effet d’aggraver le fléau alors que le gouvernement lui-même prévoit déjà la destruction de 630.000 emplois en 2012 et un chômage à 24,3% en fin d’année.

Pour le chef du gouvernement Mariano Rajoy, au pouvoir depuis cent jours, cette grève arrive au pire moment: sous l’oeil de ses partenaires européens, inquiets de l’état des finances publiques du pays, le Conseil des ministres doit approuver vendredi le budget 2012, marqué par des coupes sévères. L’objectif est de réduire à 5,3% du PIB en fin d’année le déficit public, après un dérapage ayant atteint 8,5% en 2011.

“Je comprends qu’ils fassent grève. La réforme ne servira qu’à licencier les gens plus facilement et avec moins d’argent”, remarquait Pedro Moreno, employé dans une grande surface des environs de Madrid. “Mais ce n’est pas le moment de perdre des jours de travail. J’ai la chance d’avoir un travail”, ajoutait cet homme de 32 ans qui prenait le métro à la Plaza de Castilla, l’une des principales gares de transports en commun de Madrid.

“Je ne vais pas faire grève parce que cela signifie aussi coopérer avec la crise et perdre des millions d’euros dont nous avons besoin pour en sortir”, confiait Carmen Sanchez, une fonctionnaire de 45 ans, qui attendait son train sur un quai de la gare d’Atocha.

L’impact de la grève semblait toutefois limité par l’accord de service minimum conclu entre syndicats et pouvoirs publics, sans compter le souci de nombreux Espagnols de ne pas perdre une journée de salaire dans un contexte de rigueur.

A Madrid, 30% en moyenne des métros et des bus devaient circuler, selon l’accord de service minimum. Dans le reste du pays, 30% des trains régionaux étaient prévus de même que 20% des trains nationaux. Les compagnies aériennes Iberia, Air Nostrum et Vueling ont elles annulé en moyenne 60% de leurs vols.

Le ministère de l’Intérieur a indiqué que la consommation d’électricité était en baisse de 17,7% en milieu de matinée par rapport à la normale.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Yes 3349 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine