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Coup de Coeur: La Cabane dans les Bois (The Cabin in the Woods) de Drew Goddard

Par Geouf

Coup de Coeur: La Cabane dans les Bois (The Cabin in the Woods) de Drew GoddardRésumé: Cinq amis partent en weekend dans une cabane perdue au milieu des bois. Arrivés sur place, ils découvrent un tas d’objets hétéroclites dans la cave, et réveillent par mégarde quelque chose qu’ils n’auraient pas dû…

La Cabane dans les Bois est un film qui revient de loin. Produit par la MGM, le film n’a initialement pas pu être diffusé suite aux gros soucis financiers de la major. Deux ans plus tard, c’est finalement Lionsgate qui permet au long métrage de gagner les écrans du monde entier. Rédiger une critique de ce film relève de la gageure. Il est en effet très fortement conseillé de découvrir le film avec un esprit vierge et en en connaissant le moins possible sur l’intrigue, pour pouvoir pleinement l’apprécier (fort heureusement, la bande-annonce disponible depuis plusieurs mois sur le net ne spoile finalement quasiment rien du film, la plupart des images de celle-ci étant tirées des vingt premières minutes). Votre serviteur va néanmoins tenter de relever le défi, en s’efforçant de ne dévoiler aucun moment clé de l’intrigue au-delà du premier quart d’heure. Néanmoins, si vous n’avez pas vu de bande-annonce, ni lu de résumé du film, mieux vaut vous arrêter ici dans votre lecture, et sauter directement à la note finale…

Pourquoi les personnages de films d’horreur agissent-ils de façon aussi stupide et stéréotypée ? Pourquoi se séparent-ils au lieu de rester groupés ? Pourquoi la vierge est-elle toujours celle qui survit à la fin, et son amie qui couche est-elle la première à se faire tuer ? Autant de questions existentielles que tout fan d’horreur (ou simple spectateur occasionnel du genre) s’est un jour posées… Et autant de questions auxquelles Drew Goddard et Joss Whedon (créateur de Buffy, Angel et Dollhouse), tous deux coscénaristes de La Cabane dans les Bois, vont tenter de répondre à leur manière.

Pour ce faire, ils vont se baser sur un pitch des plus simples: cinq étudiants, un chalet isolé dans les bois, une terrible malédiction… Une trame classique, banale, déjà vue des centaines de fois, dans de plus ou moins bons films, que Goddard et Whedon vont s’amuser à pervertir dès les premières secondes. Pour ce faire, ils ajoutent un protagoniste supplémentaire, une mystérieuse organisation aux installations à la pointe de la technologie, et semblant contrôler tous les événements arrivant au petit groupe, de la découverte des objets lançant la malédiction jusqu’au comportement des héros. On retrouve là tout particulièrement la patte de Whedon, le créateur de Buffy étant friand du mélange surnaturel-hi tech (Dollhouse, Buffy et Angel comportent toutes leurs organisations clandestines jouant avec les forces occultes). Cette astuce scénaristique permet au film de dérouler une intrigue ultra-classique (on retrouve toutes les grandes étapes de n’importe quel slasher, ordre des morts et sursaut final compris) tout en se moquant des limites et clichés usés jusqu’à la corde par les mauvais films de genre (l’hilarant détournement de la classique scène de la station service, avec son pompiste peu accueillant). Les nombreux détournements font la plupart du temps mouche, et on rit de bon cœur, mais jamais au dépend des personnages, le film ayant le bon gout de ne jamais tomber dans le cynisme. On se moque ici plutôt du manque d’imagination des scénaristes ou de la frilosité des studios hésitant à investir dans des idées novatrices, voire même de la complicité des spectateurs acceptant cet état de fait (sans pour autant tomber dans le pointage de doigt à la Funny Games). On sent du début à la fin du film que celui-ci a été écrit par des gens aimant énormément le cinéma d’horreur, comme en témoignent les très nombreux clins d’œil destinés aux fans attentifs (on navigue de classiques comme Evil Dead et Hellraiser à de grosses séries Z avec serpents géants, en passant par La Main qui tue, HouseGhosts of Mars et les films de fantômes japonais).

Coup de Coeur: La Cabane dans les Bois (The Cabin in the Woods) de Drew Goddard

L’autre force de La Cabane dans les Bois, c’est que malgré son côté parodique, il n’oublie pas d’être aussi un vrai film d’horreur. On sursaute souvent (même si on n’est pas agrippé à son siège), et, chose rare pour un slasher/survival, on se prend très rapidement d’affection pour les héros. Grâce à cette idée de l’organisation mettant en scène le massacre (dans un but que l’on ne dévoilera pas ici), Wheddon et Godard s’interrogent sur les idées de destinée et sur la prédétermination imposée par les clichés appliqués par les mauvais films d’horreur. Du coup, chaque mort, aussi téléphonée soit elle, fait vraiment mal, de par l’injustice de celle-ci, et on se prend souvent à espérer que les survivants vont s’en sortir, malgré la toile d’araignée dans laquelle ils sont englués. Malin, le scenario de Goddard et Whedon évite de griller rapidement toutes ses cartouches, et le spectateur va de surprise en surprise, jusqu’à une dernière demi-heure de folie, virant au bain de sang tout simplement jouissif (les amateurs de belles créatures devraient être ravis) et se concluant sur un final des plus culottés.

Coup de Coeur: La Cabane dans les Bois (The Cabin in the Woods) de Drew Goddard

Difficile aussi de passer sous silence la maitrise de Drew Goddard en termes de réalisation, le jeune metteur en scène mettant en boite pour son coup d’essai de nombreuses séquences de suspense très réussies, ainsi qu’un certain nombres d’images marquantes et plutôt inédites (voir la scène de l’ascenseur, à la fois magnifique, terrifiante et tragique). Le casting est aussi pour beaucoup dans la réussite du film, les jeunes acteurs étant tous très convaincants et attachants, notamment Chris Hemsworth (Thor), et surtout Fran Kranz, échappé de Dollhouse, qui incarne le rigolo de service sans tomber dans la lourdeur. On sent que Whedon, en tant que producteur, a dû émettre quelques idées niveau casting, puisqu’on retrouve plusieurs acteurs récurrents de ses séries, comme Amy Acker.

Vous l’aurez compris, La Cabane dans les Bois est un vrai coup de cœur. Un film marchant sur les traces du Scream de Wes Craven, en mixant avec intelligence horreur, humour et analyse du genre dans un tour de train fantôme virtuose, tout en ne prenant jamais le genre de haut. A découvrir de toute urgence, en espérant que Drew Godard continue sur cette lancée et ne connaisse pas les mêmes déboires pour son prochain film…

Note : 9.5/10

USA, 2012
Réalisation : Drew Goddard
Scénario : Drew Goddard, Joss Whedon
Avec: Fran Kranz, Kristen Connolly, Chris Hemsworth, Anna Hutchison, Jesse Williams, Richard Jenkins, Bradley Whitford, Brian White, Amy Acker, Sigourney Weaver, Jodelle Ferland

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