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Les Chemins de la liberté

Par Thibaut_fleuret @Thibaut_Fleuret

Les Chemins de la liberté

Nous connaissons Peter Weir pour son goût de l’épopée comme peut l’attester sa dernière livraison sur les écrans de cinéma Master and Commander. Les Chemins de la liberté se proposent d’être une continuité épique. Mais est-ce aussi simple ? A la première vue, la réponse est affirmative tant le sujet du film, l’évasion de prisonniers d’un goulag de Sibérie et leur quête d’un endroit « libre », veut que Peter Weir, et le spectateur avec lui, plonge dans la grande aventure. Mais il ne faut pas oublier qu’il a aussi su réaliser des œuvres plus proches de son spectateur moins dans le spectacle que dans l’intime. Rappelons-nous avec émotion du Cercle des Poètes disparus ou de The Truman Show. Avec ces Chemins de la liberté, le cinéaste va déjouer nos attentes. Et proposer par la même occasion un concentré de son cinéma, une convergence des pistes qu’il a su explorer tout au long de sa filmographie.

Mais, comme son titre original l’indique (The Way Back soit Le Retour), le cinéaste veut avant tout faire un film intimiste. La dimension épique est davantage présente dans le sujet même que dans son traitement. D’ailleurs le motif principal reste la culpabilité, cette étrange sensation qui va essayer coûte que coûte de les faire tenir en vie. La liberté en tant que telle, finalement, ne leur vient pas à l’esprit en premier car nos héros pensent plus aux autres qu’à eux-mêmes. Pas de démagogie, pas de roublardise, pas de racolage, le film va rester émotionnellement ouvert. Les caractères convoqués sont, d’ailleurs, simples, universels, destinés à toucher le spectateur au plus profond de son intimité. Les acteurs l’ont bien compris et déclament avec aisance des lignes de dialogues plus humanistes que politiques.

D’ailleurs, même la représentation cinématographique se veut pudique. Les mouvements de caméra sont suffisamment restreints pour ne pas tomber dans une copie généralement visible dans un (trop ?) grand nombre de films d’aventure. Les séquences refusent le spectaculaire et sont généralement éludées par un sens de l’ellipse que le cinéaste maîtrise parfaitement. La musique va également dans ce sens et refuse de jouer les pompiers vaporeux. Certes, les paysages sont bien présents mais leur cadrage est juste différent, la ligne d’horizon absente car Peter Weir veut annihiler les règles classiques de composition. Le spectateur se retrouve devant un caractère minéral des cadres qui va bien montrer que le sol va enfermer les personnages, ce sol qui fait que le métrage reste terre-à-terre, et, par voie de conséquence, humain. Le cinéaste australien joue ici la carte de l’épique raisonnable, de l’aventure minimaliste. Cette manière de voir le film propose aux Chemins de la liberté à être d’une facture originale et à se parer ainsi d’une identité nouvelle, quelque peu hybride, qu’il est assez rare de voir sur un grand écran.

On a souvent entendu une caractérisation du film proche des oeuvres de David Lean, l’illustre réalisateur de Lawrence d’Arabie ou du Docteur Jivagho. Les Chemins de la liberté ne sont pas ce retour à l’épopée romanesque où des personnages « bigger than life » pouvaient nous faire rêver. Peter Weir préfère davantage nous parler directement que de nous faire fantasmer mentalement. Le film est simple, classique, malgré un postulat de départ assez grandiloquent. Et c’est bien ce qui fait sa force.


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