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Derrière le théâtre de marionnette

Publié le 19 mai 2012 par Ladrevert

Chers lecteurs, depuis que j’ai repris des études en plus du boulot, que je prépare l’ouverture de mon école pour la rentrée 2012 et finalise mon premier bouquin  à paraitre, j’ai conscience que je ne publie plus aussi régulièrement qu’auparavant et je m’en excuse.

Le contexte actuel enflamme les esprits, la société n’a jamais été aussi clivée. De grandes attentes sur cette année, on nous annonçait de grands changements et beaucoup ont l’impression qu’on repart pour un tour de déjà vu…

Alors aujourd’hui je vais vous proposer de la lecture, car avant de s’enflammer, il faudrait comprendre le contexte et ses enjeux, et déjà là la situation est complexe et tout ne le monde ne partage pas le même constat, des fois simplement parce que les mots sont clivants, car dans la bouche de certains les mêmes mots veulent dire des choses tout à fait différentes… et que selon les axiomes ou dogmes de chacun, les enjeux ou sujets importants ne sont les mêmes (vieux problème de cause et conséquence, et de la perception du monde, ainsi que des biais cognitifs dont nous sommes tous victimes)

« On croit se battre pour la patrie, on meurt pour les industriels et les banquiers. »
Anatole France

Panorama de divers courants de pensée :

Si pour vous la politique et l’économie c’est :

Chaque fois que je vois un problème de math cela ressemble à cela :
si j’ai 10 cubes de glaces et que vous avez 11 pommes, combien de gâteaux tiendront sur le toit ?
la réponse est : la couleur rouge, parce que les extraterrestres ne portent pas de chapeau

Alors je vous invite à lire à minima cet article : [ObjectifLiberte.fr] Le renouveau des oligarchies, cancer des sociétés
Economiste de vision libérale, qui essaye d’introduire de nouveaux concepts pour éviter qu’on retombe dans un verbiage socialiste/capitaliste inepte pour décrire le monde d’aujourd’hui.

Extraits :

Quel est l’adversaire principal des sociétés de liberté aujourd’hui ? Longtemps, les libéraux ont voulu faire comme si ils n’avaient qu’un adversaire à combattre, le socialisme. Mais ce faisant, nous avons sans doute négligé un ennemi peut-être encore plus redoutable, car plus insidieux et protéiforme.

(…)

Quel nom donner à cette “cosmogonie” ? Il manque un patronyme aussi identifiable que “libéralisme” ou “socialisme” pour désigner cette conception du monde, que les anglosaxons désignent de leur côté par “crony capitalism”, mais qui en français donne le peu expressif “capitalisme de connivence”. J’avais maladroitement essayé de lancer des vocables tels que “kleptocratie” ou “social-bourgeoisie”, mais aucun n’a “pris”. Le terme de “conservatisme” veut tout et rien dire à la fois, et n’évoque pas quelques chose de précis dans l’esprit des gens. Le “corporatisme” serait formellement correct, mais mettrait dans le même sac les agissements d’un Dick Fuld bidouillant la comptabilité de Lehman et ceux d’un Bernard Thibault défendant les avantages des salariés de la SNCF : là encore, cette confusion est préjudiciable à la compréhension de ce qu’il faut décrire.

Or, le vocabulaire possède un nom pour désigner cette forme de pouvoir, c’est l’oligarchie.

(…)

Demain, si nous n’y prenons pas garde, le seul fait de suggérer qu’une entreprise, une banque, un grand capitaine de la finance, ait pu peut être avoir un comportement susceptible de poser quelques questions sur sa déontologie, voire même suggérer qu’il serait bon que la justice enquête, sera passible de poursuites. L’extension infinie du champ de la “diffamation” et de la “présomption d’innocence” balaieront l’un des piliers des sociétés libres, la liberté d’expression.

(…)

Mais à court terme, le plus grand danger, pour revenir à la scène politique franco-française, est que cet oligarchisme soit hélas pour nous le plus souvent confondu par le grand public avec le libéralisme plutôt qu’avec le socialisme ou l’interventionnisme étatique.

A titre personnel j’aime bien le terme de kleptocratie.

Derrière le théâtre de marionnette

concernant la critique de l’oligarchie. Dans ma multinationale, nous avons reçus récemment une charte de bonne conduite sur les réseaux sociaux. En résumé il nous est demandé de toujours écrire sous son vrai nom, d’indiquer notre appartenance à l’entreprise, et d’en parler positivement. Bien entendu et en conclusion, pour garantir notre liberté d’expression…

La vision du clivage droite/gauche par le courant de musulmans français Fils de France, dont on parle peu :
[FilsdeFrance] Droite, année zéro. Où sont passés les intellectuels ?

Extraits :

À l’origine, les vocables de droite et de gauche viennent de la Révolution française. À l’Assemblée, les opposants au véto royal en matière législative demandèrent à ceux qui y étaient favorables de siéger à droite de l’hémicycle, tandis qu’eux campèrent à leur gauche. Après, qu’est-ce qu’une idée de gauche, ou une idée de droite ? La colonisation est née à gauche avant de glisser à droite. L’écologie nous vient de l’extrême droite et se porte désormais assez bien à l’extrême gauche. Une idée, donc, est tout simplement une idée, défendue tour à tour par des hommes de gauche et des hommes de droite. Et comment cerner ce qu’est un homme de droite et un homme de gauche ? Risquons cette définition : l’homme de gauche croit au progrès humain et l’homme de droite est persuadé qu’on ne décambre pas les bananes. Le premier a une vision linéaire de l’histoire : demain sera forcément mieux qu’hier, car tel est le sens de la longue marche de l’humanité. Le second pense au contraire que cette même histoire est faite de cycles, avec sommets de civilisation précédant d’inévitables décadences.

Pour des énarques proches du front national (du moins Y Blot et P Milloz il me semble), la question est  [polemia]Quel est l’ennemi ? La superclasse mondiale ou la puissance américaine ?

A noter, je viens de recevoir un livre de Gustave Lerouge qui en 1880 écrivait une “conspiration des milliardaires” (américains)

Extraits

Cette domination se manifeste aussi par une multitude d’interventions que les Etats-Unis mènent sur toute la planète pour affaiblir leurs adversaires (la Russie de Poutine surtout), pousser au pouvoir des factions qui ont leur faveur (« printemps arabes ») ou écraser militairement un Etat qui leur résiste : tel fut le cas de la Serbie.

Elle se manifeste même sur le plan culturel où l’on voit les Américains diffuser des idées qui deviennent dominantes chez les nations vassalisées : pénalisation du racisme et de l’antisémitisme, éloge de la « diversité » et du multiculturalisme, théorie du genre etc.

Quant à la nouvelle superclasse mondiale, Yvan Blot n’en nie ni l’existence ni l’influence. Mais d’une part il doute qu’elle soit véritablement mondiale. Et d’autre part il considère ou bien qu’elle agit en faveur des intérêts américains ou bien qu’elle ne peut, en raison de sa nature même, qu’être absente et privée d’importance dans les opérations américaines majeures (cas sus-évoqué de la Serbie). Il pense même qu’invoquer son rôle a pour effet fâcheux de renvoyer sur elle, c’est à dire sur une abstraction, la responsabilité de l’état du monde qui est proprement l’affaire d’une nation : les Etats-Unis d’Amérique.

Une autre vision d’économiste, anciennement proche socialiste puis vert et désormais indépendant : [RTBF]“On peut prêter aux Etats européens à du 0,02% sans changer les traités”, qui rejoint le premier économiste cité :

Extraits :

Ce qui est vraiment scandaleux, c’est qu’on est dirigé par une petite oligarchie qui pense à ses intérêts au lieu de penser aux intérêts communs“, s’offusque Pierre Larrouturou.

On prête aux banques à des taux 500 fois inférieurs que ceux des prêts accordés aux Etats

Pour illustrer les effets de ce qu’il dénonce, l’ancien membre du PS français indique que la banque centrale des Etats-Unis a prêté 1200 milliards aux banques au taux de 0,01%.

Et cette semaine, la Banque centrale européenne a prêté 480 milliards au taux de 1%“. Les banques sont aidées à des taux plancher au nom de la crise quand les Etats doivent payer des intérêts de 4 à 7%, au nom de cette même crise.

Ce “deux poids, deux mesures” est inacceptable dénonce Pierre Larrouturou. Si l’on est capable de prêter de l’argent aux banques à de tels taux, “qu’est-ce qui empêche de le faire pour les Etats ?“, pour qu’ils puissent financer les services publics qui bénéficient à toute la population, s’interroge l’ingénieur.

Dans les mouvements citoyens, signalons la pétition pour l’annulation de la dette publique : (et notons un vif intérêt pour les modèles de l’Argentine et de l’Islande)

Derrière le théâtre de marionnette

Terminons par Etienne Chouard, y-a-il une conspiration mondiale, où notre nature humaine est-elle la cause de ces dérives de tout temps constatées, et si oui comment penser un meilleur système (on retombe sur d’anciens de mes billets sur la démocratie par tirage au sort)

Derrière le théâtre de marionnette

Concernant des bouquins à lire puisqu’on m’interroge souvent, j’aime bien La Caste de  David Rothkopf, ancien conseiller de Clinton et directeur de cabinet de Kissinger. Il repart des premiers milliardaires américains du XIXème siècle qui avait une longueur d’avance sur le gouvernement puisque leur entreprise était nationale alors que le gouvernement était fédéral. Nous avons aujourd’hui des entreprises transnationales contre des gouvernements nationaux. En outre, la plupart des institutions internationales sont des organismes nés au lendemain de la seconde guerre mondiale dont les rôles n’ont pas été redéfinis, avec des personnes non élues, sans parler du développement de soft power. N’oublions pas également la complexification du monde qui fait que seules des multinationales peuvent donner au système des experts censés analyser une situation et la réguler…

J’ai commencé également la lecture de l’avenir de l’économie de Jean-Pierre Dupuy, qui outre la réflexion sur l’économie et la politique, montre un certain nombre de biais cognitifs dont nous sommes victimes :

c’est moins du capitalisme que de l’économystification du politique qu’il faudrait sortir, en inventant par là même une nouvelle forme de raison économique”

(…)

L’obstacle à la prise de conscience et àl’action est identique: même lorsqu’on sait qu’elle va se produire, la catastrophe n’est pas crédible. Nous savons, ou nous devrions savoir, mais nous ne croyons pas ce que nous savons.



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