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Nadine Morano : « Maréchal (Le Pen) » me voilà !

Publié le 17 juin 2012 par Kamizole

Je sais, le jeu de mot est facile mais trop tentant ! Ce n’est quand même pas de ma faute si la 3e génération de la famille Le Pen à s’engager en politique porte le nom (prédestiné ?) de Maréchal. Laquelle aurait dans la 3e circonscription du Vaucluse toutes les chances de l’emporter surJean Michel Ferrand député (UMP) sortant (Europe 1, le 15 juin 2012) dans la mesure où Catherine Arkilovitch (PS) arrivée en 3e position avec 29 % a décidé de se maintenir nonobstant les demandes réitérées du PS se désister.

Quand bien même les Copé et consorts refuseraient-ils le front républicain permettant de faire obstacle au Front national, son attitude n’est ni très responsable ni intelligente dans la mesure où je pense - je peux me tromper - qu’elle n’a guère de chances d’être élue. Je ne m’étendrais pas davantage sur les autres « points chauds » du second tour des législatives sinon le « cas Morano » à Toul.

Jusqu’ici, depuis la campagne présidentielle de 2007 l’ancienne porte-parole de Sarkozy, devenue ensuite ministre de la Famille puis de l’Apprentissage nous avait plutôt fait rigoler avec ses « morâneries » à jet continu. Depuis la campagne présidentielle et ensuite législative, le temps n’est plus à la poilade mais à la noire colère. Je ne fus nullement surprise qu’elle quémandât l’aide du Front national et de ses électeurs (Le Monde 10 juin 2012) car elle se sait depuis un certain temps en mauvaise posture pour les législatives.

Je signalai d’ailleurs en son temps un article particulièrement éloquent de l’Est Républicain Entre Nadine Morano (UMP) et Louis Aliot (FN) : le courant passe (24 avril 2012) qui témoignait - vidéo de l’émission de Canal + à l’appui - qu’elle lui avait fait un gringue - politique, s’entend - pas possible sur le mode : je partage les mêmes valeurs.

Depuis, elle a fait plus que franchir le pas. Elle est tombée les deux pieds en avant dans la fosse à purin à moins qu’elle n’y eût plongé tête la première. Je n’ai pas, faute de temps, dépouillé toute la presse, le peu que j’ai lu m’ayant plus qu’amplement suffi pour faire ma religion.

Cela commença bien : Morano n'a "aucun état d'âme" à en appeler aux électeurs du FN (Le Monde 11 juin 2012)… Encore une fois - comme pour Besson qui n’en n’eut jamais quelque belles saloperies qu’il eût commises et Dieu sait s’il y en eut - pour avoir des « états d’âme » il faudrait d’abord en avoir une. Entendre au moins une conscience du bien et du mal.

Je crois plus volontiers à ce qu’en dit Jean-Marc Ayrault : Morano est "obsédée par son siège de député" (Europe 1, le 15 juin 2012) : au premier tour, avec 34,9 % elle est arrivée derrière son adversaire socialiste (39,3 %). Elle est donc « prête à tout, à renier ce que Jacques Chirac pendant des années a refusé, c'est-à-dire de se laisser aller sur les idées du Front national »…

Prête à tout ? Jusqu’à tenter de séduire les électeurs FN dans "Minute" (Le Monde 12 juin 2012) hebdomadaire d’extrême droite. Devenu décidément le « canal historique » de la frange la plus réactionnaire de l’UMP - Mariani, Longuet, etc. - et d’en partager la couverture avec Marine Le Pen. Cela vous pose sa femme.

Pour résumer, elle plaide pour « le rassemblement le plus large possible » - y compris donc avec le FN : dont « les électeurs n’ont pas à être rejetés de la République » ; qui a prétendu cela ? - « pour faire barrage à la gauche ». Appel donc à tous ceux qui « partagent nos valeurs et ne veulent pas du vote des étrangers » - un des gimmicks de l’UMP de cette législative avec l’antienne « ne pas laisser tous les pouvoirs à la gauche ».

Autre letmotiv UMP de cette campagne législative - tout aussi puante que toutes les campagnes électorales du quinquennat de Sarkozy - « Nos électeurs sont souvent étonnés qu'on tolère des alliances entre le PS, l'extrême gauche et Les Verts qui prônent la légalisation du cannabis... Nous ne parlons pas d'alliance, mais de respect des électeurs du Front national, méprisés, rejetés par la gauche dans le camp des antirépublicains »… Tu parles ! comme elle s'en tape.

Et ce morceau de bravoure : « J'entends ce que me disent les électeurs du FN, notamment en milieu rural où ils sont attachés au respect de nos traditions, à notre culture, à notre identité nationale »…

Madame Morano vous ne manquez pas d’un sacré toupet, vous, une fille d’Italienne. Croyez-vous que les Français accueillirent à bras si ouverts les Italiens et les Polonais (entre autres) venus donner leurs bras pour l’essor des industries notamment minières et sidérurgiques de Lorraine aussi bien que du Nord-Pas-de-Calais ? Pas plus que ma mère venue de son Ecosse natale et à qui l’on ne fit nul cadeau.

Tous, Français autant qu’étrangers, nous avons contribué à forger cette identité nationale dont nous pourrions être fiers à plus d’un titre - ce n’est nul hasard si François Hollande rendit homme à Marie Curie, Polonaise deux fois prix Nobel, le jour de son investiture - si elle n’était polluée par le racisme et la xénophobie. Redire une fois de plus avec Renan que la Nation (et son esprit) est un plébiscite chaque jour renouvelé : le sentiment d’appartenance primant l’origine. Rassembler plutôt que diviser.

Et quant au respect de nos traditions et de notre culture, j’y suis au moins aussi attachée que vous. Doublement, parce que j’ai des attaches familiales rurales qui me font préférer la campagne à la ville bien que j’y vive et que je me sens par toutes les fibres de mon âme appartenir au peuple depuis plus de 50 ans (sinon aurais-je milité à la JOC) et à la classe ouvrière. Tellement méprisés par Nicolas Sarkozy nonobstant ses grands discours la main sur le cœur.

Comme cela ne pouvait suffire, un nouveau scandale agita le Landerneau politique et les médias. La faute à l’humoriste Gérald Dahan qui, se faisant passer pour le leader du FN Louis Aliot, par ailleurs compagnon de Marine Le Pen à la ville, la piégea dans un canular : "Marine Le Pen a beaucoup de talent" (Le Monde 15 juin 2012)… Pensant être en terrain ami, elle se lâcha sans vergogne.

Comme le souligne à juste titre un article du Républicain Lorrain Piégée par Gérald Dahan, Nadine Morano dialogue en sympathie avec un faux Louis Aliot (15 juin 2012)… Même pas prophète en son pays car dans le même quotidien Xavier Brouet n’hésite nullement à lui décerner un carton rouge ! (15 juin 2012) pour ce faux FN et vrai dialogue (16 juin 2012) cependant que Monique Raux s’interroge sur la véracité de l’argument de Nadine Morano qui prétend que "L'interview de Dahan a été coupée au montage !" (15 juin 2012).

Wait and see puisqu’elle entend porter plainte à la suite du canular de Gérald Dahan lis-je sur un article de Paul Larrouturou pour Le Lab d’Europe 1 : elle dénonçe un coup politique du PS (15 juin 2012)… parano, avec ça ! Sarkozy a indubitablement déteint.

Un vrai festival : « Monsieur Dahan n’est pas un humoriste, c’est d’abord un militant socialiste » et il s’agirait au surplus « d’éteindre le "grave incendie" allumé par le twitt de Valérie Trierweiler »… dont j’ai suffisamment démontré dans Le Trierweilergate ou « Psy show » en direct-live de l’Elysée (1) (15 juin 2012) que selon nombre de politologues il n’aurait aucune répercussion notable sur le résultat des élections législatives, ce qui toutefois ne signifie pas qu’il n’en eût pas à moyen ou long termes.

Ce qui au demeurant ne manque pas de sel puisque Nadine Morano s’est particulièrement signalée depuis plusieurs mois à nos moqueries en twittant à tout va comme une malade, déversant à jet continu un flot de conneries ou de saloperies.

Le grand mot est donc lâché : il s’agirait rien moins que d’un complot, un « coup politique » du Parti socialiste. Parce que Gérald Dahan fut notamment « assis au premier rang du meeting de François Hollande le 14 mars et qu’il aurait réalisé deux sketchs pour soutenir Claire Morel, candidate socialiste dans la première circonscription de Paris ».

Sans doute. Mais serait-ce suffisant pour affirmer que le Parti socialiste aurait commandité cette fausse interview de Nadine Morano par Gérald Dahan ? Je suis absolument persuadé du contraire et ce, pour une raison bien simple. C’est faire injure à l’indépendance d’un artiste. De mon avis, Gérald Dahan a été choqué autant que nous le sommes par les déclarations de Nadine Morano et son interview à Minute. Il aura donc voulu apporter à l’opinion publique la preuve que pas grand-chose ne la séparait désormais du parti de Marine Le Pen. Quel moyen plus explicite que de sa faire passer pour Louis Aliot en personne ? La preuve :

Le faux Louis Aliot lui affirme « Je pense que nous avons des intérêts communs dans le cadre des législatives » et évoquant le maintien de l’UMP Etienne Mourrut dans la triangulaire du Gard face au candidat FN « Si ça tenait que de vous, vous feriez le nécessaire... »… il s‘attire cette réponse« Oui, bien sûr ! » qui ne souffre aucun doute.

Nadine Morano poursuit « les socialistes vont nous foutre la France dans une merde comme jamais. Parce que la droite et la gauche, c'est pas pareil ! Ils vont nous mettre le droit de vote des étrangers vous vous rendez compte ? J'ai pas envie que ça devienne le Liban chez moi ! ». J’ai comme l’impression que cette réplique va lui coller très longtemps dessus comme un sparadrap.

Je ne vois vraiment aucun rapport entre la France et le Liban sur le plan historique : depuis la création de ce pays les pouvoirs sont partagés quasi constitutionnellement entre les représentants des communautés chrétiennes, sunnites et chiites et cela fonctionna à ma connaissance sans anicroche jusqu’à ce que ce pays fut pris en tenailles entre la Syrie et Israël avec pour décor le sort des Palestiniens.

Mais le « cirque Morano » ne devait pas s’arrêter là comme le souligna France-Soir Morano piégée par Dahan : L'affaire tourne au vinaigre à l'UMP (15 juin 2012) cet épisode peu reluisant déclanchant notamment les foudres de François Fillon. Nouveau « Couac ! Couac ! À l’UMP » qui les multiplia depuis cinq ans.

Elle étale sa parfaite stupidité quand elle s’en prend à François Fillon au micro de RTL, affirmant « qu’elle n’avait de leçon à recevoir de personne (…) Je ne suis pas sa collaboratrice et je ne suis même plus sa ministre donc je suis une responsable politique libre avec des convictions (…) ne craignant pas d’avancer que « La situation est plus difficile quand on est dans une circonscription comme la mienne » - elle sera désormais connue pour être l’inventrice du fascisme à géométrie variable ! - que « dans le VIIe arrondissement de Paris, c'est une certitude »… Sans doute, mais rien ne dit qu’il ne s’y trouve pas non plus une forte proportion d’électeurs du Front national, du côté grands bourgeois cette fois.

Selon ce que je lis sur sa fiche Wikipedia elle aurait fait des études de droit. Pas suffisamment pour éviter de pondre une belle connerie sur Twitter à l’encontre de François Fillon « qui devrait dénoncer devrait dénoncer le délit pénal d'un Dahan militant socialiste ». Je l’inviterais à regarder d’un peu plus près la loi - et la jurisprudence constante du Tribunal de grande instance de Paris - du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, qui s’appliquera dans la mesure où la fausse interview a été diffusée sur le dite de Sud-radio. De mon avis de petite juriste, il faudrait vraiment que Gérald Dahan ait commis une faute grave - ce qui n’est absolument pas le cas en l’espèce - pour être condamné, d’autant qu’en outre les juges d’autres juridictions condamnent rarement les humoristes tant qu’ils n’ont pas franchi des limites intolérables. Ce qui n’est pas non plus le cas de cette supercherie. Morano est tombée dans le piège, elle n’a qu’à s’en prendre à elle-même.

Titre de La Dépêche qui résume parfaitement la situation Morano piégée par Dahan et taclée par Fillon (16 juin 2012). Le rappel à l’ordre de François Fillon "On ne parle pas aux dirigeants du FN" (Le Monde 15 juin 2012) fut sans appel et frappé au coin du bon sens : elle aurait dû raccrocher (Europe 1, le 15 juin 2012) immédiatement. Bien entendu, il ne put s’empêcher de mettre sur le même plan les « extrêmes » : entendre les deux « Fronts » national et de gauche… air connu mais fort stupide.

Mais Nadine Morano ne l’entendant point de cette oreille, la polémique se poursuivit et s’aggrava. Comme le constate Solène Cordier sur Europe 1 FN : Morano répond à Fillon (15 juin 2012) osant affirmer « je suis une responsable libre »…

Libre, sans doute mais responsable ? Comme le constate Martine Aubry non sans un certain humour glacé « Avec Nadine Morano, nous avions jusqu'alors la musique. Maintenant, nous avons les paroles »… Certains journalistes ou commentateurs politiques affirmant par ailleurs « nous savons maintenant exactement ce qu’elle pense »… Ils y auront mis le temps !

Martine Aubry a parfaitement raison de considérer que ce dialogue - complice - entre Nadine Morano et le faux Louis Aliot est « terrifiant » : « Nadine Morano est passée du Figaro à Minute (…) ces hommes et ces femmes de l’UMP - qui prônent l’aggiornamento avec la Front national : la désormais fameuse stratégie Buisson et Peltier, les deux « facho + » de l’Elysée - sont les petits-enfants des Résistants, du général De Gaulle, et ils osent dire ce qu’ils disent ? ».

Martine Aubry a sans doute en partie raison mais il y a belle heurette qu’à quelques exceptions près pour ceux qui ne sont pas morts (le grand âge et les maladies ayant fait leur œuvre) les authentiques gaullistes ont disparu de l’UMP - Dominique de Villepin et Nicolas Dupont-Aignan restant, parmi les plus connus.

En n’ayant garde d’oublier tous les adversaires acharnés du général de Gaulle - y compris les terroristes de l’OAS et la frange de jeunes issus des mouvements d’extrême droite (Occident, GUD, etc.) qui passèrent par le CNIP (Centre national des républicains indépendants et paysans) pour se refaire une vertu avant d’intégrer les Républicains indépendants de Valéry Giscard d’Estaing ou plus tard, l’UDF… Vaste melting-pot de la droite non gaulliste (allant jusqu’à la droite très dure) et du Centre-droit dont son issus aujourd’hui le Nouveau Centre, le Parti radical (Borloo) et le Modem de François Bayrou.

Encore plus terrifiant ce qu’affirme (le vrai) Louis Aliot selon ce que rapporte Gaspard Dhellemmes sur le JDD "Le verrou entre l'UMP et le FN est en train de sauter" (15 juin 2012) qui affirme que « sous la pression du peuple, l’UMP est en train d’abandonner petit à petit cette stratégie absurde du cordon sanitaire avec le Front national ».

Il faut avoir bien peu de mémoire pour oublier que ce fut précisément en s’appuyant « sur le peuple » qu’Hitler et les nazis conquirent le pouvoir en Allemagne en 1933. Déjà sur fond de la crise financière, économique et sociale - le chômage y avait atteint un niveau dramatique.

Nous savions déjà, au moins depuis la campagne présidentielle, que la frontière était de plus en plus « poreuse » entre la partie la plus réactionnaire de l’UMP - dont Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux et Claude Guéant, en n'ayant garde d'oublier le louvoyant Jean-François Copé, ne leur en déplaise - et le Front national. Désormais comme le constate Gérard Bon dans une dépêche de Reuters Les digues se fissurent autour du Front national  (12 juin 2012).

Il restera à savoir si comme l’affirme Jean-Marc Ayrault l’UMP prépare une alliance stratégique avec le FN (Le Monde, 12 juin 2012) avec sa politique du « ni-ni » qui consiste en fin de compte à ne pas opposer un front républicain - appeler à voter pour un socialiste, se désister en sa faveur ou se maintenir le cas échéant dans le cas où une triangulaire permettrait de faire barrage à un candidat du Front nationaL.

D’après ce que j’ai pu lire en quelques occasions, le site 24heures.actu serait à la dévotion de Sarkozy et ses partisans. L’article que j’ai pu découvrir sur la liste de Google Actus ne fait aucun doute à cet égard. Qui condamne dans l'affaire Gérald Dahan, Nadine Morano les méthodes bolcheviks du PS  (15 juin 2012) un certain « Le soufflet » - qui en mérite un ! - se déchaîne : « Journaliste, acteur, comique...le PS est en place ! En se faisant passer pour Louis Alliot, Gérald Dahan a franchi la frontière entre son statut d’humoriste et celui de militant socialiste. Dans un sketch très long, dénué du moindre effet comique, il a piégé Nadine Morano en se faisant passe pour le compagnon de Marine Le Pen. L’objectif : prouver au petit peuple que l’ignoble UMP ose discuter avec le FN. Quand le PS instrumentalise une émission de divertissement pour manipuler les masses... ».

Bien de quoi tomber à la r’bidaine tout en ayant envie de mordre quand de quasi facho parlent de manipulation des masses ! Et donner envie de lire ou relire la précieuse Hannah Arendt sur « les origines du totalitarisme » s’agissant tout autant du régime nazi que du stalinisme… Après « les procès de Moscou » nous aurions droit à celui du Parti socialiste.

Je ne saurais traiter ici en deux coups de cuiller à pot d’un article d’Atlantico - site également réputé de droite mais pas forcément, tout dépendant des rédacteurs - qui relate une interview de Laurent Bouvet - professeur de science politique à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et enseignant à Sciences Po Paris, dont le dernier livre, « Le sens du peuple : La gauche, la démocratie, le populisme » est paru en janvier 2012 chez Gallimard - ses propos ont été recueillis par Alexandre Devecchio le 16 juin 2012. D’abord parce qu’elle est très longue et aborde une multitude de questions ou problèmes qui mériteraient un examen attentif et d’être repris un par un ce qui excéderait largement le cadre de cet article.

Or donc, selon Laurent Bouvet La démocratie est plus menacée par la prolophobie à l’égard des électeurs FN que par les propos de Morano. « Fustiger les propos de Nadine Morano piégée par Gérald Dahan serait un moyen d’éviter de s'interroger sur les préoccupations de ces nombreux Français ayant choisit de voter pour Marine Le Pen. Est-il condamnable que de vouloir dialoguer avec cette dernière ? ».

Ce à quoi Laurent bouvet répond que « Nadine Morano peut être une menace pour l'intelligence politique et le bon goût, mais pas pour la démocratie. Je ne comprends pas ce genre de vocabulaire. On a l'impression qu'on est revenu en juin 1934 et que les ligues vont envahir le Palais Bourbon ». Peut-être pas (encore ?) mais avouons quand même qu’il y a une inquiétante ressemblance - préfasciste - avec la période de l’Entre-deux-guerres. Pour Laurent Bouvet « Le Front national n'est pas une menace démocratique, c'est un adversaire politique qu'il faut combattre arguments contre arguments. Quant on a de meilleurs arguments, on gagne. Le vrai problème démocratique n'est-il pas les 18% de Français qui votent FN et auxquels les partis traditionnels ne s'adressent pas ? ».

Il vise donc le hiatus entre les élites - notamment les journalistes et les intellectuels de droite comme de gauche - et les classes populaires dont elles ne partagent nullement les difficultés, notamment par rapport à la mondialisation (perte d’emploi, salaires toujours à la baisse, etc.) et qu’ils méconnaîtraient totalement quand ils ne les méprisent pas tout simplement. D’où cette expression de « prolophobie ». Ce qui n’est - hélas ! - pas forcément inexact.

Mais si quelqu’un et un régime en sont largement responsables c’est bien Nicolas Sarkozy, les membres des gouvernements Fillon et les parlementaires de l’UMP, Laurent Bouvet jetant le bouchon un peu loin quand il prétend que « notamment la gauche a une responsabilité plus importante par rapport aux plus fragiles ». Merci quand même de ne pas nous prendre pour de parfait cons ! La droite la plus dure et la plus favorable aux gloutocrates des multinationales - qui délocalisent à tour de bras pour le plus grand profit de leurs seuls actionnaires et dirigeants - est au pouvoir depuis 2002... Ont-ils jamais éprouvé la moindre compassion pour tous ceux qu’ils rejetaient impitoyablement au bord du chemin, à la rue ?

J’ai la chance - dont parfois je me passerais bien quand les galères financières se font trop prégnantes ! - d’être à la croisée des chemins. Par mes revenus, mon mode de vie et mon appartenance revendiquée au peuple et à la classe ouvrière. Mais ayant eu la chance de poursuivre des études dans différents domaines et m’intéressant aux choses de l’esprit en général, je suis donc également une intello. Restant particulièrement sensible à tout ce qui atteint le peuple en général, sachant de surcroît que je suis bien moins à plaindre que certains prolos : perdre son emploi, son logement, quand toute une famille est concernée ou survivre avec un revenu parfois de moitié inférieur au Smic. C’est de surcroît - et peut-être surtout - perdre sa dignité.

Nous avons en revanche tout à fait le droit de rire en lisant ce que rapporte Cécile Sixou sur Public Sénat Nadine Morano : « Je ne dis jamais de conneries » (15 juin 2012) qui rappelle fort opportunément quelques unes des meilleures morâneries qui émaillèrent son parcours depuis 2007... Je n’ai pas le temps de tout ressortir mais elle est entrée dans mon collimateur pour une première bourde lors de la campagne présidentielle lorsqu’elle se déguisa - la tête enfouie dans une capuche - pour aller porter la contradiction dans une réunion de Ségolène Royal en 2007...

Ce qui valait bien la récente supercherie de Gérald Dahan et la moquerie de mémé Kamizole en son temps Deux sarkozettes ambitieuses mais « gourdiflores » Nadine Morano & Rachida Dati (1er mai 2007). Je ne connaissais pas encore Nadine Morano mais ce n’est nul hasard si j’ai depuis ouvert à son nom un dossier intitulé « cirque Morano » regroupant tous les fichiers d’articles de presse concernant ses bourdes à répétition…

Outre Rachida Dati qui s’illustra à la même époque dans un débat organisé pour VSD par Paul Wermuz avec Bruno Julliard (la vidéo est toujours disponible sur Dailymotion, je l’ai visionnée il y a peu) en affirmant « qu’elle était ministre de la rénovation urbaine… au Karcher » ! j’allumai un certain nombre d’autres groupies de Nicolas Sarkozy… Je ne m’y attarderais pas.

Sinon pour vous renvoyer à la « bourditude » d’une autre sarkozette de choc, à savoir Valérie Pécresse dont je ne connaissais pas encore la miraculeuse aptitude à les multiplier comme autant de pains et de poissons… à savoir qu’elle franchit allégrement le « mur du çon » à vitesse supersonique en parlant de « la forêt de femmes que cacherait Sarko »… Forêt qui nous fut par la suite amplement dévoilée mais guère à leur avantage.

Mais qui valut à son auteur d’être allumée en quelques lignes Les raffarinades de Valérie Pécresse (12 décembre 2006) pour cette stupéfiante affirmation : "Ségolène Royal est une femme qui cache une forêt d'hommes, Nicolas Sarkozy, un homme qui cache une forêt de femmes"... s’attirant bien évidemment un quolibet : Et le brâme au fond des bois ? mais c'est vrai qu'il n'est pas très bon de parler d'andouillers à son propos !

L’humour est - avec de solides réflexions sur le fond - la seule arme dont je dispose… Je ne m’en priverais pas.


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