Magic Mike de Steven Soderbergh

Magic Mike enchaîne les morceaux de bravoure, de virtuosité à un rythme parfois lassant. Tous les strip-teaseurs ont des corps parfaits, nécessairement parfaits pour tenter de survivre dans une Amérique ravagée par la crise économique. Le soleil tient ses promesses: il brille, mais pas pour tout le monde. Flics, pompiers de pacotille, militaires se désapent sous les cris hystériques, les rires chauds des filles du club. Les prouesses physiques sont indéniables, les déhanchements, la simulation joyeuse d'actes sexuels le sont également. Cependant, tout cela est bien répétif. Le film tourne en rond, fait du surplace. Channing Tatum est certes superbe mais son visage est par trop inexpressif (défaut déjà remarqué dans l'Aigle de la neuvième légion). Matthew McConaughey, quant à lui, campe un chef de troupe antipathique, fasciné par la réussite, l'argent, dont le corps impeccable est volontiers exhibé. L'interprétation de l'acteur est remarquable et ce personnage de Dallas lui va comme un gant. Une scène, toutefois, m'a laissée dubitative: coiffé du chapeau de l'oncle Sam, prêt à assurer le spectacle, son regard intense, acéré m'a interpellée: celui d'un acteur embarqué dans une drôle de galère cinématographique.