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Des hommes et des dieux

Publié le 28 février 2011 par Richardb

Des hommes et des dieux

Des hommes et des dieuxJe viens de visionner le film de Xavier Beauvois. Et bien je n’ai pas aimé Des hommes et des dieux, enfin, pas à la mesure de son succès public et d’un engouement médiatique un peu bizarrement emballé. En écartant l’horreur des faits qu’il relate et le martyr de ces pauvres frères sacrifiés à la barbarie humaine, je pense que l’exploitation médiatique de ce film le dépasse totalement pour des raisons cachées.

Des hommes et des dieux arrive en effet dans un contexte particulier alors que la question religieuse frémit en France, polluée d’incidences raciales, politiques, et électorales. Le film se retrouve – malgré lui – l’interprète de tous les dénis de la société française, de tous ces propos que le politiquement correct étouffe dans la pensée citoyenne afin qu’ils ne risquent pas de devenir langage de guerre pour les anti-occidentaux ou outil de culpabilisation pour les néo moralistes de tout cran. Un bon film, sans plus, se fait ainsi marketing de la quête de bonne conscience d’un monde occidental très accablé ces dernières années et qui n’ose pas exposer clairement les troubles qui le rongent. Il devient un ersatz de rébellion face à la souffrance des chrétiens dans le monde, souffrance non dénoncée à haute voix, il se fait étendard d’une prédominance catholique secrètement regrettée et de nos jours encore politiquement incorrecte. Il est récupéré par les non croyants comme preuve de la bonté occidentale vis à vis de ces ingrats peuples de la colonisation. Le tout oscillant entre non-dits culpabilisés et envies de dire étouffées par la menace de  la condamnation des bien pensants. Tout cela ne laisse pas préjuger d’un futur débat serein sur la laïcité si les paroles s’étouffent, se dissimulent, se perdent en circonlocution

Sur l’aspect purement cinématographique, là non plus je n’ai pas totalement adhéré, tant le décalage entre la gravité du sujet et la superficialité de la mise en scène m’a paru grande. Lambert Wilson n’est pas crédible en autocrate religieux qui donne presque l’impression d’avoir attendu-espéré cette situation extrême pour s’épanouir ; la conversion des frères souhaitant – avec lucidité – quitter le monastère au début du film se fait sans conviction ni démonstration de luttes internes ; la foi des moines ne nous est présentée que dans la répétition de chants incantatoires. Seul le médecin, dans ses actions auprès des villageois, nous fait un peu communier avec la mission humaine des moines. Le reste, filmer des potagers et une chorale qui chante juste ne relève pas du génie cinématographique et même la cène émouvante des visages illuminés de ces hommes de Dieu ne l’est en fait que par la beauté de l’œuvre de Tchaïkovski.  J’imagine le même scénario entre les mains d’autres réalisateurs plus experts en âme humaine.

Quant au fait de la question essentielle posée par ce terrible événement, rester ou partir, le débat est ouvert.  Un débat que l’Histoire et le tragique ont souvent mis en scène, celui du destin de l’homme, de ses choix et de ses croyances.

Posted by | Oh ! moi, ce que j'en dis....


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