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#Geonpi: qui nous prend pour des pigeons ?

Publié le 03 octobre 2012 par Juan
#Geonpi: qui nous prend pour des pigeons ? Ils ne sont pas contents, ces patrons de start-up forcément «innovantes » et « créatrices de valeur ». Depuis l'annonce, vendredi dernier, que certains impôts seraient largement relevés à compter de l'année prochaine, la révolte est en marche.
Ils «couinent et râlent sur internet », ils pétitionnent et se mobilisent. Ils se sont même créés un groupe FaceBook, les pigeonsentrepreneurs, avec déjà près de 20.000 participants, et un site Web, où ils s'appellent les #Geonpi, parce qu'ils sont modernes et l'avenir de notre pays. Et ils amalgament tout, technique classique pour qui ne veut rien entendre.
Fichtre ! Serait-ce déjà le socialisme ?
Ils ont d'abord placé le minuscule relèvement des cotisations sociales des autoentrepreneurs en tête de gondole de leur revendication. Ces gens-là s'y connaissent en marketing. Pour défendre la rente, la plus-value ou le dividende, il vaut mieux d'abord invoquer le travailleur pauvre. La moitié des autoentrepreneurs ne génère aucun revenu. La démagogie est sans limite ... et contre-productive.
L'amalgame était donc facile. Le projet de loi de finances prévoit d'augmenter les cotisations sociales de 3% pour les autoentrepreneurs. Chez les #Geonpi, on appelle cela une « augmentation assassine des charges sociales ». On se pince pour le croire.
Une augmentation... assassine ? Mais de quoi parlent-ils, ces apprentis millionnaires qui stressent pour leurs plus-values ?
Le blogueur, élu local et autoentrepreneur Romain Blachier explique très simplement pourquoi les cris d'orfraie n'ont pas lieu d'être: il s'agit d'aligner le régime social des auto-entrepreneurs sur celui des micro-entreprises, ni plus ni moins. « Compte tenu du CA réalisé par les AE en 2011, vous aurez en gros une augmentation de 3% des cotisations (12,4% au lieu de 12% pour l’achat-vente par exemple). »
Ces pigeons nous prennent-ils pour des pigeons ?
Certainement. 
Second objet de révolte, le vrai, le sérieux: les plus-values sur actions, antérieurement taxées à 19%, seront désormais imposés via le barème de l'impôt sur les revenus. Et ces #Geonpi dénoncent une imposition à 60%... une estimation volontairement grossi en la basant sur le taux marginal, c'est-à-dire la dernière tranche, et en additionnant les CSG/CRDS. Fichtre! Quelle horreur ! Ils ne bossent donc pas pour embaucher, produire  « Cette mesure conduit, par exemple, un entrepreneur cédant son entreprise après 10 ans de labeur, d’incertitudes, de hauts et de bas, de semaines de 70 heures… à payer 45% (taux marginal de l’IRPP) +15,5% (CSD/CRDS) soit plus de 60% sur la plus-value de cession ».
C'était donc ça. Ils n'osaient protester contre le relèvement de l'ISF, la taxation au barème de l'impôt sur le revenu des stock-options, le plafonnement à 10.000 euros des niches fiscales, ou le durcissement de la niche Copé. Non, il fallait rester discret pour éviter d'être indécent.
Ces #Geonpi n'avaient d'ailleurs rien à dire sur le reste du PLF 2013.
N'étaient-ils qu'attirés par l'argent, cette fameuse grosse plus-value tant espérée qui légitimera leur démarche au bout de quelques années,  ces « entrepreneurs » ?
On pouvait s'interroger.
Il fallait bien être avide pour se plaindre ainsi de ce qui les attend. Chaque jour qui passe amène son lot de plans sociaux, de suicides pour surendettement, de statistiques déprimantes sur la pauvreté ou le manque de soins.
Plutôt que de couiner, ces pigeons conservateurs auraient pu s'intéresser concrètement à l'amélioration d'un PLF 2013 qui, évidemment, n'est pas parfait. 
Mais là n'est pas la préoccupation de ces entrepreneurs.
Ils auraient pu remercier le gouvernement d'avoir finalement épargner les rentiers qu'ils rêvent de devenir. Ils auraient pu applaudir à l'extension du crédit impôt recherche, très favorable à l'innovation. Ils auraient pu se féliciter de l'abattement proportionnel sur l'impôt calculé sur la durée de détention des titres de l'entreprise (40% pour la 12e année) prévu dans ce PLF 2013. En d'autres termes, expliqua Bercy, « En régime de croisière et pour les titres détenus plus de 12 ans, l'impôt sera donc, au maximum, prélevé à un taux marginal net de la CSG de 24,7 %. » Reprenons: si ces fameux entrepreneurs-créateurs-d'emplois-et-de-richesse osaient garder leurs actions au moins une grosse décennie, la fameuse taxation de la plus-value augmentera donc de .... 4,7 points.
Ils auraient pu se féliciter que l'enseignement scolaire bénéficie de près de 3% de crédits supplémentaires (8 781 emplois créés), que l'enseignement supérieur recherche récolte 2,2% d'augmentation. Patrons ou futurs patrons, ils devraient se féliciter de la création de 100.000 contrats d’avenir, et 390.000 contrats aidés.
Après la Droite forte, la droite populaire, la France droite, voici donc la Droite Pigeon.
La belle arnaque... 
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