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Jour 14, Antoine : THE MEKONS, Where Were You ?/ I’ll Have to Dance Then (On My Own) + BOREDOMS, Super Roots 7.

Publié le 10 avril 2008 par Oagd
Jour 14, Antoine : THE MEKONS, Where Were You ?/ I’ll Have to Dance Then (On My Own) + BOREDOMS, Super Roots 7. 1. Sorti sur 45 tours en 1978, suivi d'une seconde face A intitulée « I'll Have to Dance Then (On My Own) », « Where Were You ? » est une chanson aussi simple qu'inépuisable. Un riff à deux notes accompagné du contrepoint discret d'une seconde guitare, lancé en quarante-deux secondes par une batterie en crescendo de fanfare : il paraît qu'à l'époque les punks ironiques de The Mekons ne savaient faire que cela. La pochette de leur premier album paru un an plus tard, The Quality of Mercy is not Strnen, montre un singe occupé par une machine à écrire illustrant l'aphorisme selon lequel ainsi équipé, il ne lui manquerait que du temps pour produire les œuvres complètes de Shakespeare. Les singes c'étaient eux, qui enregistraient avec les instruments d'amis déjà lancés un disque dont la quatrième de couverture montrait justement, par erreur de Virgin, les Gang of Four. Peu importe : au bout de 42 secondes, le morceau commence tout juste et la partie est déjà gagnée.   11. Sorti en 1998 par Warner Music Japan, entourant de deux remixes un morceau de  plus de vingt minutes, Super Roots 7 n'est pas vraiment un album. C'est une autre piste, un changement de cap. Habitués au concassage et à la réduction, Boredoms travaille désormais à étirer, amplifier, allonger, propulser ; à faire rayonner dans toutes les directions le moindre fragment de musique existante. En l'occurrence le riff des Mekons, loués dans la pochette du disque récemment ressorti chez Vice Records : mais on voit mal ce qu'il en reste chez le furieux Boredoms conduit par Yamatsuka Eye (aux cris) et Yoshimi P-We (aux tambours), organisateurs d'un concert à 77 batteries le 7 juillet de l'année dernière, sur une pelouse ensoleillée en face de Manhattan.   2. Where were you ? répète, avec une différence de ton à peine perceptible, neuf lines. Chacune d'entre elles est divisée entre une image (boire au bar, pleurer au lit) et une question à une absente dont les cheveux jaunes apparaissent pourtant au milieu d'une file d'attente, mais qui ne prendra pas la peine de répondre : où étais tu ? Tu m'as vu ? Est-ce que tu m'aimes ? Veux-tu m'épouser ? C'est peut-être une divagation, l'homme qui chante rêve seulement de demander une inconnue en mariage. Retourner le disque n'apporte pas de délivrance, indique un simple changement de cap. Où étais-tu ? / Je devrai donc danser (seul). Les attaques de guitare font vibrer des questions sans réponses, jamais trop longtemps. La pop s'emplit de ces moments creux, rattrapés par autant de redéparts qu'il en faut pour se tenir droit, même si c'est pour une seconde. Si le rock marche à l'énergie, la pop fonctionne à l'énergie d'un sentiment, d'un délire ou d'une hantise, relancés avant de basculer dans l'obsession.   22. Boredoms n'a retenu que les attaques de cordes (toujours de haut en bas façon Ramones), mais elles résonnent désormais bien au-delà d'un simple club de Londres : sur une pelouse de New-York ou sous un dôme à Tokyo, dans une salle de concerts ou un club, entre une cave et l'espace. On ne prétend pas que c'est encore de la pop, Boredoms déchaîne d'ailleurs le hobby de la labellisation - tout le contraire de la description. Disons alors anti-pop (car ce passage de la pop à son envers peut, lui, être décrit), ou plus simplement encore : rock. En vingt minutes, Boredoms reprend le morceau plusieurs fois. Pas comme les Mekons qui se reprennent en milieu de chanson en changeant de ton, légèrement différent, mais en accélérant jusqu'aux limites, l'explosion en vol. Quand la pop fait un pas de côté, le rock fait trois pas en avant. Quand la pop irradie, le rock concentre. La pop numérote et décrit, le rock enchaîne, il est dans les choses.   Visuel : une pochette des Mekons réinventée par Thibault Balahy (blog ici)

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