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Grosse fatigue et déni

Publié le 01 octobre 2013 par Toulouseweb
Ces derniers jours, la presse a fait ιcho d’un ιvιnement qui s’est dιroulι dans un cockpit d’Airbus A330, dont le nom de la compagnie est tenu secret.
L’incident a eu lieu le 13 aoϋt 2013. Deux pilotes britanniques ont dιclarι ΰ la Civil Aviation Authority (CAA) avoir dormi en mκme temps, peu de temps aprθs le dιcollage. Ils ne sont pas capables de dire combien de temps l’appareil a volι tout seul. Ils n’avaient cumulι que 5 heures de sommeil, en deux jours…
Que se passe-t-il dans les cockpits ? Les pilotes s’endorment aux commandes ? L’ambiance serait-elle trop feutrιe et rassurante de nos jours ? Ou bien tout simplement, les personnels navigants techniques seraient-ils de purs tire-au-flanc ?
Non, le problθme est tout autre. Bien entendu, les pilotes ne sont pas des paresseux. Auraient-ils simplement obtenu leurs licences, s’ils avaient de telles valeurs ?
La rιponse ΰ cet « assoupissement », rιside justement dans les dιclarations de ces deux pilotes britanniques : 5 heures de sommeil cumulιes en deux jours… on ne va quand mκme pas chercher midi ΰ quatorze heure ?
Pire : suite ΰ cet incident, un sondage a ιtι commandι par le syndicat des pilotes britanniques (BALPA) et celui-ci rιvθle qu’un pilote sur deux admet s’κtre dιjΰ endormi aux commandes. ΐ moins d’avoir un sommeil vraiment trθs agitι, cela n’a rien de trθs dangereux, dθs lors que cela n’arrive pas lors d’une phase critique de vol et qu’une deuxiθme personne assure le pilotage et la surveillance du cockpit.
Ce qui est plus prιoccupant, en revanche, c’est que ce mκme sondage met en lumiθre le fait qu’un tiers de ces « pilotes-dormeurs » reconnaissent avoir constatι ΰ leurs rιveils, que leurs binτmes dormaient, eux-aussi…
Quand on connaξt les risques liιs ΰ la fatigue chez les pilotes… Quand on sait que la fatigue contribue ΰ 20% des accidents aιriens… Quand on sait que la fatigue a ιtι une des principales causes du crash du vol 3407 de Colgan Air (50 morts), par exemple… Ou encore, quand on sait que la fatigue a peut-κtre jouι un rτle dιterminant dans le tristement cιlθbre crash du vol AF447 Rio-Paris (228 morts), comment peut-on ne pas tirer la sonnette d’alarme ?
En rιalitι, le problθme n’est pas de « tirer la sonnette d’alarme », mais plutτt qu’on l’entende ! Et cela serait bien naοf d’imaginer que personne n’ait jamais tentι d’alerter les autoritιs europιennes sur ce danger.
Voici un exemple rιcent : le 19 janvier 2012, le Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL) diffusait un communiquι de presse qui donnait le ton, dθs la premiθre ligne : « La fatigue des pilotes tue ». Violente comme entrιe en matiθre, mais tellement vraie !
Dans ce communiquι, Philippe Rafin, commandant de bord chargι des affaires internationales au SNPL France ALPA dιclarait : « De longues heures de service et de courtes pιriodes de repos peuvent κtre un cocktail mortel pour les pilotes, s’il n’existe pas une rιglementation basιe sur des preuves scientifiques ».
Rιvιlant que 90 % des pilotes interrogιs par le SNPL, dιclaraient κtre « fatiguιs ou ιpuisιs », Philippe Rafin ajoutait : « Ici, en Europe, les institutions de l’Union europιenne ne semblent pas avoir pris conscience de cette menace (…) la rιglementation proposιe par l’AESA est conηue davantage pour rιduire les coϋts des compagnies aιriennes que pour protιger les passagers. ».
Que de vιritιs en si peu de mots… tout l’art de la synthθse !
Avec l’incident de ces deux pilotes-dormeurs britanniques, que les mιdias mettent largement en lumiθre ces derniers jours, les choses vont-elles enfin changer ? Eh bien non, l’actualitι nous rappelle ΰ quel point nous sommes, encore et toujours, naοfs :
En effet, hier, lundi 30 septembre 2013, le commissaire europιen chargι des Transports, Siim Kallas, a connu une amθre dιconvenue lorsque la commission Transports du Parlement europιen a rejetι sa proposition qui visait ΰ ramener le temps de vol des pilotes de 11h45 ΰ 11h par jour. Profondιment dιηu, Siim Kallas a dιclarι que « ce vote met en danger les mesures clιs pour amιliorer la sιcuritι aιrienne ».
Devons-nous, ainsi, croire que les enjeux ιconomiques primeraient sur les vies humaines ?
Je ne peux m’y rιsoudre, il doit y avoir un malentendu…
Bastien Otelli – AeroMorning

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