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Si Jean Marais nous était conté

Publié le 23 février 2014 par Marcel & Simone @MarceletSimone
Si Jean Marais nous était conté

- Ah !

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- C’était Fantômas !

- Mais non.

- Mais si.

- Mais non, c’était le bossu.

- Le bossu ?

- Oui.

- Moi, j’ai vu un aigle à deux têtes.

- Une belle bête alors ?

- Plutôt une belle et la bête.

- Vous êtes sûr ?

- Heu… oui. Pourquoi ?

- Parce que c’est capital.

- « Capitan » vous voulez dire ?

- Oh ! C’est amusant, ça !

Et je pourrais vous en faire des pages comme ça !

Seulement ça serait vous tromper sur la marchandise.

Car Jean Marais (de son vrai nom Jean Villain-Marais) n’était pas qu’un acteur immensément populaire du cinéma français des années 30 à 60 (sa carrière sur la toile déclina avec la fin des trente glorieuses, bien qu’il ne faille y chercher aucun rapport).

Il fut également acteur de théâtre, metteur en scène, décorateur (le tout à la Comédie-Française s’il vous plaît), créateur de costume, cascadeur (avant Bébel), dessinateur, peintre, sculpteur (il exécuta notamment un buste imaginé du héros du « Passe-muraille » de Marcel Aymé, exposé devant le domicile de l’écrivain), et finira ses jours (lui parlait de simplement s’endormir) comme potier dans sa maison de Vallauris.

Si Jean Marais nous était conté
Si Jean Marais nous était conté

Artiste complet du 20ème siècle, ce touche-à-tout génial, modeste parce qu’impressionné par le talent des autres, n’en était pas moins un homme au caractère bien trempé, préservant toujours sa liberté, allant sans cesse là où la vie le menait, sans s’en faire, en croyant en sa bonne étoile qui ne l’abandonna jamais.

Il fascina les hommes, fit fantasmer les femmes, prononça la réplique qui eut pendant des années le plus grand succès dans les cours de récréation : « Si tu ne viens pas à Lagardère. Lagardère ira à toi », inonda les gens qui le côtoyaient de sa gentillesse, de sa simplicité, de son goût immodéré pour l’amusement : « j’ai passé ma vie à m’amuser. C’est honteux » aimait-il à répéter.

Et il joua même sur les planches jusqu’en 1997, un an avant sa disparition.

On sait moins qu’il s’engagea dans la 2ème DB du général Leclerc après la libération de Paris parce qu’il jugea être injustement passé entre les gouttes alors que des gens de son âge se battaient depuis 1940.

Ce qui n’était pas tout à fait vrai puisqu’il s’était déjà illustré auparavant en giflant un critique du journal collaborationniste « Je suis partout » en pleine occupation et en public pour une remarque déplacée sur Jean Cocteau.

Cocteau bien sûr dont Marais disait « je suis né en 1913, mais c’est en 1937, quand j’ai rencontré Cocteau, que ma naissance a vraiment eu lieu ».

En étant tout : son ami, son mentor, son Pygmalion, son amour, le poète est présent tout au long du « parcours » mais sans l’assombrir de son auréole.

Car l’homme et l’artiste Marais eurent une vie avec et sans Cocteau, même s’il est vrai que leurs deux noms demeurent indissociables aux vues des chefs d’œuvre qu’ils réalisèrent ensemble et des sentiments fusionnels qu’ils éprouvèrent l’un pour l’autre.

Si Jean Marais nous était conté
Si Jean Marais nous était conté

De nombreux documents personnels : photos, costumes, lettres, affiches de films, vidéo d’interviews, mais aussi des œuvres inédites (tableaux, sculptures) font de cette exposition un hommage complet à Jean Marais.

Personnellement je ne peux évoquer ce Monsieur, qui fut un de mes premiers héros, sans ressentir une vive émotion : celle des aventures de mon enfance quand je courrais (depuis mon canapé) à ses côtés (et aux côté du commissaire Juve et de la belle Hélène) après l’homme à la tête bleue et au rire sadique qui immoralement s’échappait toujours à la fin…

Quant à la fameuse « Botte de Nevers », il faut croire que je n’étais pas fait pour incarner «Le bossu » car à trente cinq ans je ne sais toujours pas la faire correctement !

Au passage je m’excuse auprès de mes petits copains du temps de l’école primaire qui me doivent leurs plus belles bosses quand je me servais de leurs crânes pour m’entraîner.

« Je ne m’aime pas et c’est une chance… Car ça m’oblige sans cesse à faire des progrès ! ».

(Jean Marais 1913-1998).

ÉLÉPHANT PANAME
10, rue Volney, 75002 PARIS
Tél. 01 49 27 83 33

Mardi ou dimanche 11h 19h

Tarif : 9 euros / réduit 7 euros

10 rue Volney dans le 2ème arrondissement.

Et ce jusqu’au 16 mars prochain.

Si Jean Marais nous était conté

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