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Benoit delépine / arnold de parscau: la rencontre

Publié le 16 juillet 2014 par Unionstreet

ablations 3

A l’occasion de la sortie d’Ablations, Union Street a pu échanger quelques mots avec Arnold de Parscau, jeune réalisateur du film Ablations et son scénariste (mais aussi producteur) Benoit Delépine. Histoire de parler de Lynch, de Polanski et des pages jaunes!

Peux-tu nous parler de toi et de ton parcours avant Ablation ?

Arnold de ParscauJ’ai terminé L’ESRA (École Supérieur de Réalisation Audiovisuelle basée à Paris et Rennes ndlr) en Bretagne en 2001. Et pour ma dernière année, j’ai réalisé un court-métrage dont la version clip a remporté un concours organisé par David Lynch. Et c’est ce clip- Good day today – qui a permis à Benoit de me trouver. A cette époque, il cherchait un jeune réal proche de l’univers de Lycnh à qui confier ce scénario de long-métrage. Tout cela date d’il y plus de 2 ans, l’aventure s’achève à peine.

Comment s’est passée la rencontre entre vos 2 univers : l’un proche de Lynch et l’autre très ancré dans la réalité et le social ?

ADP: Tout d’abord j’aime pas dire que je suis proche de Lynch ! J’adore ce qu’il fait et j’essaye de développer un style qui corresponde à ce que moi j’aime. J’ai pas envie d’essayer de m’approcher de son style parce que ça rimerait à rien, j’en serais incapable. Comme tout le monde en serait incapable d’ailleurs… Dire que son style a nourri le mien ce serait plus juste !

Mais la rencontre avec l’univers Delépine …

Le point commun qu’on a c’est un univers décalé et l’envie de se détacher d’un certain réalisme. Même si Benoit reste ancré dans le réalisme, avec des faits de société, il laisse souvent la place à des trucs hallucinants. Comme cette grand-mère qui glisse sur des petits pois dans Mammuth ! Et c’est clairement ce que j’adore faire aussi : des choses décalées mais de manière moins comique, moins dans l’humour noir que Benoit. Mais finalement, c’est notre rencontre qui donne Ablations ; ce mélange d’humour noir et cette atmosphère sombre que j’ai apportée.

Un film à la croisée des genres j’ai entendu…

Exactement ! On n’est pas dans du fantastique, mais plutôt un polar dramatique avec une dose d’humour noir !

L’enquête à proprement parler passe assez vite au second plan au profit d’une atmosphère j’ai l’impression…

Oui c’est vrai, l’enquête importe peu. Le postulat de départ c’est : un mec a perdu un rein et il cherche à le retrouver. Et ça bougera pas énormément mis à part qu’il rencontre quelques personnages et qu’à la fin il lui arrivera que… enfin… il lui arrivera ce qu’il lui arrivera vous verrez bien ! (rires) Globalement, ce qui importe c’est le sort du personnage principal qui va sombrer dans la folie dès le début du film. Et on s’intéresse davantage à la montée progressive de cette folie et sa descente aux enfers plutôt qu’une simple en quête en elle-même.

Ça m’a fait penser au Frantic de Polanski

Ça va faire plaisir à Benoit ça ! Benoit cherchait justement une atmosphère et une narration très proche de celle de Polanski

Comment s’est passé le tournage avec un tel casting ?

Denis Ménochet était là dès le départ, le scénario ayant été écrit pour lui. Ensuite, Denis a proposé Florence, le producteur a proposé Virginie Ledoyen et Benoit a proposé Yolande Moreau. Quant à moi, je connaissais bien Philippe Nahon. Les choses se sont faites très simplement à ce niveau…

Et sur le tournage, pas impressionné par un tel casting ?

Si bien sûr ! Mais au-delà du casting, la principale contrainte a été le manque de temps pour moi ! Il y a beaucoup de difficultés liées au premier film surtout qu’on tournait dans énormément de décors avec seulement 28 jours pour tourner. Il fallait assurer un rythme de 3 décors par jour, ce qui doit se ressentir par moment sur ma mise en scène qui traine un peu… Mais en même temps, j’ai voulu défendre une atmosphère pesante et lourde qui prend son temps. Tout cela a quand même nourri ma façon de travailler et de voir les choses et donc, cette contrainte a été bénéfique au final même si ça a pas être marrant pour l’équipe tous les jours.

Des répétitions avec les acteurs ?

Pas énormément de répétitions non… Pour la simple et bonne raison que les acteurs sont arrivés deux semaines avant le tournage. Tous sauf Denis et c’est avec lui que j’ai le plus pu répéter en amont.

Quelle place tu imagines pour toi et ton film dans le paysage français ?

Je saurais pas le situer par rapport à la production actuelle. Bon c’est clairement pas une comédie non plus malgré l’humour noir. C’est un peu un polar, un peu un drame, pas mal de fantastique mais c’est vrai que c’est un film difficile à identifier, à mettre dans une case. C’est un peu ce qu’on lui reproche d’ailleurs mais bon je m’en fous un peu je t’avoue…

Des projets ?

Si tout se passe bien, je partirai sur un prochain long-métrage qui serait l’adaptation d’un roman.

On peut savoir lequel ?

Même moi je le sais pas encore ! Je sais que ce sera adapté d’un roman, il me reste juste à le trouver (rires)

Au tour de Benoit Delépine maintenant:

Comment en vient-on à un scénario comme Ablations ?

Benoit Delépine: Comme souvent, après une grosse cuite (rires) ! Après une nuit compliquée, le lendemain j’avais eu un vrai black-out j’ai cru qu’on m’avait enlevé un organe. Vu la nuit que j’avais passée c’aurait été normal mais bon je vous raconterais pas… J’ai délire là-dessus et j’ai eu envie de faire une histoire un peu barrée comme ça.

De ta part, on s’attendait davantage à un récit basé sur une réalité sociale, un film presque engagé…

BD: Malgré tout, il y a une réalité sociale dans le film ! J’ai un pote qui est en attente d’un rein depuis des années donc je connais un peu le problème. J’avais lu des papiers sur le sujet aussi, sur ce qui se passait à l’étranger aussi mais j’avais aucune envie d’un film d’expert, d’une sorte de documentaire moraliste un peu chiant.

Comment s’est passée la rencontre avec Arnold ?

BD: Je me sentais pas du tout de réaliser Ablations car c’était très différent de ce que j’avais fait avant avec Gustave et surtout j’étais déjà sur un autre film. A aucun moment, j’ai imaginé réaliser ce film ; je me voyais plus faire ce que j’avais déjà fait en BD : faire confiance à un jeune artiste qui va dans un sens que j’adore ! Je voulais une sensibilité à la Polanski, Lynch et y’a pas beaucoup de gens comme ça en France.

Et comment tu l’as trouvé ?

BD: Gus et moi voulions donner sa chance à un jeune réalisateur et donc j’ai tapé sur Google « jeune réalisateur + polansky + lynch + d’autres réalisateurs » et puis le nom d’Arnold de Parscau est sorti en premier ! J’ai regardé son clip et j’ai adoré, j’étais même jaloux de certaines idées ! Et comme je suis un mec qui fait plutôt confiance au destin, j’ai pris ça comme un signe et j’ai pris contact avec lui. Alors là deuxième coup de chance : son numéro de portable est sur les pages jaunes ! Et donc je l’ai joint de suite en Bretagne, il était sur le cul…

Et Denis Ménochet ?

BD: En fait j’ai écrit le script pour lui ! Je l’ai appelé en disant : «  ouais Denis on se connaît pas mais je vais écrire un film pour toi » et je l’ai rappelé quelques mois plus tard lorsque le scnéario etait fini. Et le lendemain, un mec qui s’appelait Denis Ménochet mais qui n’était pas l’acteur m’a appelé pour me dire d’arrêter de le faire chier ! Sur ce coup, les pages jaunes m’ont servi à rien…

Quel était ton rôle sur le tournage ?

BD: Je suis venu le premier jour comme ça pour voir mais très vite, je devenais insupportable ! Je me mettais derrière lui et j’arrêtais pas : « peut-être essaye cet angle, tu devrais déplacer cette lumière etc… » Le chef-op m’a gentiment demandé de rester chez moi jusqu’au dernier jour de tournage ! Mais franchement cette situation m’a plu ! Si je peux continuer avec Gustave de faire nos films à nous tout en faisant découvrir de jeunes réalisateurs, ça me va très bien !

Où en est votre projet avec Houellebecq ?

BD: Near Death Experience sort le 10 septembre !

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