Magazine Cinéma

Schramm

Publié le 25 juillet 2014 par Olivier Walmacq

schramm

genre: horreur, gore, trash (interdit aux - 18 ans)
année: 1993
durée: 1h10

l'histoire: De prime abord, Lothar Schramm a tout du quarantenaire lambda, affublé d'une calvitie croissante, vaguement bedonnant et plutôt réservé. C'est évidemment sans compter ses petits hobbies « spéciaux » et ses obsessions étranges. Et s'il s'entend pas trop mal avec la prostituée d'à coté, sa propension à découper les colporteurs de bonne parole en fait un voisin inhabituel.

la critique d'Alice In Oliver:

Pour mémoire, Jorg Buttgereit reste le réalisateur de Nekromantik et de sa suite (donc Nekromantik 2), deux long-métrages particulièrement trashs, gores et malsains. Avec ses deux films, Jorg Buttgereit s'est taillé une certaine réputation dans le cinéma horrifique, plus particulièrement dans son pays, donc l'Allemagne. Avec l'Espagne, l'Allemagne reste probablement le pays le plus prolifique en terme de productions gores et horrifiques.
L'Allemagne peut donc s'appuyer sur plusieurs cinéastes de prestige dont Jorg Buttgereit fait partie. 

Le réalisateur revient donc avec Schramm, réalisé en 1993. Jorg Buttgereit sait qu'il est attendu au tournant et signe à nouveau un film radical, trash et malsain, toutefois assez éloigné de Nekromantik. En apparence, le scénario est de facture classique et se concentre sur un nouveau serial killer adepte du scalpel. Attention, SPOILERS ! De prime abord, Lothar Schramm a tout du quarantenaire lambda, affublé d'une calvitie croissante, vaguement bedonnant et plutôt réservé.
C'est évidemment sans compter ses petits hobbies « spéciaux » et ses obsessions étranges.

Et s'il s'entend pas trop mal avec la prostituée d'à coté, sa propension à découper les colporteurs de bonne parole en fait un voisin inhabituel. Le scénario suit donc le quotidien d'un tueur en série. Jusque-là, rien de nouveau. Toutefois, Schramm se distingue par son traitement et sa mise en scène qui oscillent entre le thriller, le film trash, le drame social et urbain et un aspect expérimental.
C'est par exemple le cas lorsque Jorg Buttgereit se permet d'entrer dans le cerveau (particulièrement malade) de son serial killer. Mieux encore, le cinéaste possède de solides références.

Par exemple, la séquence de l'énucléation d'un oeil est évidemment une référence à Un Chien Andalou de Luis Bunuel. Dès l'introduction, le film a le mérite de présenter son sujet puisque l'on assiste au meurtre sadique de deux témoins de Jéhova.
Là encore, le film se distingue par un traitement radical. Le tueur de Schramm n'est pas un serial killer comme les autres. D'un côté, il massacre des victimes avec une rare sauvagerie. De l'autre, ses meurtres ressemblent à une sorte de pièce de théâtre. Le portrait de ce nouveau maniaque du scalpel et du bistouri est donc celui d'un artiste, mais avant tout celui d'un homme torturé par ses propres pulsions.

schramm_shot1l

Encore une fois, le sexe est très présent dans le crâne écervelé de notre sadique de service. Visiblement, ce dernier entretient une véritable fascination pour la mort et certains objets qui s'y rapportent et/ou qui ont une forte connotation morbide.
L'intérêt de Schramm réside donc dans la psychologie de son tueur en série, en proie à des pulsions et à des fantasmes étranges. Jorg Buttgereit brosse finalement le portrait d'un psychopathe pervers, victime de ses propres frustrations et qui ne fait plus la différence entre ses rêves (ou plutôt ses cauchemars) et la réalité. 

Visiblement, le cas de Lothar Schramm oscille entre la personnalité psychopathique et celle d'un psychotique en proie  des hallucinations terribles et souvent morbides. De ce fait, Jorg Buttgereit balade le spectateur dans la psyché (pour le moins étrange) de son personnage principal sans véritablement prendre partie ou délivrer un quelconque message.
Ce qui pourra peut-être agacer certains, d'autant plus que la fin n'est pas franchement réussie. Toutefois, dans son genre, Schramm se révèle suffisamment original pour susciter l'intérêt. C'est un film "parfait" pour plonger dans l'univers si particulier de Jorg Buttgereit, toujours aussi inspiré pour l'occasion. Les fans de Nekromantik apprécieront. Quant aux âmes sensibles, elles sont priées de quitter leur siège et d'aller faire un petit tour.

note: 14/20


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Olivier Walmacq 11545 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines