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Réforme de l’Etat et Big Bang territorial d’un côté, réseaux de télécommunications à TRES haut débit de l’autre...

Publié le 18 août 2014 par Anne Onyme

L’un ne va sans l’autre..  Pourquoi ?

La mise en oeuvre d’un réseau de télécommunication à très haut débit filaire sur tout le territoire serait un atout appréciable pour faciliter la transition entre notre lourde bureaucratie vers une administration agile.

Condition nécessaire, mais naturellement pas suffisante.

Certes on peut réformer avec des moyens «classiques», mais les économies de frais généraux réalisés ne seraient pas aussi importantes que celles que nous pourrions réaliser avec les outils dont nous disposons aujourd’hui.. De plus, les services publics seraient de meilleure qualité que ceux qui sont aujourd’hui proposés. Ils seraient certainement moins coûteux pour la collectivité.  Et surtout, il pourrait y en avoir de nouveaux, rendus en mode freemium, ou selon d’autres business models (donc pas forcément gratuits, mais à très petits prix).

La Réforme de l’Etat : on en parle depuis des lustres dans notre pays. Mais elle ne s’est jamais faite..

Combien de discours politiques ampoulés a-t-on entendu sur ces sujets ? Combien de promesses non tenues ont été faites ? Pourquoi cela ? Simple..

Tout un tas de gens n’y ont pas intérêt.. Pas besoin d’égrener des noms, vous les connaissez tous !

Ces «grands» politiques, qui l’ont promis avant leur élection, mais n’ont rien fait une fois en place.. Car ils ne voulaient pas se mettre à dos les élus locaux, les roitelets de terroir, les hauts (et bas) fonctionnaires de tout poil..  Ils ne pensent en effet qu’à une chose : se faire réélire... Et si la chienlit s’installe, ce n’est pas très bon pour se faire réélire.

Donc calme plat : grandeurs et décadence de notre démocratie 1.0 !

Les élus locaux - ils sont un peu plus de 600.000 en France (1 élu pour 100 habitants !) - n’y ont pas intérêt non plus.. Car dans le Big Bang territorial visant à comprimer notre magnifique mille-feuille administratif, ils peuvent y perdre leurs fauteuils, leurs rentes de situation, leurs voitures de fonction, etc..

Enfin les fonctionnaires et assimilés - ils sont 6 millions en France (un peu moins de 100 agents pour 1.000 habitants) -  n’y adhérent pas. Car eux aussi risqueraient leur place, malgré l’emploi à vie dont ils bénéficient. De plus, un fonctionnaire n’aime pas beaucoup le changement.

Tout ce beau monde préfère de beaucoup le statu quo.

Le plan du gouvernement ne va donc pas être facile à mettre en oeuvre. Et comme peut-être avec beaucoup d’entre vous, je pense que si cela n’est pas fait rapidement, la France n’a pas beaucoup d’avenir dans l’économie numérique mondiale qui se développe sous nos yeux actuellement...

Par rapport à ce marigot 1.0, un phénomène important s’est répandu sur le Monde : l’Internet et les outils du 2.0..  La France commence elle aussi à être submergée.

A la différence du nuage de Tchernobyl qui s’est arrêté à nos frontières (sic), l’Internet lui, a vérolé le peuple français. Qui l’a préféré au Minitel mis en place par notre Etat jacobin au début des années 1980. Un comble : le peuple s'est permis de poubelliser la stratégie de nos élites ! ..

Les Français - dont 80% disposent d’un accès Internet - se sont donc acclimatés à de nouveaux usages. Certes, une partie de la population la plus âgée n’y est pas encore, mais avec la génération Y qui pousse ..

Le décor est planté.. Que pourrait-il se passer ?

Certes, on va réduire le nombre de Régions.. Certes on pourrait supprimer les départements et leurs conseillers généraux, certes on pourrait regrouper des communes et des communautés de communes en entités plus vastes. Mais va-t-on dans le même temps réduire à dû concurrence élus, fonctionnaires ? Et donc réduire nos coûts administratifs ? Et dans le même temps va-t-on basculer tous nos services collectifs en mode numérique ? Ceux qui nous gouvernent seraient-ils capables de piloter ce dernier volet ?

Je doute.. et ce n’est peut-être pas à souhaiter dans l’immédiat. Le risque de désorganisation et de chienlit seraient en effet important..

Alors ? Y a-t-il une solution ?

Il y aurait lieu d’accompagner ces grands travaux d’Hercule d’un volet numérique fort..

Mais à mon avis on n’y est pas..

La Compagnie France est composé de 5 grands départements : les entreprises, la santé, l’éducation, la Justice, l’Administration entendue au sens large (administrations centrales, locales, en principe pilotées par le pouvoir politique)...

Or cette Compagnie de 65 millions de collaborateurs, n’est pour l’instant, qu’effleurée par le numérique..

1/ la fonction des entreprises est de créer de la richesse. Or, nous avons 3,5 millions d’entreprises en France. 35% n’ont pas de simples sites Web !... Et sur les 65% restants, la moitié des sites seraient à relooker.

2/ la fonction du secteur de la santé est de réparer les Français malades, accidentés, etc... Peu de numérique dans ce secteur (j'en sais quelque chose).

3/ la fonction du secteur de l’éducation est de former nos jeunes (lire, écrire, compter, etc.. ) avant leur arrivée sur le marché du travail. Il y a des choses numériques certes, mais elles sont de bric et de broc.. De plus, ce département de la Compagnie produit quelques 10% d’illettrés par an..

4/ la fonction du département Justice est régler les problèmes qui peuvent survenir entre les habitants et de poursuivre et condamner les Français qui auraient mal agi au sens de la Loi. Et là aussi, on ne peut pas dire que le numérique y fleurit. On en est encore à des gérer des monceaux de papier, comme du temps de Napoléon.

5/ enfin le département Administration/Sphère Politique. Là aussi des choses, deçi-delà. De bric et de broc.

Etonnant florés ! Si j’avais à estimer le taux global de numérisation de la Compagnie, je dirais 5% au mieux.

Nos élites actuelles et passées n’ont guère d’appétence pour ce numérique. Et tout ce qu’elles ont lancé jusqu’à présent dans ce domaine à foirer : du plan calcul jusqu’au logiciel Louvois (même le Minitel que l’on dû fermer, les Français préférant de beaucoup l’Internet américain).

Ce qui rageant dans cette histoire c’est que les Français de base sont prêts.. Ils sont connectés sur le réseau des réseaux, ils utilisent les outils du 2.0 (réseaux sociaux où ils discutent entre eux), il achètent en ligne, etc. Ils ont donc une certaine appétence pour le numérique. Ce qui n’est pas encore le cas des entreprises semble-t-il, et de nos administrations.

Alors que faire ? Attendre qu’un grand timonier, genre «De Gaulle 2.0» mette tout ce petit monde au pas numérique avec un plan d’ensemble ?

Personnellement, même si on l’avait cette Jeanne d’@rc, je n’y crois pas trop ..  Alors quoi ?

La seule façon de nous en sortir sont nos startups, qui commencent à «véroler» en catimini notre système bureaucratique, nos professions protégées. Certes la chose est encore ténue, mais rien ne va arrêter le mouvement, que l’on voit d’ailleurs poindre et se répandre un peu partout dans le Monde. La stratégie gouvernementale, en complément des actions de réformes en mode traditionnelle, serait de favoriser ce numérique naissant. Il ne faut d’ailleurs pas s’y tromper. Notre CAC40, composé de grands groupes «pré-numériques», a pris le e-train en marche, qui en créant son hello startups (Orange), son incubateur (Crédit Agricole, La Poste, Bouygues, etc..), etc. Certes ils ont encore l'arrogance de "l'Empire", mais on sent poindre chez eux une certaine crainte de se faire dépasser par un jeune David. D'où leur stratégie...

Ce sont nos startups qui seront capables de faire monter le taux de numérisation à plus de 50%. Et de pousser les pré-numériques à s’y mettre...

Et quand on analyse la façon dont ces startups fabriquent leurs services numériques : elles utilisent toutes ou presque le cloud, le mode «service as a software». Elles n’utilisent plus les logiciels traditionnels. Elles n’ont plus de gros ordinateurs au sein de leur entreprise, elles n’ont plus d’informaticiens spécifiques. Il y certainement des raisons à cela : les coûts d’abord, l’agilité ensuite.

On n’en est pas là dans nos administrations et nos grands groupes. Qui en sont encore au cahier des charges, avec une réalisation confiée à nos grandes SSII 1.0. Avec un semblant de gouvernance des projets.. On a vu ce que ce cela a donné avec le DMP (Dossier Médical Personnalisé), le logiciel Louvois, etc.

Et si cela se met en place cahin-caha, si cette organisation en mode cloud se développe, il faudrait un réseau de télécommunications à TRES haut débit sur l’ensemble du territoire.. Pour faire transiter des masses de plus en plus importantes de données, qui jusqu’à présent circulent sur support papier. Le papier implique une organisation bureaucratique lourde.

Notre Gouvernement fait de magnifiques discours sur le numérique, sur notre plan fibre optique. Mais les choses n’avancent pas beaucoup sur le terrain. On se demande même s’il ne faudrait pas d’abord construire ce réseau et laisser faire nos startups, avant de lancer la Réforme herculéenne de notre Etat.

On se demande aussi s’il ne faudrait pas un Ministre d’Etat du Numérique qui aurait sous sa coupe un simple Secrétaire d’Etat à l’Industrie..

Jean Michel Billaut

PS Cela était le sens de l'association Broadband78 dont je suis le Président. 100.000 foyers ruraux connectés sur un réseau fibre à 100 mégabits/s - voir plus - aurait permis de disposer en France d'une zone de test rurale et compacte pour acclimater et mettre au point la France Numérique à plus de 50%. Car ce sont les ruraux qui ont le plus besoin du numérique ! Mais voilà, nos aimables Conseillers Généraux ont décidé d'élire un nouveau Président du Conseil Général qui lui, a stoppé le projet fibre rural (on notera que ce sont les mêmes Conseillers Généraux qui ont voté le plan fibre rural sous la Présidence du Précédent Président). A savoir, l'ineffable Pierre Bedier.. qui était déjà là dans le temps, et que l'on voit revenir aprés une condamnation de Justice à 6 ans d'inégibilité ! Il doit avoir des dossiers sur tout un tas de gens, vu que personne ne veut se le payer de front (j'ai des noms).

Grandeur et décadence de la démocratie française 1.0 !


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