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Luis Seabra : F.

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

F. de  Luis Seabra   3/5(02-07-2014)

F. (108 pages) paraîtra le 27 août 2014 aux Editions Rivages. 

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L’histoire (éditeur) :

Linz, avocat mal vu du régime, est enfermé arbitrairement dans la prison de Schendorff, mastodonte pénitentiaire d’un État totalitaire d’un nouveau genre, fondé sur la « séparation préventive » des asociaux, repérés puis enfermés dès leur plus jeune âge. Il ignore qu’il n’est qu’un rouage au sein d’un plan insensé mis en œuvre par F., un faux détenu travaillant en réalité pour le tout-puissant Ministère des Libertés et des privations publiques... Sous la double influence de Borges et de Kafka, ce premier roman extrêmement maîtrisé, au style d’une grande élégance littéraire, concis, serré, presque clinique, se présente comme une exploration vertigineuse centrée sur le thème du faux et du factice.

Mon avis :

Je suis un peu perdue pour vous parler de ce livre…a peine un peu plus de 100 pages et je n’arrive pas à savoir s’il m’a pli ou pas…En fait, je suis assez déstabilisée par ce titre.

Luis Seabra nous entraîne dans une autre société (futuriste ?) où pour limiter l’insécurité et faire disparaître le crime applique depuis 20 ans une politique  nationale de regroupement préventif PNRP. Comprenez par-là que n’importe qui peut être enfermé pour un oui ou pour un non, au cas où, histoire de protéger la communauté de ceux qui seraient prédisposer  à la marginalité et au crime. Enfermé à Schendorff, ou dans d’autres prisons ou centres pour enfants au potentiel associable. C’est le cas de Linz, un avocat exerçant dans la ville limitrophe de cette gigantesque prison au moment de son arrestation.

Lors d’un interrogatoire (visant à trouver des éléments susceptibles d’étayer les accusations portées  contre l’infirmière en chef) il prend soudainement conscience qu’il n’a aucune idée des raisons de son enfermement. Les choses se gâtent encore quand il voit, ou croire assister à, des scènes que tout le monde nie avoir vues. Tout cela est très perturbant pour Linz et pour nous aussi, car les conditions de détention sont assez particulières (séances de reconditionnement par la lecture contrainte).

Quand la seconde partie commence, des réponses arrivent. La narration est celle de Boehm, le directeur de la prison. Lancé dans l’écriture d’un journal pour raconter comment d’arroseur il est fini par devenir l’arrosé, enfermé dans  sa propre prison. Les manipulateurs deviennent en un rien de temps les manipulés et finissent en « séparation effective » (métaphore qui traduit joliment la détention). Enfin, l’Administration fait bien son boulot  dirons-nous, elle manie les mots et manipule son monde, et réussit à faire disparaître l’insécurité.

Au fur et à mesure que l’histoire se profile on comprend que rien ni personne n’est fiable et le texte devient encore un peu plus angoissant.  Dans la troisième partie, F revient sur le devant de la scène et devient le narrateur (permettant une vision d’ensemble de toute l’histoire) jusqu’à l’épilogue où les doutes sur la compréhension de celle-ci viennent perturber mon ressenti final.

Et oui, si je trouvais l’histoire bonne et bien amenée (le côté dystopie me rappelant un peu l’idée du film Minority Report). Si j’ai apprécié les nouveaux éléments qui permettent de repousser nos certitudes et l’écriture froide de l’auteur qui colle très bien au sujet. L’épilogue m’a finalement laissée un peu coi. Je ne sais pas si je suis passée à côté d’une métaphore  ou bien si je n’ai en fait rien capté aux 100 pages précédentes, mais la fin me donne le sentiment de ne pas avoir tout compris. Dommage…

S’agissant d’une lecture en avant-première (un mois et ½ avant sa parution), je n’ai  malheureusement pas eu la possibilité d’en discuter avec d’autres lecteurs, et d’éclairer ainsi mes lacunes. Du coup, au moment d’écrire mon billet, je me sens un  peu bête… Alors si par hasard, vous passez par là et  si vous avez lu ce F., venez me raconter votre ressenti (avec des mots simples, adaptés à mon cerveau de blonde !).

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