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Le beau monde, Des lendemains qui chantent : retour sur deux -assez- jolis films français peu médiatisés

Par Filou49 @blog_bazart
29 août 2014

Après avoir eu quelques inquiétudes en regardant fin juin la programmation ciné à venir pour les deux mois qui suivaient, je dois reconnaitre que cet été cinéma était  au final, plutôt tout à fait intéressant.

En effet, entre ses grands films attendus qui ont plus ou moins rempli leurs promesses ("Winter Sleep", "Boyhood", "l'homme qu'on aimait trop"), ces petites pépites venues de nulle part qui ont explosés (Maestro, "New York Melody", "les Combattants"), ces comédies franchouillardes pas terribles (Les vacances du petit Nicolas, Les francis) et puis, in fine,  tout cela avait plutot fière allure, comme le reconnait d'ailleurs Aurore, une des blogueuses dont je me sens le plus proche cinématographiquement parlant..

Et on n'oublie pas ces films français à la sortie plus confidentielle, à savoir des films ambitieux sur le papier, mais assez modeste dans la forme qui auraient, malgré leurs défauts, sans doute mériter un peu plus de considération et certainement une sortie autre que la mi août pour s'épanouir vraiment :

1.Le beau monde : un récit d'iniatique (un peu trop) doux?

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Dans mon billet de présentation du concours autour du film Le Beau monde,  je faisais une comparaison, qui me semblait évidente sur le papier entre   ce quatrième film de Julie Lopes Curval et  l'excellentissime Pas son genre dont j'ai vanté les mérites il y a maintenant quelques semaines de cela.

En effet, ces deux oeuvres ont pour objectif d'aborder l'éternel sujet d'une histoire d'amour impossible entre deux amants issus d'un milieu social différent. Et en voyant ce beau monde, on y pense forcément à ce parrallèle, mais on pense également à d'autres films français récents qui traitaient également de ce sujet, tels que le chef d'oeuvre de Kechiche La vie d'adèle ou le plus décevant Un Beau dimanche de Nicole Garcia.

 Bref, ce sujet interesse beaucoup les cinéastes français du moment, mais malheureusement, la vision de Julie Lopes Curval,  cinéaste  interessante que j'ai suivie dès son premier long métrage, Bord de Mer, parait un poil un peu trop sage et neutre par rapport à ses collègues, surtout évidemment Kechiche ou Belvaux qui apportaient un point de vue de cinéaste - évidemment radicalement différent l'un de l'autre qui fait un peu défaut ici.

Dans son dossier de presse, la cinéaste avait avouer avoir puisé son inspiration dans deux romans d'apprentissage, "Martin Eden" de Jack London, et "Chez les Heureux du monde" d’Edith Wharton , en cherchant à  "raconter comment, selon ses propos, " deux personnes se construisent ensemble en se prenant des choses l’une à l’autre." Si les intentions étaient bonnes, et que le film demeure un joli  récit d'apprentissage pudique et sensible, l'ensemble est un peu trop doux, trop feutré, il manque des scènes fortes qu'on attend et qui ne viendront pas et surtout la mise en scène est trop platement illustratrive.

Mais "le beau monde" arrive toutefois à émouvoir sur ces scènes finales, et surtout, vaut pour son beau casting, surtout Ana Girardot splendide et très juste pour son premier grand rôle au cinéma, d'une grande douceur qui cache de vrais tourments,mais on n'oublie pas Sergi Lopez en parfumeur ( ?) sensible et Aurélia Petit, épatante en mère bourgeoise.

 LE BEAU MONDE Bande Annonce

2. Des lendemains qui chantent: une fresque politique un poil trop ambitieuse?

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Autre film  sorti sans vraiment trop de promotion malgré un casting et un sujet vraiment intéressant sur le papier,  Des Lendemains Qui Chantent (à ne pas confondre avec une superbe photo de Benjamin Biolay)  est le premier long-métrage de Nicolas Castro, qui s'était auparavant notamment illustré à la réalisation de nombreux documentaires avec déjà un fort intéret pour la politique et les années 80-90.

Normal qu'il prenne pour son premier sujet de fiction un quator de jeunes stéphanois, balancé sur 20 ans de leur vie, entre l'avénement de Mitterand au pouvoir et le fameux 21 avril 2002,bref une génération que je connais énormément et qui est vraiment la mienne, à quelques années près.

On peut louer la forte ambition de départ pour ce film qui mélange petite et grande histoire, et pour un tel projet d'envergure, il aurait fallu faire montre d'audacieux partis pris  de réalisation, au risque de faire vite penser à une saga télévisée, le petit écran rafolant souvent de ce genre d'histoire.

Malheureusement, "Des lendemains qui chantent" penchent  assez nettement de ce coté là, car on a vite l'impression que le cinéaste ne sait  visibilement pas toujours de quelles façons aborder tous les sujets abordés, des désillusions de la gauche troxiste au début de Touche pas à mon pote, en passant par les idéaux perdus de la presse écrite, du début du minitel rose ou les écoutes de Mitterand.

Tous ces sujets sont à chaque fois trop esquissés, et on a quand meme bien du mal à croire que nos quatre protagonistes aient pu tous avoir autant d'influence dans les sphères politiques et économiques de ces années là.

Pio Marmaï, journaliste intègre de la presse de gauche, devient bien trop vite, en seulement deux trois scènes, un erzatz Thierry Ardisson interrogeant les hommes poliqiues  sur les sexualités,  pareil pour le communiquant à la Seguela qu'incarne Gaspard Proust : autant sur une série de 8 épisodes, on aurait pu comprendre le cheminement de ces personnages, autant sur 1h30, cette évolution passe mal,  tout parait trop superficiel et forcé, et la réalisation manque vraiment d'envergure pour que l'on ne pense pas à un simple téléfilm.

Cela est d'autant plus dommage que le projet initial était vraiment louable, et puis il faut reconnaitre que certaines scènes sont bien menées (celle de la finale coupe du monde de 1998 avec un Ramzy Bédia qu'on aime lorsqu'il dévoile ses failles), que la romance  de Pio Marmai et de  Laetitia Casta est plutot jolie, et surtout que l'utilisation des images d’archives  d’interviews de personnalités marquantes de l’époque de Tapie à Jack Lang est plutot audacieuse, de cette  audace qui manque trop au reste de ce film, sympathique mais trop peu abouti pour rester durablement dans les mémoires.

 BA "DES LENDEMAINS QUI CHANTENT" (sortie le 20 août)


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