Magazine Côté Femmes

Bas nylon & Féminité

Par Gentlemanw

J'aime les discussions qui naissent de rencontres imprévues, qui glissent sur les passions, et surtout se nourrissent de belles soirées douces d'été où les bulles de champagne sont les seules étoiles pour guider les propos.

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Hasard d'une invitation à une soirée, hasard double d'être assis à cette table avec dans la main une belle bouteille de champagne, curiosité d'oenophile, des flûtes près de moi. 

"Et si vous nous serviez quelques bulles d'or ?"

A une si belle question, je n'ai pu qu'accompagner mon regard d'un sourire, et d'un geste souple servir un groupe de jeunes femmes apparemment assoiffées, papotant de mode, de choses légères et d'autres indiscrétions sur les couples environnants. Je laissais alors mes yeux se poser sur leurs robes d'été, soirée chic oblige, en distribuant le champagne. Des petits robes noires, mais aussi de la couleur, des imprimés, plus ou moins réussis pour charmer, une wrap dress sur des hanches rondes si jolies, des brindilles en jupe haute pour prolonger leurs jambes, et la dernière, celle qui m'avait interpellé, avec une délicieuse robe néo-rétro. Une poitrine mise en valeur par le jeu des bretelles fines sur des épaules bronzées, et un cintrage en-dessous pour laisser pigeonner le duo féminin. Une taille fine marquée par la coupe, la prolongation cintrée de cette robe jusqu'aux hanches qui se cachaient sous la corolle typique des années 50, avec un peu de tulle froufroutant en dessous. Un sourire, un compliment et finalement, un coin de jardin pour discuter. La bonne cuvée emportée avec nous dans un seau à glace, la soirée pouvait s'éterniser. Ne chercher pas de suite affriolante, de culbutes pétillantes derrière les haies d'un valmont moderne, de fin plus sensuelle que mes premiers propos, ce ne fûrent que des mots, un long dialogue coupé parfois d'allées et venues de ses amies, de couples amoureux cherchant la frivolité en plus des embrassades, d'un dragueur un peu trop alcoolisé aussi, devenu improbable dans ses réflexions.

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Sous la lune complice, nous avons parlé de mode, croiser nos métiers et plus encore nos passions, ces moments où la liberté de rêver devient un art de vivre.

Bien évidemment, j'ai fini par parler de lingerie, de voile léger, de bas, de bas nylon tout en cheminant sur les chemins de la volupté, de la sensualité, et enfin de la féminité. D'autres bulles, d'autres mots, elle m'a coupé alors pour soulever un peu le tulle de son ensemble rétro, et laisser apercevoir un revers fin sur ce bas couture de teinte claire, une jarretelle. La signature était là dans le geste, dans le partage d'un détail caché, révélant aussi au passage les coutures que je n'avais pas vues avant. 

Notre discussion amplifia par la suite ma curiosité, mais aussi sa féminité, en argumentant des satellites associés, comme le vintage, la mode d'aujourd'hui, les repères d'hier. Elle avait fait un choix, en harmonie avec sa personnalité, avec son esprit vif et peut être extraverti, d'opter pour des vêtements rétro, ou revus avec les matières et des coupes d'aujourd'hui néo-rétro. Nous parlâmes des expositions, des livres et des blogs sur le sujet, rigolant de nos pépites communes et de nos trésors encore inconnus, bientôt partagés dans un prochain email. A défaut de voyager dans le temps, ou dans les étoiles de ce ciel scintillant, nous avons parlé de jupons, de talons et d'escarpins, de coiffure et de rimmel, des étincelles qui font la féminité, sa signature. 

Pour elle, l'apparente coquetterie d'aujourd'hui se liait naturellement au féminisme nouveau, avec tant de mouvances, de moyens de manifester et de prolonger les actions vers un seul objetif de réelle égalité, mais son choix était aussi d'être féminine, avec les atouts fifties. Une époque de référence, du style Christian Dior, le fameux New Look qui avait marqué le cinéma, les belles de cette décennie, avec des photos en noir et blanc devenues myhtiques. Audrey, Ava ou Lauren, et tant d'autres, toutes étaient encore là avec ce type de robe, avec leurs tailles marquées, leur volupté souriante. 

"Mon féminisme passe par une ultra-féminité, une vision sophistiquée de ma réalité, de mon existence bien réelle, en femme glamour d'aujourd'hui." 

Cette phrase, longue, je l'ai noté dans un coin, en lui resservant quelques bulles, de ce millésime soyeux, pour entrer dans ce mystère, plus passionnant que son intimité, le pourquoi de ses choix de mode, de sa passion pour le glamour d'hier vécu maintenant.

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D'autres mots, d'autres affirmations, mes souvenirs ne sont pas complets, mais nous avons discuté longuement, très tardivement, les invités étaient de moins en moins nombreux, la bouteille vide, nos flûtes écroulées dans l'épaisseur du gazon. Il ne restait plus que nos transats, le ciel et les étoiles. Nous avons continuer naturellement sur les bas nylon, sur leur réalité si rare aujourd'hui, sur la douceur et sur leur extrême finesse. Un choix volontaire pour ponctuer la jambe d'un équilibre de symétrie supplémentaire, car dit-elle en riant "les coutures, je ne les voient jamais, elles sont derrière moi, mais elles me sont indispensables, elles font corps avec moi." 

J'ai souri, convaincu par cette vérité, à l'instant plus encore. Nous avons parlé de bas vintage, de merveilles dégotées lors de brocantes ou de vide-greniers, avec des tailles fantaisistes, trop courtes, trop longues, avec ou sans couture. Son art de vivre croisait ma passion, nous étions comme deux gamins, vantant leurs collections, juste avec cette malice de voir pétiller les yeux de l'autre. Nous avons parlé des marques contemporaines, françaises et anglaises, qui perpétuent cette fabrication, en passant par des matières nobles comme le véritable nylon cristal et la soie. La lingerie, le nombre de jarretelles ont occupé nos discours de passionnés, en passant par les corsets, les allers-retours vers les robes anciennes, les nouvelles couturières passionnées. L'univers vintage non pas comme un monde clos mais une dimension complémentaire à la modernité. Que de mots, de bonnes adresses évoquées, de rires et au final cette conviction commune que cette féminité, que ce détail cachée sous sa robe étaient des douceurs quotidiennes, une part de son bonheur d'être femme.

Bon dimanche, sous étoiles.

Nylonement


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